Hasan Amca, officier anti-Ittihadiste « Ce pays n’a pas le cran d’affronter la vérité [concernant le génocide arménien] ».
p.334 « En ce qui concerne l’examen des recommandations faites dans le n° du 1er sept 1980 et le n° 2069 du Bulletin Officiel sur l’Atlas historique abrégé et son emploi comme livre de classe auxiliaire dans les classes du secondaire et des lycées, l’Atlas Historique, édité par Faik Resit Unat :
« Les mots “Arménie et “Ermenistan” (le mot turc pour Arménie), qu’on trouve dans les pages 10, 11,15 des Atlas susmentionnés, et qui sont reproduits probablement dans les pages des différentes éditions de ces ouvrages, doivent être supprimés. Suivant la nomination d’un Directeur, ou d’un Député Directeur, les stipulations contenues dans cette circulaire jointe doivent être appliquées exactement à ces atlas. En outre, la même procédure devra être suivie dans le cas des autres atlas contenant les censures spécifiées dans les circulaires annexes ».
« A Istanbul, le rédacteur en chef de l’Edition turque de l’Encyclopaedia Britannica est accusé d’affaiblir les sentiments nationaux turcs car l’ouvrage dit qu’un Etat arménien existait dans le sud-est de l’Anatolie au 11ème siècle. Isfendiyar Bariounou, procureur en chef de la Cour de Sécurité de l’Etat, dit que cette déclaration est ’ contraire aux faits historiques. S’il est déclaré coupable, Hulya Poturoglu, le rédacteur en chef pourrait être condamné à 4 ans et demi d’emprisonnement » (en italique dans l’original)
p. 182 « … L’Arménie est un fantôme, ou peut-être bien un squelette dans l’armoire turque. C’est un corps dont la chair a été depuis longtemps dépouillée. Dans toute cette belle contrée entre Van et Ararat, où le royaume arménien avait jadis prospéré si brillamment, il ne reste plus aujourd’hui qu’un souvenir - et un terrible. Peu de peuples, pas même les Juifs ont eu une histoire aussi horrible que les Arméniens. Les massacres et les holocaustes toujours vivants dans la mémoire n’ont été que les derniers de toute une chaîne de désastres qui sont arrivés à ce peuple extraordinaire… Près d’un million d’Arméniens ont été tués ou déportés de Turquie à la fin de l’Empire Ottoman, sur l’ordre de la dictature des “Jeunes Turcs”, jusqu’au moment de l’arrivée de Talat Paşa qui a pu annoncer fièrement : “Nous avons plus fait en trois mois pour résoudre le problème arménien, qu’Abdul Hamid en trente ans” ».
p.183. «… Tous les Turcs, autant que j’aie pu en juger, sont catégoriques sur la question arménienne. Aucun Turc que j’ai jamais rencontré, aussi sophistiqué et occidentalisé qu’il fût, ou que j’aie pourtant bien connu personnellement, n’a jamais, à ma connaissance, montré un sens de culpabilité au sujet du sort des Arméniens, ni admis de responsabilités morales pour cela. Divisés sur la plupart des autres questions, les Turcs semblent unis sur celle-ci.» .
p. 185 «… Les Turcs ont fait quelque chose de terrible qui ne pourra jamais être oublié.
Mais (nous répétons) qu’on doit se rappeler ces deux faits quelque peu mitigés : premièrement, qu’une série de guerres désastreuses et de défaites ont mené les Turcs au désespoir, et le dernier coup a été la trahison apparente des Arméniens. Deuxièmement la population turque a non seulement été encouragée, mais réellement obligée d’effectuer des massacres par le triumvirat des “Jeunes Turcs” (avec Talat Paşa l’homme principalement responsable) et les tueries et déportations ont été conçues par ce gouvernement, froidement et délibérément comme une ’solution au problème arménien’ ».
Réponse du rédacteur en chef et gouverneur pendant la guerre, Süleyman Nazıf : « Cet acte (cette révélation) est indigne d’un ministre musulman ».
p. 2114 : La réplique de Baydar, ex- secrétaire responsable ittihadiste, province d’Aydin, et Président de Turquie 1950-1960 « La manifestation la plus laide et la plus inutile » d’un esprit d’apaisement aux vainqueurs.
p. 268 : La réplique de Bayur, feu le doyen des historiens turcs : « La plus inutile et laide manifestation… a servi à fournir aux grandes puissances une preuve et des armes pour nous écraser ».
[Dernier épisode d’une série d’articles. Les 2 premiers dans les n° des 12 et 19 septembre 1981 de cet hebdomadaire arménien de Los Angeles. L’auteur travaillait comme valet de Heinz Foelner, ingénieur chef aux Chemins de Fer de Bagdad, qui était l’hôte de Mustafa Kemal lors de la visite de ce dernier à Alep en 1918.] « En 1918, je servis de guide à Mustafa Kemal pour quelques tours à l’intérieur et aux alentours d’Alep, alors que je travaillais comme valet chez M. Foelner. Kemal, à plusieurs reprises, exprima son mépris pour Talat, en l’appelant cingene pici, postaci Talat (bâtard de Gitan, facteur Talat) et Enver ahmak-yaltak (idiot-lécheur). Il écouta attentivement et avec compassion mes récits des atrocités par lesquelles les Arméniens avaient été exterminés. Il me fit l’impression d’un homme qui éprouvait de la sympathie et des sentiments d’amitié envers les Arméniens, si bien que je me suis souvent demandé pourquoi les monstres Talat et Enver n’avaient pas pu être aussi aimables que cet homme, et pourquoi ils détruisaient ma nation. La colère de Mustafa Kemal contre ces hommes qui étaient des ultra criminels s’exprima dans ses derniers mots de condamnation : “Ce sont des espèces d’hommes qui devraient être pendus, de grands assassins” » (asılacak herifler, büyük caniler)
p. 829 « J’ai aussi connu un étrange petit homme sérieux qui était très intéressant. Il était mon voisin au Palace hôtel de Péra… Au cours de mon interview avec lui, il déclara, entre autres : “Nous avons été trahis par les Ittihadistes, Enver, Talat, Cemal et tous leurs complices méritent la potence. Qu’attendent les alliés pour faire pendre toute cette canaille ?”» [des extraits de cet article de Prax ont paru dans une traduction anglaise sous le titre « Life in Constantinople today » (la vie à Constantinople aujourd’hui) dans « Current History » (histoire actuelle n° 12 (mai 1920), 334-336]
p. 1 Les Ittihadistes auraient dû prendre en compte les vies de millions de nos sujets chrétiens qui ont été impitoyablement chassés en masse de leurs maisons et massacrés".
P. 173. Citant le Général américain Harbord, chef de la Mission américaine, qui menait une enquête en 1919 en Turquie et en Arménie sur la possibilité d’un mandat américain dans cette zone, Rauf reproduit les mots de Mustafa Kemal qui déplore le fait que « En Amérique, en France, en Angleterre aussi, beaucoup de gens ont été tués et d’autres crimes sont commis encore aujourd’hui, et pourtant aucune nation n’a été accusée. Seuls les Turcs ont été tenus responsables du massacre de 800 000 de leur propre peuple [ c’est-à-dire les Arméniens »] (Yalniz Türkler… sekiz yüz bin kisinin katlinden sorumlu oluyor). Ces positions de condamnation et de stimulation aux Alliés pour un juste châtiment, destinées à une diffusion extérieure, sont quelque peu viciées toutefois, par l’exercice de précaution interne et de circonspection vis-à-vis du public turc, comme il est noté ci-dessous.
Les rapports sur une déclaration faite par Mustafa Kemal aux députés de la Grande Assemblée Nationale, le 24 avril 1920, le second jour de l’ouverture de la réunion, qui comportait deux sessions, une publique et l’autre à huis clos. Lors de la dernière sesssion, Kemal décrivit « le massacre des Arméniens qui a eu lieu au début de la Première Guerre Mondiale, fut un “acte honteux”»(fazahat). La source de l’hebdomadaire est le périodique Sacak, de Janvier 1987. Le discours est publié par l’Institut pour l’Etude de l’Histoire de la Révolution Turque. Voir Kemal, Mustafa (1945), Atatürkün Söylev ve Demeçleri (Les Discours et Déclarations d’Atatürk) p. 49.séries de publications n° 1 - 398 pages
L’auteur révèle le fait qu’Ahmed Refik (Altınay), l’historien prolifique de l’Université d’Istanbul et l’ex-professeur d’Atatürk au War Staff College (Harbiye), dont l’inestimable livre Iki Komite, iki kital a souvent été cité dans cette étude, avait eu une altercation publique avec Atatürk. Le sujet de cette controverse était l’exposition des faits du génocide arménien par Refik, ainsi que des actes de représailles ultérieurs par les Arméniens, et le mécontentement personnel d’Atatürk au sujet des révélations du génocide. Comme l’a relaté Celal (p. 76), le travail d’historien de Refik fut non seulement interdit en conséquence, mais il perdit sa position universitaire, fut banni de la vie publique et fut condamné à être privé de ressources. [Dans un livre commémoratif, publié à la suite de sa mort (10 octobre 1937) il est révélé que la pauvreté qui s’ensuivit pour Refik avait atteint un tel point qu’il n’avait même plus de quoi payer ses médicaments, mort de misère noire et comme un indigent. Ahmet Refik (1938). Edité par R.E. Koçu. Istanbul Sühulet. 186 pages. La référence est dans les pages 22 ; 29]