On sait que, parmi les trois principaux responsables du génocide, deux ont été exécutés par des Arméniens : Talaat Pacha à Berlin le 15 mars 1921 et Djémal Pacha à Tiflis le 25 juillet 1922. Enver Pacha, de son côté, rejoignit les forces antibolchéviques en Asie centrale, où il fut poursuivi et tué le 4 août 1922 par un soldat arménien de l'armée rouge.
En 1943, l'Allemagne nazie rendit à la Turquie la dépouille de Talaat. Son mausolée s'élève maintenant sur la Colline de la Liberté à Istanbul, dominant le Bosphore. Il possède également, entre autres, un boulevard à son nom dans la capitale, Ankara, et une avenue à Edirne, l'ex-Andrinople. C'est par cette avenue Talaat Pacha qu'on entre en Turquie, en provenance de Bugarie.
Dominant le cimetière arménien de Chichli à Istanbul, les mausolées de Talaat et Enver, édifiés à un demi-siècle de distance, symbolisent la continuité du négationnisme turc |
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En 1996, sur demande du gouvernement turc, la république du Tadjikistan autorisa le rapatriement de la dépouille d'Enver en Turquie, où elle fut enterrée engrande pompe. Or, les historiens turcs eux-mêmes ne cachent pas que ce ministre de la guerre à l'époque du génocide était un jeune prétentieux incapable, en grande partie responsable des sévères défaites subies par les Ottomans face aux Russes durant la Première Guerre mondiale. De plus, Mustafa Kemal ne l'appréciait guère. C'est donc un personnage plutôt négatif pour la Turquie elle-même qui reçut ces honneurs. Peut-être a-t-on voulu honorer le rôle qu'il joua dans le génocide des Arméniens. Cette provocation a été récemment dépassée. Le 5 octobre 1999 fut inauguré à Igdir, près de la frontière avec la république d'Arménie, un monument « à la mémoire des 90 000 Turcs massacrés par des bandes arméniennes ».