AU PANTHEON DES JUSTES |
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Lord James Bryce est né en 1838 à Belfast, en Irlande, en 1838. Homme d'Etat, érudit, conseiller au parti libéral Britannique, c’est pendant son séjour dans le Caucase en 1876 qu’il s’intéresse aux Arméniens. En 1904 il participe au Mouvement International Pro Arménia, tenant conférences et réunions en faveur des arméniens persécutés dans l'empire d'Ottomane. En 1907 il est nommé Ambassadeur aux Etats-Unis et en 1914 il devient membre du Tribunal de la Haye. En 1915 le gouvernement de Sa Majesté Britannique lui donne mission de constituer un dossier sur la persécution et les massacres d'Arméniens en Turquie. En 1916 il publie le Livre Bleu, (Blue Book) comportant une importante documentation prouvant le massacre des Arméniens. Les documents du Livre Bleu contiennent des récits de témoins oculaires dignes de foi, rassemblés par l'historien Arnold Toynbee sur la déportation et l'extermination systématique de la nation arménienne dans l'empire d'Ottomane durant le génocide. Le Livre Bleu a été remis par Lord Bryce au Vicomte Grey of Fallodon, Ministre des Affaires Etrangères Britannique. A partir de 1917 Lord James Bryce consacra le reste de sa vie à promouvoir la mise en place de la Société des Nations. Il décède à Sidmouth (Angleterre), en 1922. |
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Né à Paris en 1844, Anatole France était un grand humaniste et progressiste, écrivain, poète et romancier. Prix Nobel.de littéraure. Sa première intervention sur la question arméniennes remonte à 1897, après les massacres commis par le sultan Abdul Hamid II contre les Arménienns. Avec Emile Zola il s'est battu pour l'acquittement d’Alfred Dreyfus, officier d'origine Juive condamnée pour espionnage et haute trahison par une cour martiale anti-sémitique et plus tard réhabilité. En 1901 il a fonde le journal "Pro Armenia" avec Clemenceau et Jaurès. Il intervient en faveur des Arméniens à Rome, Londres, Genève et Paris, faisant des discours incendiaires contre les tendances despotiques et nationalistes de la Turquie. En avril 1916, après le génocide arménien, lors du grand meeting à la Sorbonne "l'Hommage à l'Armenie", Anatole la France crie à la foule : L'Arménie expire. Mais elle renaîtra Mort à Paris. Ses funérailles rassembleront le 18 octobre 1924 deux cent mille personnes.
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Giacomo Gorrini a été né en 1859 à Molino de Torti, un petit village en Italie du Nord. Diplomate, il est le fondateur et le premier directeur en 1886 des Archives de Ministère des Affaires Etrangères italiennes. De 1911 à 1915 Gorrini sert en tant que Consul d’Italie à Trabzon (Trébizonde), couvrant les provinces d'Erzrum (Erzeroum), Van, Bitlis, Sivas et Trabzon. Il est le témoin oculaire des massacres et la déportation des Arméniens. En août 1915, à la déclaration de guerre de son Pays contre la Turquie, Gorrini doit quitter Trabzon. Lors de la Première guerre mondiale, il dénonce les actes criminels des dirigeants Turcs contre les arméniens, décrivant toutes les horreurs du génocide dirigé contre eux. “ Si chacun avait connu ce que je sais et avais vu que j'ai vu de mes propres yeux et ai entendu de mes propres oreilles ”, a dit Gorrini, “ en maintenant(entretenant) tous les Chrétiens se seraient levés contre la Turquie, pour maudire son gouvernement inhumain, et le féroce comité « Union et Progrès » et leurs alliés et les auraient tenus comptables de ces crimes sans précédent et dans le passé et l'histoire récente de l’Humanité" Lors de son retour en l'Italie en Mai 1915 il sauve, avec l'Ambassadeur américain Morgenthau et Monsignor de Vatican 50,000 arméniens de la déportation. De 1918 à 1920 il est Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de l'Italie auprès de la République Indépendante d’Arménie. Giacomo Gorrini a tenté d'organiser l'intervention de deux vaisseaux de guerre italiens pour venir secourir les Arméniens ; opération avortée à la dernière minute par le Ministre des Affaires Etrangères nouvellement nommé.En 1920 Gorrini rédige un Mémorandum sur le Traité de Sevres dans lequel il proposé le soutien sans réserve du gouvernement italien pour l'indépendance de l'Arménie, incluant la Cilicie. Dans sa conclusion, Gorrini expose : « faute de résoudre le problème de l'Arménie, même partiellement, la paix sera périodiquement remise en cause dans le monde entier".De 1920 à 1940 il aide d’innombrables Arméniens à migrer de Turquie vers l'Italie. Il sauve une jeune fille Arménienne de Bayburt qui restera auprès de lui jusqu'à sa mort.En 1940 Giacomo Gorrini écrit un livre dans lequel il affirme qu’ils est grand temps que les Arméniens regagnent leur terre qu'ils ont perdus (Kars, Ardahan, Van etc).Giacomo Gorrini meurt à Rome en 1950
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Johannes Lepsius est né à Potsdam, (Allemagne) en 1858. Pasteur évangélique, il fonde, après les premiers massacres en Turquie de 1895 (trois cent mille victimes), la Mission Allemande d'Orient dont qui aura pour but d’accueillir dans des orphelinats les enfants arméniens rescapés des massacres. En 1896 il publie "L'Arménie et l'Europe", son premier témoignage sur les atrocités commises par le sultan Abdul Hamid II, allié de Guillaume II. Pour venir en aide aux victimes arméniennes des persécutions, il crée la Fondation Lepsius, avec plusieurs établissements en Anatolie. De 1912 à 1914 il participe aux démarches diplomatiques et aux conférences sur la question arménienne à Constantinople, Paris, Londres et Berne. Peu après les débuts du génocide arménien de 1915 il a un entretien dramatique avec Enver Pacha, le ministre de Guerre, où il l’exhorte, en vain, d'arrêter la déportation systématique de la population arménienne. En 1916 il rédige La Situation de la Population Arménienne en Turquie imprimé confidentiellement (à titre privé), en dépit de la censure turkophile allemande, qui néanmoins réussi à confisquer un certain nombre d’exemplaires. Réfugié en Hollande, il continue sa lutte en faveur des Arméniens. Il réalise un ouvrage intitulé Allemagne et Arménie 1914-1918 recueil des documents diplomatiques allemands. Il témoigne au procès de Soghomon Tehlirian, meurtrier de Talaat Pasha, le ministre de l'Intérieur Turc. Par son témoignage, Tehlirian est acquittés. En 1923 il lance les bases d’une Académie arménienne à Potsdam. Il meurt à Merano, (Italie) en 1926
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Avocat d'origine Juive, Morgenthau est né à Mannheim en 1856. En 1913 il est nommé Ambassadeur des Etats-Unis auprès de la Sublime Porte à Constantinople. Pendant toute la durée de son mandat il s’emploie à contacter personnellement les chefs du Comité Union et Progrès, « Jeunes Turcs » comme Enver, Djemal et Talaat, les appelant à faire cesser les déportations et l'extermination de la population arménienne de Turquie. En 1916 il retourne en Amérique où il consacre ses efforts au rassemblement de fonds pour des survivants Arméniens. En 1918 il organise des conférences sur l'extermination des Arméniens et publie son livre de mémoires «Ambassador Morgenthau's Story». Avant l’entrée en guerre des Etats-Unis ce livre est censuré. Il avait titré le chapitre sur les Arméniens "le Meurtre d'une Nation" et analysé la manière dont le génocide a été mené à celle préconisée par les conseillers allemands. Il tient des conférences sur la question arménienne, appelant le public à faire pression pour la création de la Société des Nations. Il soutient les actions humanitaires de "Committee for Relief in the Near East", destiné à retrouver les orphelins arméniens errants dans le désert ou réduits à l'esclavage. A partir de 1919 il devient membre d'une mission d’enquête sur les pogroms contre les Juifs de Pologne, travaillant parallèlement pour le rapatriement des survivants arméniens en proie à la famine et aux épidémies. Il se bat pour la création de l'Arménie de Wilson, la grande Arménie Anatolienne sous mandat et protection américaine ; mandat, qui, cependant, n'a jamais été ratifié par les Etats-Unis. Henry Morgenthau meurt à New-York en 1946.
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Armin Theophil Wegner est né à Wuppertal (Westfalie) le 16 octobre 1886. Docteur en Droit, écrivain, poète il est profondément bouleversé par la tragédie du peuple arméniens qu’il a de ses yeux vue dans la Turquie ottomane. Wegner a consacré une grande partie de son existence au combat pour les droits de l'homme par ses oeuvres littéraires et poétiques à la recherche de la vérité sur lui-même et ses contemporains. Il meurt à Rome le 17 mai 1978. "Armin T. Wegner, intellectuel et réfugié" par Anna Maria Samuelli L'histoire d'Armin T. Wegner est en effet remarquable : intellectuel élevé au côté de son père dans la plus pure tradition prussienne, véritable patriote et soldat, mais aussi auteur et poète, enrichi par une puissante conviction indestructible l'empêchant d'accepter le statu quo établi, mais l'exposant à la vindicte des classes dirigeantes. En Allemagne, la consolidation du National Socialisme après les années trente, ont été accompagnées par la suppression de toute expression d'avant-garde artistique et de tout ce qui apparaissait en dehors de la ligne officielle. Cela explique l'émigration de plus d’un demi million d'intellectuels Allemands après 1933. Nombreux étaient les endroits où Wegner pouvait vivre son exil volontaire; Comme beaucoup d'autres intellectuels, l'Italie fut sa destination finale. Ce n'était certes pas un choix sûr par la présence influente d’un régime Fasciste. Aucune destination n’apporterait de sérénité, étant donné la nostalgie inévitable qu’accompagne le banni. Il ne pouvait s’attendre qu’à "un abri précaire" pour y déposer son lourd fardeau. Le sien était "un voyage sans retour", nécessité par un climat d’oppression interne dans son pays. Ce serait donc un voyage agité dont il était plus ou moins conscient. Il se devait de témoigner malgré un régime insensible aux valeurs et humaines et culturelles. Il n'est pas facile pour un intellectuel, tourmenté par les tortures, et la souffrance qu’il a vu, de faire entendre sa voix dans une terre étrangère. L'expérience du génocide, tel que Varlam Salamov l'a écrit, n’a plus permis de production littéraire. Mais la question réelle est : quelle littérature ? |
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Romancier autrichien, dramaturge et poète d'origine Juive, Werfel est né à Prague en 1890. Dans sa jeunesse il fait partie de groupes pacifiste révolutionnaires, il fonde une ligue antimilitariste et tient des réunions de pacifiste à Berne, Prague et Davos. Il apprend de Johannes Lepsius et Armin Wegner, qu'il connaît, le drame du peuple Arméniens. En 1929, lors d'un séjour en Syrie, il voit de ses propres yeux l'inanition, des enfants de réfugié mutilés et malades arméniens travaillant aux métiers à tisser. Il en est profondément choqué et en 1933 il publie le roman le plus célèbre du drame des Arméniens jamais écrits : les Quarante jours de Musa Dagh . En raison de ses origines juives et de son activisme il est expulsé de l'Académie prussienne et ses livres sont brûlés. En 1940 il se réfugie en France où, pour honorer un voeu, il écrit le roman « La Chanson de Bernadette » sur la vie de la Sainte de Lourdes. Il s'établit par la suite en Espagne puis le Portugal, d'où il embarque pour New-York. Werfel meurt en Californie en 1945. Le chapitre V des « Quarante Jours de Musa Dagh » est intitulé "Intermezzo des Dieux" et consacré au dialogue dramatique, entre Lepsius et le persécuteur Enver Pasha. C'est l'un des passages les plus tourmenté de la littérature moderne.
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