Anahide Ter Minassian est née en 1933 à Paris. Sa grand-mère, Gulizar, arménienne, vivant au sein de l'Empire ottoman, avait été enlevée et épousée de force en 1889 par le chef d'une tribu kurde voisine, à la fin du XIXe siècle. Mais suite à la réaction de la communauté paysanne dont elle était issue, Gulizar a obtenue, de façon exceptionnelle, de la justice turque que ce mariage forcé soit annulé et qu'elle puisse retrouver sa communauté. Ses parents, Lévon Kévonian et Arménouhie Der-Garabédian, sont des apatrides arméniens, détenteurs d'un Passeport Nansen, et réfugiés à Belleville dans les années 19201. Sa mère, Arménouhie, musicienne et journaliste, a raconté dans un ouvrage en arménien publié en 1946 l'histoire de Gulizar. Cet ouvrage a été traduit en français en 1993, et réédité à plusieurs reprises.
Elle est nommée professeur d'histoire et exerce durant treize années en lycée. Puis elle devient maître de conférences à l'université Paris-I. Elle anime également le séminaire sur l'histoire contemporaine des Arméniens à l’École des hautes études en sciences sociales de Paris. Elle a publié plusieurs ouvrages consacrés à l'Arménie et au génocide arménien.
Ce livre nous propose une histoire fragmentée du peuple arménien, partagé au début du XXe siècle entre les empires ottoman, russe et perse. Au carrefour de ces trois États, l’échiquier arménien forme un théâtre stratégique où s’affrontent la Russie et la Turquie dont les conflits sont réactivés par le jeu diplomatique et les rivalités politiques des Puissances occidentales. Dans les guerres, dont le point culminant est le grand affrontement de la Première Guerre mondiale de 1914 à 1918 et dans les révolutions (russe de 1905, iranienne de 1906-1912, jeune-turque de 1908 et de nouveau russe de 1917) qui bouleversent l’Orient, les Arméniens sont des éléments actifs.
De l’internalisation de la Question arménienne à Berlin (1878) au refus d’un mandat sur l’Arménie par le Sénat américain (1920), à travers des épreuves hors du commun (massacres de 1894-1896, massacres de 1909, génocide de 1915 dans l’empire ottoman), le statut des Arméniens s’est modifié. Minorité chrétienne reconnue, dont l’Église apostolique a joué durant des siècles le rôle de médiateur auprès des pouvoirs dominants, les Arméniens réalisent, en 1918, le miracle de se doter d’un État indépendant en Transcaucasie.
« En historienne de grand talent, Anahide Ter Minassian a exploré comme personne l’histoire multiple des sociétés arméniennes entre la seconde partie du XIXe siècle et la naissance de la République arménienne » (Gérard Chaliand).
Anahide Ter Minassian a été maître de conférences à l’Université de Paris I-Sorbonne. Parallèlement, elle a dirigé durant vingt ans à l’EHESS un séminaire consacré à l’histoire contemporaine des Arméniens.
Introduction. Regards sur le passé : fragments d’histoire arménienne
1. Vagharchapat-Etchmiadzine : naissance d’un haut lieu
2. Le rôle des Arméniens du Caucase dans la révolution constitutionnaliste de la Perse (1906-1912)
3. Des guerres balkaniques à la question arménienne. Le parcours d’Aram Andonian
4. Les combats de Kévork l’Affligé. Le catholicos Kévork V Souréniantz Vechdali (1911-1930)
5. Van (1915)
6. Mouch (1915)
7. Antoine Poidebard et l’Arménie (1904-1920)
8. Le sénat américain refuse un mandat sur l’Arménie (1920)
Table des cartes et des plans
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