2 juin 2005 (réédition)
Editions Le Félin (coll. poche)
Pendant six siècles la maison d'Osman imposa sa loi à des dizaines de peuples et de nations. À son apogée, au XVIe siècle, l'Empire ottoman s'étendait sur trois continents. Puis il amorça son déclin. Les sultans ne pouvaient moderniser l'empire en préservant les règles théologiques sur lesquelles il reposait. L'Empire ottoman subit les pressions divergentes des puissances européennes. La Russie convoitait ses territoires. L'Angleterre tenait à la préserver pour assurer sa route des Indes. Au XIXe siècle, miné par l'éveil des nationalismes, l'empire commença à se démembrer et perdit ses possessions européennes et africaines. En rêvant de reconstituer un ensemble turc asiatique, les Jeunes-Turcs précipitèrent son effondrement qui se produisit après la Première Guerre mondiale. La révolution kémaliste préserva l'empire d'une désintégration. Sur ses ruines, Mustafa Kemal édifia une République turque laïque et moderne.
L'Empire ottoman fut un vaste ensemble multiethnique et multiconfessionnel. La Turquie n'est pas la seule héritière de cet empire. Aujourd'hui, plus de vingt États ont, dans leur histoire, un passé ottoman. En restituant à chacun la part de ce passé qui lui revient, ce livre contribue à apaiser des forces irrédentistes et des passions nationalistes toujours vives. Il fournit une grille de lecture nouvelle à l'histoire des Balkans et du Proche-Orient.
A propos de l'auteur :
Yves Ternon est historien. Il a consacré l'essentiel de ses travaux à l'histoire des génocides du XXe siècle. Il est l'auteur de nombreux livres, en particulier Les Arméniens. Histoire d'un génocide (Seuil, 1996), L'État criminel, les génocides au XXe siècle (Seuil, 1995), et L'Innocence des victimes au siècle des génocides (Desclée De Brouwer, 2001).
2 mai 2005
Editions La Mascara
Que désigne-t-on par " génocide des Arméniens " ? Par cette expression, on désigne l'extermination des deux tiers de la population arménienne de l'Empire ottoman pendant la Première Guerre mondiale, en 1915-1916, sur ordre du gouvernement " jeune-turc " de l'époque - soit de 1,2 à 1,5 million de victimes, à la fois militaires (soldats mobilisés dans l'armée ottomane) et civiles (femmes, enfants et vieillards restés dans les villes et les villages).
A propos de l'auteur :
Anne Dastakian est journaliste, Correspondante de presse à Moscou (NSC, Libération) et à Prague (AFP Libération), elle est depuis 1997 rédactrice au service Monde de Marianne. Chercheur au CNRS.
Claire Mouradian est spécialiste de l'histoire identitaire des peuples du Caucase. Elle a écrit ou coordonné de nombreux ouvrages personnels ou collectifs de référence sur la question arménienne. et a signé des participations remarquées, notamment dans la Revue d'histoire de la Shoah aux côtés de Yves Temon et Georges Bensoussan.
21 avril 2005 (réédition)
Editions Le Félin (coll. Poche)
La Politique du Sultan de Victor Bérard (1864-1931) montre de quelle façon les abominations d’un jour enseignent les abominations de jours qui s’avéreront bien plus funestes. Pour parler cru, les massacres organisés par le sultan Abdul-Hamid II à la fin du XIXe siècle (avec reprises, au son du clairon, au tout début du XXe siècle !) ont chauffé le génocide de 1915-1916 perpétré par les Jeunes-Turcs sur des sujets ottomans : les Arméniens.
L’écriture de La Politique du Sultan est dépouillée ; les analyses qui y sont consignées ne manquent jamais d’être aiguës. Bérard fait partie de ceux qui, comme Anatole France (« l’Arménie est unie à nous par des liens de famille, elle prolonge en Orient le génie latin »), comme Péguy, comme Jaurès, comme Durkheim, ont pour mission, dans les moments critiques de l’Histoire, d’éclairer leurs semblables. Bérard est aussi un collecteur de témoignages. C’est dire qu’il effectue, en même temps, un reportage sur les pratiques exterminatrices d’un Ubu turc. Abdul-Hamid II ?
Une figure emblématique, quoique scélérate.
Une figure inoubliable.
Martin Melkonian
15 avril 2005
Editions Actes Sud
Quatre-vingt-dix ans après le génocide, des rescapés, leurs enfants et petits-enfants aujourd'hui bédouins témoignent auprès d'un photographe et cherchent à savoir d'où ils viennent. Ce livre est le premier ouvrage photographique consacré aux Arméniens du désert syrien ainsi qu'aux lieux du génocide. Quatre-vingt-dix ans après, des rescapés, leurs enfants et petits-enfants aujourd'hui bédouins dans le désert syrien témoignent et cherchent à savoir d'où ils viennent. Aujourd'hui encore des ossements, à même le sol, au milieu des cultures, témoignent de la réalité de ce génocide. Photographe, Bardig Kouyoumdjian est retourné dans le désert syrien, là où ont échoué des centaines de milliers d'Arméniens ottomans qui avaient eu la chance de ne pas mourir de faim ou de maladie au cours de leur déportation, ou qui n'avaient pas encore été massacrés. Ce désert fut le bout de la route, le seuil du monde des morts, comme celui des survivants. Bardig a retrouvé les lieux de déportation comme Alep, Meskéné, Rakka ou Deir-es-Zor. Il a retrouvé aussi les lieux des massacres comme Chaddadé, Markadé, Ras-el-Aïn ou Souar. Ces terres portent, quatre-vingt-dix ans plus tard, les restes des morts et la descendance des survivants. Dans ce désert, Bardig a rencontré les enfants et petits-enfants des orphelins rescapés du génocide, recueillis par les bédouins, de gré mais aussi de force.
Perdus dans l'immensité de l'Histoire, ils sont porteurs d'une mémoire enfouie dans leur inconscient: les souffrances de leur famille, la marque de la barbarie défi lant sous leurs yeux, la poussière de cet enfer de feu et de sable s'échappant des touffes d'herbes et des amas de roche, la cuisante douleur du soleil sur les corps, l'humiliation et le viol des êtres chers. C'est le contenu de ce bagage que Bardig Kouyoumdjian a essayé d'enfermer dans son boîtier. Talaat n'avait pas prévu que tout ceci se transmettrait de génération en génération, se transporterait dans les chairs des vivants de demain et que, comme Bardig Kouyoumdjian, ceux-là n'auraient d'autre choix, dans le monde qui serait le leur, dans une langue étrangère, sur un sol inconnu, que de réclamer la vérité à ses successeurs pour se construire en tant qu'individu. Aujourd'hui est faite au pouvoir turc une demande qui ne s'éteindra que lorsque la vérité sera contenue dans la bouche de tous, victimes comme bourreaux.
A propos de l'auteur :
Bardig Kouyoumdjian est photographe, basé à Paris. Il est diplômé de The New York Institute of Photography.
Depuis 1985, il travaille pour des sociétés, des magazines et la télévision française. Petit-fi ls d'un rescapé du génocide arménien de 1915, il fait partie de cette génération qui aujourd'hui veut savoir, comprendre et surtout retrouver des traces.
Christine Siméone est journaliste à France Inter.
14 avril 2005
Editions Table Ronde
En 1915, le gouvernement Jeune-Turc décidait d'exterminer les Arméniens. Ce fut le premier des génocides du XXe siècle. Quatre-vingt-dix ans après l'horreur, des voix sortent des décombres. Ce sont les rescapés qui parlent. Ils racontent les déportations, les camps, les massacres. Ils disent l'indicible. Arrachés à l'anéantissement, leurs récits de survivants sont des paroles de vie. Il faut les lire. Pour que soit reconnu le crime et que soit connue la vérité. Pour que disparaisse le mensonge et que ne réapparaisse pas le mal. Pour que les morts sans sépulture connaissent enfin la paix. Car il est temps que les vivants puissent envisager le deuil et le pardon. Monument de mémoire et document pour l'histoire, ce recueil, à la manière des chœurs de la tragédie antique, inscrit dans l'éternité l'abîme éprouvé par tout un peuple. Et avec, par l'entière humanité.
A propos de l'auteur :
Professeur agrégé de lettres modernes, enseignante à l'Université, spécialiste des représentations des génocides dans la littérature, Annick Asso collabore, entre autres, au magazine France-Arménie. Cet ouvrage est le fruit de ses recherches dans les bibliothèques et les fonds d'archives en Europe et dans le monde.