Le « livre bleu »
« Le massacre des sujets arméniens de l'Empire ottoman en 1896... était un acte d'amateur sans grande efficacité à côté de la tentative largement réussi d'extermination pendant la Première Guerre mondiale, en 1915... Ce génocide fut exécuté sous le couvert de la légalité par un gouvernement qui agissait de sang-froid. Ce n'était nullement un tissu de massacres commis spontanément par des particuliers »
A. Toynbee, Experiences, Oxford, 1969, pp.241
En avril 2005, les parlementaires turcs envoyèrent à leurs homologues britanniques une lettre contestant la véracité du
Livre bleu en leur demandant de reconnaître publiquement que celui-ci n'était qu'un instrument de propagande. L’ambassadeur du Royaume-Uni en Turquie y répondit par une fin de non-recevoir (
+ d'info.). Nous publions ci-dessous la réponse d'Ara Sarafian à cette nouvelle tentative négationniste de la part de la Turquie, réponse qui pourra également servir d' introduction :
Une réponse à la lettre du Parlement turc contestant la véracité du Livre bleu du parlement britannique de 1916 : Le traitement des Arméniens dans l’Empire Ottoman 1915-19161
Tout compte-rendu du Livre Bleu parlementaire britannique de 1916, Le Traitement des Arméniens dans l’Empire Ottoman 1915-1916 devrait commencer par les Toynbee Papers (« documents Toynbee ») aux British National Archives (ex- Public Record Office) à Kew. Car Arnold Toynbee a été le rédacteur et l’éditeur de ce rapport parlementaire, et les « documents Toynbee » aux archives nationales comportent la copie intégrale du Livre Bleu, toute l’information au sujet des récits de témoins oculaires qu’il a recueillis sur le Génocide arménien lorsqu’il rédigeait le Blue Book, de même que les lettres ultérieures échangées avec ses correspondants qui lui envoyaient ces documents2. D'après les Toynbee papers, nous pouvons faire les déclarations suivantes :
- Le Livre Bleu était dans l’ensemble basé sur les récits des témoins oculaires de la Turquie Ottomane, décrivant la destruction massive des Arméniens en 1915.
- Le cœur de ces récits a été écrit et communiqué par des diplomates, consuls et ressortissants des Etats-unis de toute la Turquie Ottomane, jusqu’à l’entrée des Etats Unis dans la Première Guerre Mondiale en avril 1917.3
- Malgré la neutralité des Etats Unis, en octobre 1915, le Département d’Etat des Etats Unis à Washington DC a divulgué des rapports sur le Génocide arménien dans le domaine public, par l’intermédiaire d'organisations telles que le « Comité sur les Atrocités arméniennes » (Commitee on armenian atrocities), et le « Comité américain de Secours aux Arméniens et aux Syriens » (American Committee for Armenian and Syrian Relief) basés à New York.4
- Arnold Toynbee a correspondu avec ces organisations afin de collecter et de s’assurer de l’exactitude de chaque récit de témoin oculaire5, il a discuté de certains des rapports les plus problématiques avec James Bryce, son superviseur pour ce projet.
- L'information recueillie par Toynbee n’était pas biaisée, et aujourd’hui, un examen des matériaux correspondants confirme ce point.
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Tout examen des Toynbee papers renvoie au Département d’Etat des Etats-Unis et à ses dossiers aux Archives nationales américaines de Washington, D.C. C’est parce que les informateurs de Toynbee avaient directement accès au Département d’Etat et à ses documents consulaires provenant de l’intérieur de la Turquie Ottomane.
Aujourd’hui, les originaux des récits de témoins oculaires du Génocide arménien divulgués par le Département d’Etat peuvent toujours être consultés aux Archives nationales américaines de Washington, D.C. Un examen de ces documents montre que les récits des témoins oculaires qui se retrouvent dans le Livre Bleu britannique ont été communiqués et reproduits avec fidélité aux rapports originaux6. Les Archives nationales américaines montrent également que les documents divulgués par le Département d’Etat dans le domaine public en 1915-16, étaient parfaitement représentatifs d'un vaste ensemble de documents sur le génocide des Arméniens, et l’ajout de rapports supplémentaires du Département d’Etat sur le traitement des Arméniens ottomans ne ferait que renforcer aujourd’hui la thèse du Génocide arménien.
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Malgré les rapports clairement archivés et publiés, attestant l’intégrité du Livre Bleu parlementaire britannique, Le Traitement des Arméniens dans l’Empire Ottoman 1915-16, ainsi que la véracité de la thèse même du Génocide arménien, les gouvernements turcs successifs et leurs mandataires ont nié le génocide arménien, soit en déniant l’existence de preuve matérielle relative à la destruction systématique des Arméniens en 1915, soit en essayant de jeter dans l'ombre le contenu de ces rapports d’archives lorsqu’ils étaient forcés de les reconnaître. Leurs modus operandi font écho au travail des négateurs de la Shoah qui démentent les rapports pertinents et les travaux universitaires relatifs à la Shoah, et qui défendent leur cause par de la désinformation et des conjectures non fondées.7
D’une manière plus révélatrice, la lettre du Parlement turc dénie l’existence :
- Des Toynbee papers, bien que ce recueil soit dans le domaine public depuis des décennies, et qu’il contienne la clé confidentielle des noms cachés dans la édition originale.8
- de plusieurs éditions fac-similé du Livre Bleu avec les clés confidentielles en appendice9
- D ’une « Uncensored edition » du Livre Bleu, édition critique non tronquée, incorporant la clé confidentielle dans son texte principal et donnant des références archivistiques précises des rapports originaux des archives des Etats Unis.10
- Des rapports consulaires et diplomatiques des Etats Unis relatifs à la Turquie de 1910 à 1929, y compris les dossiers clés sur les Arméniens en 1915-16.11 Ces dossiers ont été disponibles sous leur forme originale ainsi que sur microfilm depuis des décennies.12 Ils ont été aussi fréquemment cités dans des travaux universitaires relatifs au Génocide arménien.13
- D’une publication documentaire complète reproduisant le corpus de documents des Etats-Unis relatifs au Génocide arménien en provenance des Archives nationales des Etats Unis à Washington D.C. et comprenant des récits de témoins oculaires parus dans le Livre Bleu parlementaire britannique de 1916.14
La lettre du Parlement turc essaie de tromper les députés britanniques quand elle déclare que :
- Certains chercheurs viennent seulement de « découvrir » la clé confidentielle du Livre Bleu de 1916, et que cette clé prouve que les témoins oculaires n’étaient pas fiables.15 En réalité, la clé confidentielle a été entièrement disponible depuis des décennies et montre que les principaux récits des témoins oculaires qui étayaient le Livre Bleu, étaient écrits par des consuls américains, ainsi que par particuliers originaires des Etats-Unis, de Suisse, de Norvège, d’Allemagne et du Danemark. Nombre d’entre eux étaient des consuls des Etats Unis qui adressaient leurs rapports à leur gouvernement à Washington, D.C. La tentative de rejeter ces sources comme biaisées parce que « chrétiennes » est tout à fait fâcheuse.16
- Il est également faux, comme l’affirment les parlementaires turcs, que le rédacteur et éditeur du Livre Bleu Arnold Toynbee, ait avoué que le Livre Bleu faisait partie d’une campagne de propagande britannique lancée pendant la Première Guerre Mondiale. En fait, Toynbee a toujours soutenu que le Livre Bleu était un exercice intellectuel intègre, de même que son analyse concernant la thèse du Génocide arménien. Le fait que les autorités britanniques aient utilisé le Livre Bleu à des fins de propagande après que Toynbee eut achevé son rapport, ne permet absolument pas de douter de l’intégrité du rapport lui-même. La position de Toynbee sur le Livre Bleu et le Génocide arménien peut se voir clairement dans trois de ses derniers ouvrages abordant la question arménienne, The western Question inTurkey and Greece (1921) [La Question occidentale en Turquie et en Grèce], Acquaintances, (OUP 1967) [ses mémoires], et Reminiscences (OUP, 1969). Le Parlement turc ne fait que donner une fausse estimation de la position de Toynbee.
- La « campagne Les Turcs doivent partir » fut organisée en 1917, après la publication du Livre Bleu sur les Arméniens. John Buchan, l’auteur de la « campagne Les Turcs doivent partir » n’était pas non plus impliqué dans le Bureau de Propagande de Guerre jusqu’à la fin de 1916, après que le Livre Bleu fût imprimé. En outre, la « campagne Les Turcs doivent partir » ne cherchait pas à évincer les Turcs modernes de leurs patries européenne et anatolienne, comme le prétend la lettre turque, mais cherchait à changer l’image positive des Turcs en Grande Bretagne même en 1917. C’était un sujet de préoccupation, car les Turcs, bien qu’ennemis en tant de guerre, étaient généralement vus sous un jour favorable par la population britannique.
- Il est aussi faux, comme l’affirment les parlementaires turcs, que les Arméniens aient été simplement déportés des zones de guerre pendant la Première Guerre Mondiale. Les Arméniens ottomans ont été déportés de toute la Turquie Ottomane, y compris des villes et villages du Centre et de l’Ouest de l’Anatolie, de même que de la Turquie européenne. En outre, la plupart des déportés ont été tués par massacres immédiats ou par suite des privations endurées. Environ 2000 villes et villages distincts ont été vidés de leur population arménienne entre 1915 et 1917.
- Les procès contre certains fonctionnaires ottomans pour la persécution des Arméniens furent intentés par les autorités turques après la capitulation de la Turquie Ottomane à la fin de la Première Guerre Mondiale. Ces procès furent effectivement abandonnés à cause du désir de revanche de la Turquie et de la montée au pouvoir des nationalistes turcs sous Mustapha Kemal (Atatürk) après 1919. Après que les Britanniques eussent conduit à Malte un certain nombre de criminels inculpés, les autorités britanniques n’étaient pas en position de les passer en jugement. Quelques-unes de leurs difficultés comprenaient le besoin de preuve sûre contre les accusés en Turquie sans la coopération active des nouvelles autorités turques (les Kémalistes), l’absence d’un cadre légal pour traduire en justice ces individus pour crimes contre les Arméniens (après tout, ce n’était pas illégal à cette époque-là pour des gouvernements de massacrer leurs propres populations) ; de même que l’absence de volonté politique, de la part des Puissances alliées, d’entreprendre de tels procès. Vers 1921, les Alliés eux-mêmes rivalisaient entre eux pour avoir de l’influence sur les nouvelles forces turques à Istanbul et à Ankara.
- En ce qui concerne l’obtention de documents des Etats Unis pour les procès proposés des suspects criminels de guerre turcs, les Britanniques ne pouvaient pas obtenir ces rapports parce que les autorités des Etats Unis elles-mêmes les retenaient. Le Secrétaire d’Etat Lansing était personnellement contre ces procès ou toute autre législation rétroactive qui faciliterait ces procès. Néanmoins, les documents qui furent refusés aux Britanniques en 1920 sont librement accessibles aux chercheurs aujourd’hui, et leur existence ne peut tout simplement pas être niée. En fait, la plupart de ces matériaux ont été publiés.
- Il n’y a aucune comparaison entre le Livre Bleu parlementaire sur les atrocités allemandes et le Livre Bleu sur les Arméniens. Le premier a été produit par un comité et a été critiqué pour des erreurs qui ne s'appliquent pas au Livre Bleu sur les Arméniens.
- De même, il n'est pas exact que le Livre Bleu sur les atrocités allemandes ait été retiré par le Parlement britannique en 1925.
L'Etat turc s'est longtemps efforcé de consolider l'héritage du Génocide arménien en déniant que les événements aient jamais eu lieu et en se dérobant à toute action qui pourrait atténuer les conséquences de 1915. Alors, pendant plus de 90 ans, l'Etat turc est resté belligérant et a continué à effacer les traces des crimes commis contre les Arméniens, en détruisant des centaines d'antiques églises arméniennes et de vieux monastères, démolissant des œuvres d'art culturelles, récrivant l'histoire, changeant les toponymes, et bien d'autres actions. La négation de l'histoire arménienne dans la Turquie moderne fait aujourd'hui partie des mêmes calculs.
La lettre turque au Parlement britannique suggère que le gouvernement turc actuel reste sur la même trajectoire que ses prédécesseurs et s'est embarqué sur une politique continue de négation du Génocide arménien, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur de Turquie.
La lettre adressée aux parlementaires britanniques est manifestement erronée et devrait soulever de graves questions sur l'intégrité et le jugement des parlementaires turcs eux-mêmes. Les parlementaires britanniques devraient formellement rejeter la lettre turque et demander son retrait par leurs confrères turcs.
Ara Sarafian
Gomidas Institute (UK)
Septembre 2005
1) Ce document de position est une réponse à une lettre (pétition) présentée au Parlement britannique par la Grande Assemblée Nationale turque (Voir ici)
2) Archives Nationales britanniques, documents Toynbee, FO 96, dossiers N° 205-12
3) Le Livre Bleu s’est inspiré d’un certain nombre de « récits fondamentaux » qui ont fourni les bases de sa thèse. Ni les auteurs de ces rapports, ni l’intégrité de leurs intermédiaires n’ont été mis en doute. Ces « récits fondamentaux » sont devenus les points de référence d’autres affirmations qui auraient pu, le cas échéant, être mises en doute, telles que les « sources originales ». Voir James Bryce et Arnold Toynbee (éd. Ara Sarafian, introduction et annotations), le Traitement des Arméniens dans l’Empire Ottoman 1915-1916 Documents présentés au Vicomte Grey of Fallodon par le Vicomte Bryce [Edition non expurgée] : The Treatment of Armenians in the Ottoman Empire, 1915-16. (Documents Presented to Viscount Grey of Fallodon by Viscount Bryce), [Uncensored edition], Princeton, Gomitas Institute, 2000. ; Princeton and London : Gomidas Institute, (2ème éd.) 2005 ; p.22
4) Ara Sarafian et Eric Avebury, British Parliamentary Debates on the Armenian Genocide 1915-1918, Princeton and London: Gomidas Institute, 2003, Appendice II.
5) FO 96/205-07
6) Voir The Treatment of Armenians in the Ottoman Empire 1915-16 [Uncensored Edition], pp. XXX.
7) Voir Déborah Lipstadt, Denying the Holocaust, N.Y., Free Press, 1993
8) La clé confidentielle comportait les noms des informateurs dont les identités ne pouvaient pas être divulguées puisque les informateurs vivaient toujours dans l’Empire Ottoman en 1916. La partie principale du Livre Bleu donne l’explication de la rétention de ces noms et confirme l’existence de cette clé confidentielle dans son introduction. La clé confidentielle a été publiée et distribuée parmi les personnalités publiques en 1916, attestant ainsi l’authenticité des rapports eux-mêmes. La clé confidentielle est tout à fait disponible aujourd’hui.
9) Edition fac-similé de Treatment of Armenians in the Ottoman Empire 1915-16 et Key to Names of persons and places withheld from the publication in the original edition of the « Treatment of Armenians in the Ottoman Empire 1915-16 » ; Beyrouth - G. Doniguian and Sons, 1979 (2ème édition - 1968 (3ème édition)
10) James Bryce et Arnold Toynbee (Edition, introduction et annotations : Ara Sarafian) The Treatment of Armenians in the Ottoman Empire, 1915-16. Documents Presented to Viscount Grey of Fallodon by Viscount Bryce, [Uncensored edition], Princeton, Gomidas Institute, 2000. ; Princeton and London : Gomidas Institute, (2ème éd.) 2005. Relatifs à ce volume et reflétant l’intérêt du Parlement britannique pour la question arménienne, voir : Ara Sarafian(ed.) et Eric Avebury (introduction) British Parlementary Debates on the Armenian Genocide 1915-1918, Princeton and London : Gomidas Institute 2003.
11) Les dossiers suivants ont longtemps été cités relativement au Génocide arménien : « Race Problems » « Political » et « Natural calamities and Disasters » et « Political ».
12) « Race Problems » « Political » et « Natural calamities and Disasters » : dossiers classés dans les affaires intérieures de Turquie 1910-1925. Groupe de rapports 59. Archives Nationales, Washington DC.
13) Ara Sarafian (éd. not. et intro), United States official documents on the Armenian Genocide, Watertown, Mass. Armenian Review Books 1994-1995, Susan K. Blair, ed. The Slaughterhouse Province, New Rochelle, N.Y. ; Aristide D Caratzas, 1989 [Leslie Davis. La province de la mort : archives américaines concernant le génocide des Arméniens, 1915. Complexe, 1996] ; Armen Hairapetian, « Race Problems and the Armenian Genocide : The State Department Files » Armenian Review, 37, N° 1-145 (Printemps 1984) pp. 41-145 ; Armen K. Hovannisian « The United States Inquiry and the Armenian Question. 1917-1919. The Archival Papers » ibid pp 146-202
14) Ara Sarafian (com. éd. et intro) United States Official Records on the Armenian Genocide 1915-1917, Avec une préface par les membres du Congrès US : Pallone et Knollenberg ; Princeton and London, Gomidas Institute, 2004. Relatifs à ces matériaux américains également, des dizaines de journaux personnels de l’ambassadeur américain dans l’Empire Ottoman 1913-1916, Henry Morgenthau (Ara Sarafian com. Et intro) United States Diplomacy on the Bosphorus : the Diaries of Ambassador Morgenthau, 1913-1916, Princeton and London : Gomidas Institute 2004.
15) En effet, un mois après une Uncensored edition du Livre Bleu remise à la Chambre des Lords en avril 2000, les autorités turques organisèrent aussi leur propre événement à la Chambre des Lords pour la négation du Livre Bleu comme "Propagande en temps de guerre" sans avoir réellement discuté du nouvel ouvrage et de son contenu. Le colloque turc se composait de défenseurs de la dernière période négationniste à Londres, dont Justin McCarthy (Université de Louisville) et Sukru Elekdag (ex-Ambassadeur turc aux Etats Unis et actuellement membre de la Grande Assemblée Nationale turque) L’évenement fut accueilli par Lord Ahmed, y assistait Keith Vaz et était financé par des intérêts du business turc.
16) Pour une liste complète des informateurs, de même que des sources neutres, belligérantes et autres, voir : The Treatment of Armenians in the Ottoman Empire... [Uncensored edition] pp. XIX - XXII.
L’Institut Gomidas est un organisme universitaire indépendant consacré aux études arméniennes modernes.
- James BRYCE (Vicomte)
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(Belfast 1838 - Sidmouth 1922). Avocat puis professeur de Droit, son ouvrage sur l'Empire romain (The Holy Roman Empire, 1864) réédité de nombreuses fois lui assura une réputation sérieuse d'historien. Il occupa divers postes ministériels de 1886 à 1907. Il soutint toujours les vues pacifiques des libéraux traditionnels contre l'impérialisme des unionistes. Comme ambassadeur à Washington (1907-1913), il réussit à régler les nombreux problèmes pendants entre les deux pays, surtout à propos du Canada, et à rétablir entre eux des relations cordiales. Son érudition ne l'empêcha pas d'être aussi un alpiniste célèbe : c'est d'ailleurs de son ascension du Mont Ararat en 1876 que date sont intérêt pour l'Arménie. Président et fondateur de la Société anglais des Amis de l'Arménie, il participe en 1904 1904 il participe au Mouvement International Pro Armenia.
A partir de 1917 Lord James Bryce consacra le reste de sa vie à promouvoir la mise en place de la Société des Nations.
- Arnold J. Toynbee
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L’historien britannique Arnold J. Toynbee (1889-1975) - à ne pas confondre avec son oncle, Arnold Toynbee (1852-1883), créateur du concept de révolution industrielle - est considéré comme l’une des grandes figures intellectuelles et humanistes du XXe siècle. Après des études classiques et un début de carrière d’enseignant d’histoire grecque et byzantine, n’ayant pu participer au service actif pour raisons de santé, il fut affecté aux Renseignements politiques du Foreign Office en 1915 et participa en 1919 à la Conférence de Paix. Entre 1925 et 1955, il fut directeur de recherche au Royal Institute of International Affairs et professeur d’histoire des relations internationales à l’Université de Londres. Auteur prolifique, il est surtout connu pour sa monumentale étude de l’histoire en 12 volumes (1934-1961), oeuvre comparatiste panoramique sur l’essor et le déclin des civilisations.