Historien à l'École des hautes éludes en sciences sociales (CESPRA), VINCENT DUCLERT est venu à l'étude du génocide des Arméniens par l'affaire Dreyfus, Jean Jaurès et la recherche sur les engagements démocratiques dont il est l'un des spécialistes.
En 1915, un événement — l'extermination des Arméniens ottomans — fait basculer le monde dans l'ère des tyrannies et des crimes de masse. Le traité de Lausanne signé avec la Turquie, huit ans plus tard, scelle la disparition de l'Arménie plurimillénaire, à l'exception de la Petite République des régions russes, soumise à la terreur stalinienne. Parmi les Alliés, la France porte une lourde responsabilité dans le premier génocide du XXme siècle et l'abandon des survivants.
Critiques d'une telle politique impériale, des savants, des écrivains, des intellectuels, des parlementaires et diplomates français, des hommes de foi, rejoints par leurs homologues belges et suisses, choisissent de défendre un devoir d'humanité. Dès la fin du XIXme siècle, ils s'engagent contre l'injustice des grands massacres qui se répètent dans l'Empire ottoman. À la suite de Séverine, Jaurès ou Anatole France, une majorité de dreyfusards se mobilisent. La solidarité devient une cause morale et politique majeure, débouchant sur la formation d'un large « parti arménophile ».
Dans cette étude passionnante, Vincent Duclert révèle l'histoire française de ce génocide tombé dans l'oubli. Il faudra attendre le 29 janvier 2001 pour que le Parlement, retrouvant la mémoire de ses engagements pour les Arméniens, adopte une loi de reconnaissance, tandis qu'intellectuels et historiens réinvestissent le champ de la connaissance du premier génocide.
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