Comme Lepsius, le diplomate anglais James Bryce connaissait depuis longtemps le problème arménien. Il avait dénoncé en son temps les massacres de 1895-96, sans cacher la responsabilité britannique dans la dégradation de la situation des Arméniens.
Le 6 octobre 1915, dans un retentissant discours à la Chambre des Lords, Bryce révéla le massacre d'« environ 800 000 » Arméniens à la suite d'un plan prémédité. L'année suivante, il présenta à son secrétaire d'état le Livre Bleu, recueil de 150 documents provenant de témoins neutres, autochtones, ou allemands comme Niepage, professeur à Alep qui avait complété son rapport par des photographies de « monceaux de cadavres au milieu desquels se traînaient des enfants encore en vie ».
La préface de ce recueil, couvrant toute l'Arménie ottomane, était due à un jeune historien, Arnold Toynbee, qui publia lui-même des études sur ces événements.