Ces districts comprennent officiellement le vilayet d'Andrinople, le Sandjak de Tchataldja, les Vilayets de Constantinople et de Brousse et le Sandjak d'Ismidt où se trouve la première section du chemin de fer d'Anatolie. Ils constituent dans leur ensemble, la région Métropolitaine de l'Empire Ottoman et, depuis des siècles, cette région avait attiré une forte immigration arménienne, malgré son éloignement du sol natal de la race arménienne.
A Constantinople, le nombre des Arméniens s'était élevé à plus de 150.000, tandis qu'en richesse et en importance, ils devenaient les rivaux des Grecs. En Thrace, ils ne s'étaient pas seulement établis à Andrinople, mais dans toutes les villes de moindre importance et ils semblaient devoir profiter de l'expulsion des éléments grec et bulgare que le gouvernement ottoman poursuivait systématiquement, depuis la guerre balkanique. Il y avait une Colonie Arménienne florissante à Brousse, la ville principale du Littoral Asiatique de la Mer de Marmara, et il n'y avait pas moins de 25.000 Arméniens à Adabazar, dans le hinterland d'Ismidt. Cette région Métropolitaine était en fait devenue le centre de gravité du commerce arménien ; et l'organisation de l'Eglise Grégorienne de l'Empire Ottoman était également centralisée ici. Le Patriarche Arménien avait sa résidence à Constantinople, le centre administratif du gouvernement ottoman, et il y avait un Séminaire Théologique Grégorien à Armache, une ville du voisinage d'Ismidt.
Le plan de déportation avait été arrêté par le Gouvernement de Constantinople, mais les provinces Métropolitaines furent les dernières auxquelles il fut appliqué. Les petits villes de Thrace paraissent avoir été évacuées au commencement d’août ; les déportations semblent avoir été exécutées plus ou moins à la même époque à Brousse et à Ismidt. Le Séminaire d’Armache fut évacué par la déportation en masse des élèves et des professeurs, et les villages arméniens florissants du district eurent le même sort ; à Constantinople, le Gouvernement ouvrit un registre pour les habitants arméniens, séparant ceux qui étaient des immigrants venus des provinces, de ceux nés dans la ville, et un nombre considérable d’Arméniens notables appartenant à la première de ces catégories, fut déporté vers la mi-août. Il semble cependant que le Gouvernement n’ait jamais eu l’intention d’appliquer le plan de déportation dans toute sa rigueur à Constantinople, ou que du moins il ait cédé, en cours d’application, aux représentations faites par des milieux influents. La mesure ici n’a jamais été générale ; tandis qu’à Andrinople elle semble n’avoir été appliquée jusqu’au 20 octobre, date à partir de laquelle elle le fut avec une rigueur particulière.
Les Arméniens déportés des districts métropolitains, ne paraissent pas avoir été souvent l’objet de massacres ; il n’y avait pas à leur portée de bandes chettis ou de tribus kurdes. Ils furent expédiés dans la direction du désert d’Arabie, le long du chemin de fer Anatolien, et ceci explique les deux mois de grâce qui leur furent accordés, et qui n’étaient nullement dus à une mesure de clémence de la part du Gouvernement. Les Arméniens des régions situées le long de la ligne de chemin de fer les plus éloignées de Constantinople, avaient été évacués en juin et juillet, de sorte que ceux des districts métropolitains durent attendre que la ligne ferrée fut décongestionnée. Le sort de tous les malheureux déportés par chemin de fer est décrit dans les documents du Groupe XIV qui suit celui-ci.
DOCUMENT 41
DOCUMENT 42
DOCUMENT 43
DOCUMENT 44