février 2006
Editions Ligne Et Manifeste
Ce livre porte sur la vérité en histoire et le statut moderne du témoignage. La crise de la représentation provoquée par les événements génocidaires du XXe siècle n'a pas épargné l'histoire en tant que discipline scientifique. Il est en effet possible, sans déroger aux règles de celle-ci, de nier méthodiquement l'existence des chambres à gaz ou la réalité de la destruction délibérée des Arméniens de l'Empire ottoman au début du siècle passé. Dès lors, la possibilité et les modalités de la restitution des faits, qui ont toujours été au coeur de la réflexion historiographique, ne sont pas les seules à être aujourd'hui sujettes à caution. Marc Nichanian en fait la démonstration, en s'appuyant sur les réflexions menées et suscitées par Lyotard, Agamben, Antelme, Derrida, Hayden White et par les penseurs arméniens de la Catastrophe au XXe siècle. C'est l'existence du fait historique en tant que tel qui est désormais remise en cause, depuis que les différentes machines génocidaires, puissamment relayées par ce que l'auteur appelle ici la «perversion historiographique», ont fait de la destruction de la réalité leur ambition propre. Ceci conduit naturellement au débat sur la signification du droit face à l'histoire et à une interrogation insistante sur ce qui permet à l'historien (et non par exemple au juge ou au législateur) de se poser comme le «gardien des faits».A propos de l'auteur :
Marc Nichanian est professeur associé de langue et littérature arméniennes à Columbia University, New York.9 novembre 2005 (réédition)
Editions Parenthèses
« Je me sentais Américain... et pourtant il était clair que ce n'était pas tout. Il devait y avoir quelque chose en moins ou en plus. » C'est à la recherche de ce « quelque chose » que Arlen va s'atteler dans un voyage initiatique, une traversée d'un passé douloureux. Pourquoi son père a-t-il changé de nom? Pourquoi lui a-t-il toujours refusé toute réponse sur ses origines, usant d'un détachement forcé vis-à-vis de son ascendance? C'est cette exploration de tous les méandres de la relation fils-père qui devra permettre de dépasser l'impossible identité arménienne du père pour renouer ainsi avec la chaîne des générations et comprendre enfin ce que veut dire « être arménien ». Cette quête familiale et historique va l'amener à faire « le voyage », comme William Saroyan, cette autre figure des exilés de la littérature américaine, qui lui sert de père spirituel. Ce voyage dans l'Arménie soviétique des années soixante-dix, où il pourra, derrière la frontière, contempler l'Ararat, le sommet mythique, le conduira finalement à se reconnaître arménien. Avec ce texte personnel et documenté, Arlen a signé le livre culte pour des générations successives marquées tout à la fois par la question de la filiation, la question de l'origine et à la recherche de leurs « racines ».
9 novembre 2005
Editions Gallimard
Derrière les triples murailles du palais de Yildiz, à Constantinople, porte de l'Europe, le Sultan trame de noirs complots. Le sang coule sur la Corne d'Or. Le sang coule en Anatolie. Des comités secrets, les exilés politiques de Paris, les militaires de Salonique organisent la révolution. Mais l'aventure tournera mal : guerre dans les Balkans, au Caucase, terreur sur l'Empire ottoman. 1915. L'ordre d'anéantissement des Arméniens est donné. Ce qui avait des allures de conte, l'histoire du Sultan et des trois Pachas, se terminera en tragédie.
A propos de l'auteur :
Philippe Videlier est historien et chercheur au CNRS. Il a publié en 2001 aux Éditions Gallimard Le jardin de Bakounine et autres nouvelles de l'Histoire.
novembre 2005
Editions L'Harmattan
24 avril 1915 : mise en oeuvre du génocide arménien. Ce livre relate le quotidien des enfants rescapés des massacres, comme Azade, la petite orpheline jetée en pâture à la bestialité humaine, recueillie au milieu des morts, indemne, mais mutique et amnésique. Grâce à une fratrie d'adoption, Azade réapprend à sourire et retrouve la joie de vivre... 1962, l'Algérie, sa nouvelle patrie. Au coeur d'un conflit meutrier et après avoir connu la Lumière, Azade repart vers les Ténèbres qui l'engloutiront à jamais.
9 juin 2005
Editions Dunod
"Si, dans mes souvenirs écrans, me reviennent toujours, puisqu'ils m'ont façonnée, " les travaux et les jours " des miens, ce n'est pas par la menace, l'angoisse de leurs récits de misère, leurs récriminations oppressantes, leurs évocations des lieux exterminés où s'enracinait leur existence, que leur souffrance irrémédiable est venue à moi. Elle s'empare paradoxalement de toute ma personne en présence de leurs travaux voués à combler l'insécurité première, au souvenir de leur peine opiniâtre, de la pauvreté ingénieuse, la ténacité créatrice, l'inébranlable affirmation avec laquelle ils aménagèrent leur vie d'exilés, les bases de la mienne. L'émotion la moins soutenable qui m'a acculée à écrire leur dénuement c'est celle qui m'étreint devant les traces laissées par leurs mains et leur foi artisane, les dentelles aristocratiques crochetées par grand-mère, les broderies d'espérance en bouquets de ma mère, l'attention industrieuse que mon père apportait aux étoffes de l'atelier, aux matériaux protecteur du logis, à l'apprentissage de son violon. Dans la rigueur et le respect, ils célébraient tous ces rituels qui maintiennent et sacralisent les rythmes de la vie. je ne retrouve pas dans leurs gestes au travail l'immaturité des orphelins mais leur discernement majeur. " Ce livre explique comment survivre est le fruit d'un travail obstiné qui requiert du survivant un savoir-faire avec des restes, qualité requise finalement aussi chez l'analyste oeuvrant à la survie psychique du patient. Survivre impose par ailleurs une recherche désespérée du recours au tiers à rencontrer ou à créer.
A propos de l'auteur :
Traductrice et essayiste, Janine Altounian collabore aux traductions des oeuvres complètes de Sigmund Freud aux Presses universitaires de France. Elle a publié notamment Ouvrez-moi seulement les chemins d'Arménie, un génocide aux déserts de l'inconscient (Belles Lettres, 1990) et La Survivance, traduire le trauma collectif (Dunod, 2000), deux ouvrages qui, avec celui-ci, constituent une trilogie.