Heinrich Vierbücher

Arménie 1915

Témoignage d'un officier allemand

Épilogue

En publiant son livre Armenien 1915, H. Vierbücher poursuivait un noble but : mettre en garde son pays et le monde contre de nouvelles guerres. Oui, avec le courage d’un prophète de l’Ancien Testament, il avertissait son peuple du danger de nouvelles catastrophes. Le meilleur moyen pour atteindre ce but était, selon lui, de mettre le sort du peuple arménien au cœur de la politique européenne.

Le martyre du peuple arménien devait, selon Vierbücher, secouer tous les hommes de paix. Il suggérait d’ériger un monument en Arménie, dont la vue seule aurait fait connaître à tous les traitements horribles subis par les Arméniens.

Durant la Première Guerre mondiale, H. Vierbücher était interprète du maréchal Liman von Sanders en Turquie. Il avait entendu rapporter et surtout vu la barbarie des Turcs envers un peuple civilisé. Son témoignage est d’une grande valeur du fait qu’il était Allemand et que l’Allemagne était l’alliée de la Turquie.

Sans aucun doute, il aimait son propre peuple. Et c’est bien pour cela qu’il voulait l’avertir, lui montrant le sort des Arméniens, afin qu’il ne se précipite pas dans un nouveau désastre.

Aujourd’hui, cinquante-sept ans après la parution de son livre, nous constatons combien son point de vue était juste. Mais combien d’Allemands pensent encore à tous les maux qu’ils ont endurés pendant trente trois ans (1914-l947) ? aux terribles catastrophes, aux vies humaines et aux territoires perdus durant ce court laps de temps ? Ces années furent aussi néfastes pour l’Europe. En 1947, la plupart des pays européens étaient en ruines. Comment avait-on pu en arriver là ? Quelles en étaient les raisons profondes ? Les hommes d’État responsables avaient-ils été incapables de prévoir ce désastre ?


Ce qui leur avait manqué, ce n’est certes pas la ruse, mais bien la sagesse divine. Un égoïsme aveugle avait obscurci l’intelligence des politiciens.

La mise en garde de H. Vierbücher ne visait pas uniquement l’Allemagne, mais tous les états européens.

Aucun peuple ne devait subir le sort infligé par les Turcs musulmans aux Arméniens, et le génocide devait faire réfléchir les autres et servir à leur bien. Mais les puissances européennes s’étaient montrées sans pitié et égoïstes lors de la tragédie arménienne. Hitler a été encouragé à suivre le modèle des Turcs. Comme ceux-ci avaient plutôt été récompensés que châtiés pour leurs indescriptibles crimes, Hitler en vint logiquement à la conclusion suivante : « Si les Turcs n’ont pas été punis pour leurs infâmes massacres, nous pouvons faire comme eux, sans avoir à rendre compte de nos actes. »

Les Turcs s’étaient emparés de tous les biens de plus de deux millions d’Arméniens après avoir exterminé par les méthodes les plus barbares plus d’un million et demi d’entre eux. Et en 1923, le reste des Arméniens était chassé de la patrie qu’ils occupaient depuis les temps les plus reculés. Dans le langage commun, on appelle « brigands et assassins » les hommes agissant de la sorte.

Pendant la durée de la Première Guerre mondiale, les puissances de 1’« Entente » condamnaient sévèrement les actes de brigandages et les tueries des Turcs, déclarant solennellement que les membres du gouvernement turc seraient châtiés. Elles affirmaient aussi que les Turcs s’étaient montrés indignes de dominer d’autres ethnies. Pour les Arméniens, comme pour les autres peuples opprimés, elles voulaient créer des états libres.

Les Grandes Puissances ont-elles tenu leurs promesses ?

Hélas ! sitôt la guerre terminée, les vainqueurs les oublièrent. Ils ne pensèrent qu’à s’assurer, chacun, le maximum de profit.

Les Grandes Puissances entrèrent même en compétition les unes avec les autres pour aider les brigands et les assassins, si bien que les Turcs purent continuer à dérober et à massacrer.


Voyons cela plus en détail.

Lénine, qui s’était proclamé le libérateur des opprimés, fut le premier à aider les Turcs, ces oppresseurs séculaires. Il fit alliance avec Mustapha Kémal lui donnant de l’or par camions afin que les Turcs puissent acheter des armes.

Finalement, les Russes communistes et les Turcs se sont partagé la République d’Arménie, comme Hitler et Staline se partageront plus tard la Pologne. Le procédé a été le même dans les deux cas : dans un premier temps, la Turquie a attaqué la République d’Arménie nouvelle-née (1918) comme Hitler envahira d’abord la Pologne. Pour préserver le reste des Arméniens de la destruction totale, le gouvernement arménien ne vit d’autre issue que celle de remettre la direction du pays aux communistes.

Les territoires de Kars et d’Ardahan tombèrent sous la domination turque et la population arménienne qui n’avait pas fui à temps fut massacrée.

Une missionnaire américaine, travaillant à ce moment-là en Arménie, a dit : « Bien que les communistes soient des diables, ils sont des anges sauveurs comparés aux Turcs ».

Les cinq sixièmes de l’Arménie historique sont aujourd’hui occupés par les Turcs et on n’y trouve plus d’Arméniens. Voilà l’œuvre des Turcs.

L’actuelle« République Soviétique d’Arménie » ne constitue qu’une toute petite partie de l’Arménie historique. Elle a pour capitale Érévan et compte environ trois millions d’habitants.

Après l’Armistice de 1918, on crut que les états vainqueurs allaient aider les Arméniens. Plus d’une centaine de Turcs parmi les responsables du génocide furent arrêtés et déportés dans l’île de Malte pour être jugés comme criminels de guerre.

Que firent les Turcs ? Ils prirent vingt-six soldats anglais comme otages. L’Angleterre négocia avec les Turcs, et pour libérer ses vingt-six soldats relâcha tous les criminels turcs ! Par cet acte, l’Angleterre a prouvé à Hitler qu’on pouvait tout se permettre sans châtiment. La politique aveugle et égoïste de l’Angleterre a fait mûrir des fruits empoisonnés, terribles. Elle voulait, alors, sauver vingt-six de ses soldats, mais plus tard, sa décision entraîna la mort de mille fois plus de militaires et de civils (d’après les témoignages de personnes ayant assisté à cet échange, dont celui du colonel Rawlinson, frère du commandant en chef en Inde, sept sujets britanniques, y compris lui même, furent libérés).

Certaines villes d’Angleterre, comme Coventry, furent transformées en ruines. À l’époque, qui pensait à la culpabilité de l’Angleterre vis-à-vis des Arméniens ? Mais toute injustice trouve sa rétribution sur terre. Qu’est-il resté aujourd’hui du grand empire britannique ?

Les Arméniens occidentaux avaient été fortement influencés par la culture française. Aussi, l’entrée des troupes françaises en Cilicie suscita de grands espoirs. La France avait, en effet, promis d’y créer un foyer national arménien sous sa protection. Les rescapés du génocide furent donc dirigés vers cette région. Près de cinq mille volontaires arméniens servaient dans l’armée française. On avait une confiance aveugle dans les promesses des ministres français.

Malheureusement, la France n’avait pas d’hommes d’État prévoyants. Ils voulaient s’attribuer des territoires sans mettre à disposition la puissance militaire nécessaire. Ils comptaient étendre leur influence sur les pays de la Méditerranée jusqu’à la frontière perse. Mais leur plus grand échec fut leur incapacité à gagner les Kurdes à leur projet. Les Turcs, eux, se sont montrés plus habiles diplomates. Mustapha Kémal a parfaitement réussi à s’assurer la sympathie des Kurdes. Il encensait ce peuple, louait leur héros Saladin. Les Kurdes combattaient donc fanatiquement aux côtés des Turcs. Cela coûta cher à la France ! Et qu’en est-il aujourd’hui des Kurdes en Turquie ? Malheur au Kurde qui ose parler ou chanter dans sa langue maternelle ou dire qu’il est Kurde ! Pour les Turcs, il n’y a pas de Kurdes ; il n’y a que des Turcs-montagnards.

Le cours de l’histoire confirmé le manque de sagesse politique de la France dans les années 1919-1923. C’est ainsi que les Turcs, vaincus militairement, devinrent les vainqueurs politiques.

En donnant la Cilicie aux Turcs, la France subissait une défaite politique. C’était un coup terrible pour les Arméniens. Les chrétiens avaient à choisir entre la mort et l’exil. Deux cent mille Arméniens furent obligés de quitter la Cilicie pour chercher asile dans des pays étrangers.

Et comme si tout cela ne suffisait pas, la France livra aux Turcs les uniformes pour dix mille soldats, du matériel de guerre, des canons et des avions qui allaient bientôt être utilisés pour vaincre les Grecs.

La France n’a donc pas châtié les Turcs qu’elle avait désignés officiellement comme auteurs du premier génocide de ce siècle ; elle les a récompensés !

La conséquence fut la défaite de l’armée grecque en 1922, car les Turcs étaient à nouveau dans leur élément. Ils pouvaient piller et tuer : les soldats turcs pillèrent donc la partie chrétienne de Smyrne avant de l’incendier. Des centaines de milliers de chrétiens y furent massacrés, ainsi qu’à Manissa. Les survivants devaient quitter leur patrie. Si aujourd’hui il n’y a presque plus de chrétiens en Asie-Mineure, c’est en partie la conséquence d’une mauvaise politique française.

Le malheur qui frappa la France dans les années 1940-1944 fut la conséquence logique de sa désastreuse politique des années 1919-1923. L’impunité des Turcs, après leurs forfaits contre les Arméniens et l’injustice dont ceux-ci eurent à souffrir, incita et encouragea Hitler à exécuter ses projets.

H. Vierbücher ne condamne pas uniquement les Turcs pour le premier génocide de ce siècle, mais il montre aussi la quote-part de culpabilité du gouvernement impérial, dont la politique était complètement erronée depuis 1890. Entre 1895 et 1896, le sultan Hamid avait fait assassiner plus de trois cent mille chrétiens. Toute la presse européenne s’en était indignée.

L’empereur Guillaume II voulut sauver le prestige du meurtrier des chrétiens. Il se déclara être l’ami fidèle du sultan sanguinaire et lui rendit une visite officielle à Constantinople en 1898. Il protégea donc l’assassin de trois cent mille chrétiens.

Le chrétien évangélique, que prétendait être Guillaume II, aurait dû intervenir en faveur des victimes chrétiennes, mais c’est le contraire qui se produisit : il se déclara « protecteur des musulmans ».

En 1898, le missionnaire Ferdinand Brockès fit un voyage à travers l’Asie-Mineure. Il visita aussi la ville d’Ourfa où les Turcs et les Kurdes venaient de massacrer des milliers de chrétiens. Dans la seule cathédrale, mille deux cents personnes avaient été brûlées vives. Un chef kurde s’informa auprès du missionnaire de la santé de l’empereur Guillaume, grand ami des musulmans. Dans de telles circonstances, la persistance de cette amitié n’appelle-t-elle pas la condamnation de l’empereur et de son pays ?

Mais l’empereur devait aller plus loin. Durant la Première Guerre mondiale, le gouvernement impérial s’allia aux Turcs qui avaient un plan bien arrêté dans ce conflit : réunir par la force en un vaste état turco-islamique les pays du Bosphore à la Chine. Pour atteindre ce but, les Turcs décidèrent d’anéantir l’Arménie chrétienne et mirent leur plan à exécution par les méthodes les plus diaboliques.

Le gouvernement impérial était constamment informé de la manière cruelle dont son allié anéantissait les chrétiens. Le 10 janvier 1916, l’ambassadeur Metternich télégraphia ‒ entre autres ‒ au chancelier Bethmann Hollweg : « Le comité exige la destruction des derniers Arméniens. Turquiser signifie : chasser, tuer, anéantir tout ce qui n’est pas turc. »

Comme le rappelle H. Vierbücher, les Allemands ne voulaient certainement pas que leurs co-religionnaires chrétiens soient exterminés par les Turcs musulmans. Bien des officiers allemands et des missionnaires se sont porté au secours des Arméniens. Mais leur gouvernement ne s’occupait pas des chrétiens. Pour sa politique, supposée profitable, il était prêt à sacrifier des millions de chrétiens. Il voulait à tout prix avoir les Turcs de son côté. Les grands massacreurs, tels Enver et Talaat, étaient fêtés en Allemagne comme de grands héros.

Ce manque de scrupule entraîna pour l’Allemagne une suite de catastrophes. Pour elle, comme pour les autres états, seule la puissance matérielle était prise en considération. Les lois de Dieu, la morale, la justice et l’humanité, ne comptaient pas. Une telle attitude ne pouvait rester sans effets : ils furent particulièrement néfastes pour l’Allemagne. La morale d’état fut calquée sur celle des Turcs et, plus tard, le gouvernement nazi a pris les Turcs pour exemple. En 1932, un chef nazi a déclaré officiellement dans une conférence que leur modèle n’était pas Mussolini et son fascisme, mais les Turcs.

Hitler était l’ennemi des vrais chrétiens. Sous son régime, beaucoup de chrétiens allemands sont morts martyrs. Nombreux sont les peuples qui ont cruellement souffert de la barbarie de cet ennemi du Christ.

Par l’extermination des Arméniens, les Turcs ont réussi à turquifier l’Arménie. Hitler comptait germaniser les peuples slaves par la même méthode. Mais c’est spécialement contre les Juifs qu’il exécuta le plus farouchement son plan d’extermination.

Si les Juifs avaient pressenti que d’autres peuples allaient suivre l’exemple des Turcs et qu’ils allaient en être les premières victimes, sans doute leur attitude envers les Turcs aurait été différente. En 1918, le judaïsme mondial était très bien organisé. Il avait des politiciens influents dans un grand nombre de pays. Il possédait, en outre, beaucoup de banques et avait la presse à sa disposition. Sans avoir un état, le judaïsme représentait une grande puissance. Le sort des Arméniens était connu des Juifs. Qu’ont-ils fait pour la cause arménienne et pour la justice ? Ont-ils combattu les massacreurs des peuples avec tous les moyens dont ils disposaient ? Ou bien ont-ils défendu la cause turque, directement ou indirectement, comme les autres états ?

L’ambassadeur américain Henri Morgenthau, qui était à Constantinople de 1913 à 1916, savait très bien avec quelle cruauté les Turcs avaient exécuté les Arméniens. Dans ses Mémoires, il désigne les horribles massacres comme la plus grande persécution de chrétiens de tous les siècles. Les Juifs ont-ils pris à cœur le signal d’alarme de leur noble compatriote ?

Si le judaïsme mondial avait employé tous les moyens à sa disposition pour défendre la cause arménienne et avait demandé le juste châtiment des assassins comme il l’a demandé en 1945 pour les nazis et jusqu’à ce jour, Hitler n’aurait pas pu dire : « Qui parle encore aujourd’hui de l’extermination des Arméniens ? »

Et l’intervention des Juifs pour la cause de la justice serait devenue une puissante protection pour eux-mêmes.

C’est avec raison que l’explorateur polaire norvégien Fridtjof Nansen a intitulé son livre par ces mots : « Le peuple trahi ». Il y dit : « Rien que l’évocation du nom ’Arménie’ réveille dans les consciences endormies des peuples et des diplomates européens le souvenir d’un triste enchaînement de promesses solennelles non tenues, pour l’exécution desquelles ils n’ont jamais remué le bout des doigts. »

Les Arméniens avaient droit à l’assistance des vainqueurs.

Pour la cause de 1’« Entente », les Arméniens orientaux, à eux seuls, avaient sacrifié deux cent mille soldats. Mais les diplomates égoïstes des Grandes Puissances voulaient enterrer la justice dans l’oubli. Nous avons vu que cela est impossible. Tous en ont pâti amèrement. Il existe une puissance supérieure qui réclame la justice.

On a exigé des comptes des anciens responsables du gouvernement nazi. L’Allemagne a été dénazifiée et les criminels de guerre ont été punis de manière exemplaire.

Ce 28 février 1986, les Juifs ont demandé aux États-Unis l’extradition du criminel de guerre Jean de Mangou, afin de le juger en Israël. Ce que les nazis ont fait aux Juifs est abominable.

Et qu’en est-il des criminels de guerre turcs ? Ne sont-ils pas plus coupables encore ? Ce sont eux qui ont accompli le premier génocide du siècle, exterminé le peuple arménien et, plus, pris sa patrie historique, ce que les Allemands n’ont pas fait aux Juifs.

Après s’être vantés d’avoir assassiné tous les Arméniens, les Turcs nient aujourd’hui tous leurs actes criminels.

Le gouvernement fédéral allemand a reconnu ses crimes commis envers les Juifs, s’est humilié et a réparé ses torts dans la mesure du possible. Chaque Juif a été totalement indemnisé. Et ainsi, les relations entre la République Fédérale Allemande et Israël se sont lentement normalisées.

Contrairement aux Allemands, les Turcs continuent leur plan d’extermination des Arméniens. Ils le font d’une manière bien raffinée. Ils n’ont rien restitué des biens dérobés ; bien plus, ils continuent encore à en prendre partout où ils le peuvent. Leur but est bien clair : dans l’Arménie historique, il ne doit rester aucun Arménien ; pire encore, il ne doit même pas y subsister le moindre souvenir, la trace ou la mémoire de ce qui fut Arménien ! N’est-ce pas là pousser le génocide à la perfection ?

Si les puissances occidentales aiment leur propre pays et leur propre peuple, elles doivent réparer le tort commis envers les Arméniens. Elles doivent montrer clairement aux Turcs qu’ils ont à reconnaître leurs crimes et à les réparer, tout aussi bien que la République Fédérale Allemande. Pour tous les biens dérobés, les Turcs doivent verser des indemnités ; mais surtout, restituer leur patrie aux Arméniens, du moins dans les limites tracées par le président américain Woodrow Wilson. Et si les Turcs refusent d’exécuter ces exigences élémentaires, toutes les relations avec la Turquie doivent être rompues.

Le salut des puissances occidentales est là, car nous pouvons constater que toutes ont été châtiées pour leurs injustices commises au cours des quatre-vingts dernières années. Dans la « confession de culpabilité de Stuttgart » (1945), les dirigeants de 1’« Église Évangélique Allemande » ont exprimé leur repentir pour les crimes commis par leur état. Que nous le voulions ou non, Dieu est le Seigneur et le Maître de l’Histoire. Si les Turcs ne se repentent pas de leurs crimes, leur destruction est inévitable. Mais, comme la population de Ninive, avertie par le prophète Jonas, a fait repentance et a échappé au châtiment, Dieu fera aussi grâce aux Turcs s’ils s’humilient profondément. Jonas, qui avertissait la population de Ninive, n’en était pas l’ennemi, mais bien le sauveur.

Notre devoir est de mettre en garde aussi bien les Turcs que les puissances occidentales.

Les états européens ont eu tant à souffrir à cause des Turcs. Doivent-ils à nouveau être précipités dans le malheur à cause d’eux ? Dieu ordonna à son serviteur Ésaïe : « Crie à plein gosier, ne te retiens pas, élève ta voix comme une trompette et annonce à mon peuple ses iniquités » (Ésaïe 58.1).

Dieu a montré clairement aux hommes d’état comment ils pouvaient établir la paix et la justice sur terre. La clé de tous les problèmes sociaux et internationaux se trouve dans la parole de Dieu exprimée dans Matthieu 22.37: « Tu aimeras Dieu, ton Seigneur, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et ton prochain comme toi-même ». Dans la parabole du bon Samaritain, le prêtre et le lévite ne se sont pas occupés de leur co-religionnaire tombé entre les mains des brigands.

Qu’ont fait les puissances, dites chrétiennes, lorsqu’elles ont vu leurs frères chrétiens arméniens diaboliquement maltraités par les Turcs ? Elles ont aidé les brigands et les assassins. Pire encore : tout en connaissant parfaitement les faits, certains de ces états nient le génocide des Arméniens commis par les Turcs. L’homme d’état anglais Lloyd George aurait pu dire ‒ en parlant dans le langage de la parabole mentionnée ci-dessus : « Si l’homme tombé aux mains des brigands, à demi-mort, était incapable de se défendre lui-même, ça ne valait pas la peine de le secourir. »

Par bonheur, il y eut aussi d’autres individus, tant en Angleterre que dans divers pays « chrétiens », qui pensaient et agissaient différemment. Ceux-là faisaient l’œuvre du bon Samaritain ; ceux-là étaient les vrais patriotes de leurs pays respectifs. Non seulement ils aidèrent les centaines de milliers d’orphelins et de veuves, mais ils élevèrent aussi des voix prophétiques contre leurs propres pays. Dieu récompensera ces chrétiens véritables qui sont les vrais protecteurs de leurs états, contrairement aux politiciens égoïstes.

L’ancien président de la République Fédérale Allemande, le Dr Karl Carsten écrivit : « La foi chrétienne est l’appui le plus solide que l’homme puisse avoir. Plus j’avance en âge et plus j’en arrive à cette certitude. »

Que la République Fédérale traduise maintenant en actes la déclaration officielle de son président. Il est indispensable de dire avec insistance aux puissances occidentales qu’elles ont tort de mettre leur espoir dans les Turcs.

Quel est le chrétien qui peut affirmer que de tels brigands et assassins ne seront pas châtiés ?

Tout homme qui aime son peuple et son pays interviendra énergiquement pour que toutes les relations soient rompues avec la Turquie. L’amour de la patrie exige du courage et l’esprit de sacrifice.

Il est tout à fait illusoire de croire que la Turquie pourrait être une alliée utile aux autres pays à cause de sa situation géographique. Ceux qui pensent ainsi risquent d’avoir de fâcheuses surprises. En effet, l’Amérique a livré à l’Iran d’énormes quantités d’armes si bien que ce pays est devenu une des plus fortes puissances militaires d’Asie. Aujourd’hui, cette puissance est dirigée contre l’Amérique. Avec la Turquie, les risque est plus grand encore.

Pendant la Première Guerre mondiale l’Allemagne avait compté sur la Turquie. Conséquence : la guerre a duré plus longtemps, lui faisant perdre certainement quelques centaines de milliers de soldats en plus ; en outre, elle a dû céder de vastes territoires et s’est rendu co-coupable du massacre des Arméniens.

Le salut de l’Europe ne se trouve pas auprès des Turcs, mais uniquement dans son retour au Christ, source de justice, de paix et d’amour.

Armen Gessarentz


Le sultan Abdul Hamid II


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En 1908, après trente deux ans d’un règne de despotisme absolu, le sultan Abdul Hamid II fut obligé de proclamer la Constitution. Comme le montre la photo ci-dessus, il espérait passer pour chef du mouvement libéral. Ce faisant, il voulait gagner du temps. Car moins d’un an plus tard, il suscita une contre-révolution et fit abattre bon nombre de ses adversaires. Cependant, grâce à l’armée, les « Jeunes-Turcs » finirent par vaincre et détrôner le sultan.


C’est ainsi que se termina le règne de terreur d’un tyran sanguinaire.

En 1894, le sultan Abdul Hamid II avait entrepris de faire massacrer en masse les chrétiens et, sur son ordre, 300 000 d’entre eux furent tués en Arménie. Au printemps 1909, c’est ensemble que « Vieux » et « Jeunes-Turcs » massacrèrent 30 000 Arméniens en Cilicie. Les successeurs du « Sultan rouge » firent encore pire : de 1915 à 1918, les « Jeunes-Turcs » ont entrepris le génocide des Arméniens dont plus d’un million et demi périrent dans d’affreuses souffrances. Puis, ce fut la main-mise sur tous leurs biens et leur patrie d’origine.

Vint l’ère de la Turquie dite « moderne ». Mais il faut croire qu’il est des constantes de la politique turque qui survivent à tous les changements de régime, car systématiquement et avec la plus grande cruauté, Mustapha Kémal a continué l’extermination des chrétiens et les gouvernements successifs turcs ont manifesté un fanatisme croissant envers eux.

Après les massacres du sultan Abdul Hamid, les chrétiens pouvaient reconstruire leurs églises et leurs écoles. Aujourd’hui, ils n’obtiennent même pas l’autorisation de rénover leurs églises. Il y a donc aggravation de ce point de vue. Le guide d’un groupe de touristes allemands, Rolf Braun, fut jeté en prison à Diarbekir pour avoir dit : « Ici il y avait une église arménienne ». Les tyrans turcs se succèdent et leur haine envers les chrétiens augmente.

Armen Gessarentz

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