Côté turc, la responsabilité majeure retombe tout d'abord sur les dirigeants Jeunes-Turcs, sans que cela minimise en rien celles d'autres acteurs, comme Abdul-Hamid ou Mustafa Kemal. On ne peut pas non plus ignorer qu'à quelques courageuses exceptions près les populations turques et kurdes ont massivement, parfois avec excès de zèle, mis la main à la pâte.
Les Allemands étaient alliés de l'Empire ottoman, comme d'ailleurs les Austro-Hongrois. Il est probable que plus de fermeté de leur part aurait eu un certain effet, mais il ne faut pas sous-estimer la détermination implacable des Jeunes-Turcs. On doit également signaler l'attitude positive de certains consuls et missionnaires allemands, et rappeler le rôle essentiel joué par Lepsius, même si l'une de ses motivations était de dédouaner sa patrie. Certes considérable, la responsabilité allemande a été utilisée comme prétexte par les Alliés pour s'innocenter. La vague d'antigermanisme qui a suivi la Grande Guerre en arrive presque à blanchir les Turcs, prétendument manipulés par les Allemands ! Il convient de faire la part des choses. Si la France et la Grande-Bretagne nen pouvaient pas intervenir pendant la guerre, elles sont responsables de l'état de l'Empire ottoman qui a créé le terrain favorable, et surtout, avec les états-Unis, de la politique d'abandon face à la Turquie kémaliste. Le reniement du traité de Sèvres signé par les vainqueurs, le l'Arménie, l'abandon de la Cilicie par la France, autant de décisions qui ont favorisé la liquidation des Arméniens.