Sait Çetinoğlu

Malte : les archives

Révéler la vérité sur 1915 revient à décrypter les secrets de la fondation de la république de Turquie

Les archives de Malte nous livrent l’histoire de la tragédie d’un peuple, nous décrivent comment le destin du peuple arménien fut sacrifié aux considérations de la realpolitik. Elles sont la manifestation de l’immoralité des grandes puissances, une démonstration de la manière dont les droits de l’homme furent sacrifiés à des intérêts impérialistes, et un exemple sans précédent de crime laissé impuni.

Les archives de Malte constituent sans aucun doute l’un des corpus les plus révélateurs sur le génocide arménien, qui est l’un des plus importants épisodes de notre histoire récente, et pourtant une réalité que nous ne voulons pas examiner. En réalité, révéler la vérité sur 1915 revient à décrypter les secrets de la fondation de la république de Turquie. C’est pour cette raison que la période située entre 1915 et 1923, date de la fondation de la République turque, est le domaine de recherche le plus difficile, à cause des obstacles juridiques. Les archives de Malte sont les plus significatives, car elles mettent en lumière cette période de transition.

Ces documents nous livrent les rapports rédigés par 150 fonctionnaires civils et gouvernementaux ottomans lors de la Première Guerre mondiale. C’est aussi l’histoire de l’anéantissement d’un peuple soumis à l’isolement de la guerre et à la saisie de tous ses biens, le récit de la manière dont une nouvelle bourgeoisie commerciale et une autre bourgeoisie bureaucratique ont prospéré sur les richesses usurpées de ce peuple. Les rapports des témoins, et les victimes que l’on découvre dans ces documents, constituent aussi pour nous une leçon morale. C’est là que nous pouvons trouver des indices conduisant aux vérités cachées de la fondation de la république de Turquie, et c’est pourquoi autant d’efforts sont déployés pour laisser ces évènements de 1915 dans l’oubli, car ces mêmes documents expliquent pourquoi la Turquie ne pourra jamais reconnaître le génocide arménien. Ils nous racontent aussi cette continuité, depuis le Comité Union et Progrès jusqu’à la République turque, les racines historiques des activités secrètes et de la corruption actuelles de l’appareil d’Etat en Turquie.

Etre exilé à Malte était presque un privilège, car ils ne furent jamais qualifiés de « prisonniers », et eux-mêmes préféraient être qualifiés d’ « exilés ». En lisant leurs mémoires, on voit clairement qu’ils ne menaient pas la vie d’un détenu. La description de la vie quotidienne à Malte dans les mémoires de Kuşçubaşi Eşref est toute luxueuse. De nombreux prisonniers à Malte pouvaient s’en évader très aisément, car on le leur permettait.

De nombreux exilés de Malte furent nommés à des postes clé du gouvernement, une fois leur sentence abrogée. En reconstituant, à travers ces documents, les arbres généalogiques des exilés de Malte, nous pouvons voir qui étaient les véritables responsables de l’appareil d’Etat. 4 des 50 gouverneurs clé, dont les biographies ont été publiées par le ministère de l’Intérieur, étaient d’anciens exilés de Malte, outre de nombreux autres, dont les enfants et petits-enfants ont ensuite accédé à de hautes charges gouvernementales.

Les archives de Malte nous livrent l’histoire de la tragédie d’un peuple, nous décrivent comment le destin du peuple arménien fut sacrifié aux considérations de la realpolitik. Elles sont la manifestation de l’immoralité des grandes puissances, une démonstration de la manière dont les droits de l’homme furent sacrifiés à des intérêts impérialistes, et un exemple sans précédent de crime laissé impuni. Elles montrent comment un crime de génocide fut récompensé par l’impunité et comment on ouvrit la voie à de nouveaux génocides. Hitler n’exprima-t-il pas en 1939 de manière très claire l’encouragement représenté par cette tragédie ? Ce qui s’est passé en Algérie, puis lors de l’Anfal [NdT : allusion à la période de répression du gouvernement irakien contre les Kurdes, entre février et septembre 1988], en Bosnie, au Rwanda, au Kosovo, les atrocités du Darfour et en Irak aujourd’hui, sont autant de conséquences de cette impunité.

Entre autres choses, la politique de « neutralité » de la Grande-Bretagne, adoptée tout d’abord le 16 mars 1921, date à laquelle elle reconnut le gouvernement d’Ankara, considéré comme un tampon contre l’Union Soviétique, et qui s’est poursuivie depuis lors, fut aussi responsable de l’oubli de ce génocide, au nom d’intérêts impérialistes. Le peuple arménien fut donc doublement victime, d’abord pour avoir été soumis à un génocide, avec les encouragements d’un pays impérialiste, à savoir l’Allemagne, puis à cause du fait que les responsables de ce génocide furent récompensés au lieu d’être punis, grâce aux intérêts d’un autre pays impérialiste, la Grande-Bretagne cette fois.

Afin de retrouver les exilés de Malte, nous avons étudié les biographies des autorités administratives et militaires. Nous n’avons pu faire usage des documents publiés par l’Etat-major, car les biographies des commandants de la Guerre de libération n’ont gardé aucune trace de leurs postes entre 1915 et 1917. On a observé que les biographies des responsables gouvernementaux, en poste dans les régions de déportation, étaient très intéressantes, car elles indiquaient clairement comment les rapports personnels des kaymakams et des mutasarrifs1 ont déterminé leur carrière future. Ceux qui désapprouvèrent les mesures perdirent la vie, comme ce fut le cas d’Ali Sabit Es-Süveydi, vice-kaymakam de Besiri, un district annexe du vilayet de Diyarbekir, ou Nesim Bey, kaymakam de Lice, et le kaymakam de Derik. Quelques autres eurent la chance de payer leur attitude par une mutation d’office, comme Celal Bey, le gouverneur de Konya, et Fayk Bey, mutasarrif de Kütahya. On a découvert dans les rapports officiels d’Ahmet Ferid, kaymakam de Foça, qu’il fut limogé pour le punir d’avoir sauvé la vie aux Grecs de Foça en les aidant à fuir vers l’île de Lesbos. Certains autres responsables limogés se sentirent tellement menacés ensuite qu’ils durent quitter le pays.

Notre travail sur les rapports personnels des autorités gouvernementales, qui servirent dans les régions de déportation, révèle que certains d’entre eux furent victimes de meurtres non élucidés, mais nous n’avons pu trouver aucune trace sur les détails de ces meurtres. Par exemple, dans les rapports personnels de Mustafa Hilmi, mutasarrif de Mardin, et d’Ali Fehmi Bey, membre du Comité des Transports mis en place à l’intérieur du Directoire de l’Immigration et du Repeuplement à Akşehir, il est dit que ni le motif de ces meurtres, ni les meurtriers n’ont pu être identifiés. Dans certains rapports de ces responsables, qui furent ensuite assassinés, certaines annotations indiquent que les meurtriers étaient des « komitaci » arméniens2. Par exemple, Nabi Bey, qui exerça dans la police de Konya et qui se réfugia à Kars pendant deux ans comme suspect de génocide, fut tué par des activistes arméniens en 1921.

Toutefois, la plupart des responsables gouvernementaux, qui furent en poste pendant les déportations et dont les noms apparaissent dans les archives de Malte, furent ensuite récompensés par de hautes fonctions dans l’appareil d’Etat. Il n’est pas non surprenant de voir que ces mêmes responsables gouvernementaux, qui furent impliqués dans le génocide, ont été les premiers à rejoindre la « lutte nationale » conduisant à la fondation de la république. Le gouverneur de Bitlis, Mazhar Müfit (Kansu), celui de Van, Haydar Hilmi (Vaner), ainsi que Halis Turgut, Deli Halit Pasha, le général Pertev Demirhan, Sari Edip Efe, ou le député Hilmi d’Ardahan, sont des noms qui reviennent souvent, parmi les plus connus d’entre eux.

D’un autre côté, certains des responsables gouvernementaux, cités dans les archives de Malte, n’ont pu être retrouvés, par manque de documents, à savoir des responsables du génocide tels que Salih Zeki, kaymakam de Develi en 1915, qui fut nommé mutasarrif de Deir-es-Zor en 1916, et Mustafa Asim, kaymakam de Harput en 1914, d’Akçadağ en 1915 et d’Of en 1918. Ce sont eux qui se servirent des biens usurpés des Arméniens pour échapper avec succès aux poursuites. La loi sur les noms de famille, qui exigeait de chaque citoyen turc qu’il adoptât un nom de famille à la mode occidentale, aida les criminels à dissimuler leurs identités et donc à échapper à leur châtiment. Le retour de Veli Necdet dans les années 30 à Ankara, en tant que président de la Chambre de commerce d’Ankara, sous le nom de famille de Sünkıtay, après avoir servi comme directeur de la Poste de Diyarbekir en 1915, et la mort de Memduh Sermet, gouverneur de Mossoul en 1915, dans un accident sur la route, alors qu’il se rendait à Izmir pour affaires, sont deux cas très significatifs à cet égard. Le député de Bolu, Habip, devint un respectable homme d’affaires pendant la période républicaine, connu de tous comme le « roi du boulgour »[Le fait que beaucoup de ces suspects devinrent ensuite des hommes d’affaires très liés entre eux peut aussi être vu comme un détail révélateur de l’histoire récente de la Turquie, et la loi sur les noms de famille les aida beaucoup à dissimuler leurs identités.

Mehmet le pharmacien, qui fut ensuite connu sous le nom de Mehmet Eczacıbaşi, créateur de groupes industriels parmi les plus importants de la Turquie actuelle, est un exemple frappant de ces hommes d’affaires turcs qui doivent leur richesse à l’usurpation de biens qui appartenaient à des non musulmans. C’est là l’origine de cette expression familière en turc, les « tehcir zenginleri » ou « barons de la déportation », qui dévoile la vérité sur cette Anatolie, paradis des barons de la déportation.

Ce n’est non plus un hasard si les chefs des services administratifs en place, là où furent réinstallés les Arméniens déportés, et si les responsables gouvernementaux en fonction dans les sections locales du Directoire général pour l’installation des immigrants et des tribus (Muhacirin ve Aşairin Umum Müdürlüğü) (GDSIT), les bureaux politiques des directoires de la sécurité publique et les services de fournitures alimentaires, furent les premiers à rejoindre les forces armées du mouvement turc de libération nationale. Ils avaient été nommés à ces postes par le CUP pour des missions spéciales. Par exemple, Ahmet Nazif Göker, du ministère des Fournitures alimentaires, Mustafa Maruf et Ahmet Faik Ustün furent parmi les premiers à rejoindre les branches armées du mouvement de libération. D’autres exemples montrent comment d’anciens membres du CUP furent récompensés par des postes enviés dans la société : Ahmet Faik Günday, mutasarrif de Malatya et frère aîné de Ziya Hurşit, fut nommé député d’Ordu. Ibrahim Zağra, maire d’Edirne et chef du Département du repeuplement, qui fut aussi l’un des fondateurs du parti Teceddüt créé par d’anciens dirigeants du CUP, servit pendant de longues années comme maire d’Edirne et président de la Chambre de commerce d’Edirne. Mehmet Şükrü Yaşin, qui servit en tant que kaymakam de Midyat, de Malatya et de Trablusşam entre 1914 et 1917, fut ensuite nommé député de Çanakkale. Ahmet Esat Uras, qui dirigea les services secrets locaux et fut directeur-ajoint aux Affaires politiques, fut d’abord nommé directeur de la Sécurité publique, puis gouverneur, et enfin membre de l’Institut d’Histoire turque et membre du Parlement. Ali Haydar Yuluğ, directeur-adjoint de la branche locale du GDSIT, parvint aux fonctions de maire d’Ankara ; Ali Rıza Ceylan, directeur de la Poste à Van et Bitlis, M. Kadri Necip Uçok, directeur de la Poste à Sivas, ainsi que le mutasarrif de Palou et Mardin, servirent comme gouverneurs dans plusieurs provinces. Mehmet Ata, qui servit pendant les années de déportation à la Poste de Sivas et fut mutasarrif de Yozgat, fut nommé membre du Parlement et ministre de l’Intérieur. Il existe bien d’autres exemples, tels que Ismail Sefa Özler, Ismail Müştak Mayokam, Mehmet Vehbi Bolak, Mehmet Fuat Carim, Ömer Adil Tiğrel et Mehmet Fehmi Alta.

Ceux qui furent ensuite recherchés pour leur implication dans le génocide furent aussi parmi les premiers à rejoindre le mouvement national. Parmi ceux-ci, rappelons tout d’abord les noms de Mahzar Müfit, Haydar Vaner, Arslan Toğuzata (chef de la police de Trablusşam), Abdurrahman Şeref Uluğ de Diyarbekir, Hüseyin Tahir Güvendiren, Halil Rifat Şabanoğlu, Rüştü Bozkurt, Ali Şuuri, le député d’Eskişehir et de Şarkikarahisar, Mahzar Germen, Tevfik Rüştü Aras, Refif Saydam, Memduh Şevket Esendal, Yenibahçeli Nail, Şükrü Saracoğlu et Hüseyin Aziz (Akyürek), membre du Comité Central du CUP, connu pour être l’un des planificateurs du génocide.

Rien de plus logique ainsi de voir deux prisonniers à Malte, dont un, Haci Adil Bey, reçu ensuite à la Faculté de Droit d’Istanbul, et l’autre, M. Reşat Mimaroğlu, chef de la police, nommé président du Conseil d’Etat, comme il est d’usage en Turquie, lorsque le chef du coup d’Etat militaire de 1980 fut ensuite récompensé par un poste honorifique dans cette même Faculté et qu’un chef de la police fut nommé ministre de la Justice.

Par ailleurs, certains prisonniers à Malte bénéficièrent ensuite de pensions et d’indemnités civiles du gouvernement au titre de « services rendus à la patrie ». Nous avons découvert leurs noms dans la « Charte » du budget du gouvernement pour l’année 1955. Parmi eux figuraient Nusret, mutasarrif d’Ourfa, qui fut exécuté pour ses crimes lors du génocide, Kémal, kaymakam de Boğazlayan, cité comme « martyr de la Nation », Yahia Kaptan, qui « mourut comme martyr » alors qu’il servait comme commandant de la région de Gebze, l’ancien ministre de la Marine, le général Ahmet Cemal, l’ancien Sadrazam Talat, l’ancien gouverneur Reşit de Diyarbekir, le Şeyhülislam Hayri4, Ziya Gökalp, le major d’artillerie Rıza aujourd’hui disparu, le député de Kırşehir Mehmet Rıza Silsüpür (Keskinli Rıza), le député d’Edirne Faik Kaltakıran, le député de Gaziantep Ali Cenani, le député d’Istanbul Numan Ustalar, le député de Moush Ilyas Sami, le gouverneur de Bitlis Mazhar Müfit Kansu, le gouverneur et le député de Van Hayder Vaner, Fevzi Pirinççioğlu, Arslan Toğuzata, Rüştü Bozkurt, Hacı Bedir, Mazhar Germen, Süleyman Sırri Içöz, Rauf Orbay, Eyüp Sabri Akgöl et Bekir Sami Kunduh.

Murat Bardakçı, historien très connu, a écrit : « En réalité, la position d’Atatürk sur la question arménienne est clairement manifeste dans la manière avec laquelle il distribua les biens [des Arméniens]. Il attribua aux familles de personnes assassinées par des Arméniens de très fortes pensions et il signa personnellement des instructions ordonnant le transfert des biens arméniens saisis à ces personnes. L’épouse de Talaat Pacha reçut la pension la plus élevée pour « services rendus à la patrie ». On fit de même pour les épouses des membres du Comité Central et celles des membres clé de l’Organisation Spéciale (Teşkilat-ı Mahsusa). La pension la plus élevée fut attribuée à Mahpeyker Hanim, la fille d’Enver Pasha. »

Les exilés à Malte furent récompensés par des postes gouvernementaux au plus haut niveau. Certains furent nommés Premier ministre, d’autres ministres ou gouverneurs ou membres du Parlement, et ainsi de suite. Deux exilés de Malte, Ali Fethi Okyar et Rauf Orbay servirent comme Premiers ministres. D’autres, comme Fevzi Pirinçioğlu, Şükrü Kaya, Abdülhalik Renda, M. Şeref Aykut, Ali Seyit, Ali Cenani, Ali Çetinkaya furent nommés dans des cabinets ministériels. De nombreux exilés de Malte devinrent ensuite gouverneurs ou généraux dans l’armée. A leur retour en Anatolie, plusieurs anciens exilés de Malte furent nommés députés au Parlement.

Non seulement les exilés de Malte jouèrent un rôle direct dans la fondation de la République turque, mais leurs enfants et petits-enfants ont continué à occuper d’importantes fonctions gouvernementales jusqu’à ce jour. Les fils de deux exilés de Malte siégèrent au cabinet de « restauration » d’Inönü mis en place après le coup d’Etat militaire du 27 mai 1960. Celalettin Uzer, ministre du Développement et de l’Habitat dans le cabinet Inönü, était le fils d’Hasan Tahsin Uzer, qui était le neveu d’Enver, et Vefik Pirinççioğlu, ministre d’Etat dans ce même cabinet, était le fils de Fevzi Pirinççioğlu, qui était le neveu de Ziya Gökalp. Il est intéressant de voir que le grand-père était l’un des personnages clé des massacres de 1895, son fils l’un des fondateurs de la République, et son petit-fils un membre du cabinet de « restauration ». Le beau-frère d’Enver, Kazım Orbay, fut chef d’Etat-major entre 1944 et 1946 et président du Parlement mis en place après le putsch militaire de 1960. Le général Fahri Ozdilek, membre de l’Organisation Spéciale et assistant du commandant bien connu de cette même Organisation, Fuat Bulca, fut l’un des organisateurs du coup d’Etat du 27 mai 1960 et fut nommé sénateur dans le Parlement du cabinet de restauration. Suat Hayri Ürgüplü, l’un des Premiers ministres du « régime intermédiaire » et ancien ministre, était le fils du Şeyhülislam Hayri Efendi et donc l’un des symboles de la continuité entre le CUP et la République.

Nous savons que le lecteur reconnaîtra plusieurs noms familiers, qui sont cités dans le chapitre sur Diyarbekir. En préambule, soulignons que les Aksus et les Göksus sont deux familles étroitement liées et que les petits-enfants d’Hacı Bedir Aga siègent actuellement comme députés au Parlement.

En outre, beaucoup d’exilés de Malte partageaient avec les fondateurs de la République de mêmes origines. Car Süleyman Nazif, Pirinççioğlu, Gökalp et Germens étaient apparentés. De même que Tahsin Uzer, Enver, Cevdet et Kazım Orbay. Ubeydullah Efendi était l’oncle de Mahmut Esat Bozkurt, Hüseyin Tosun était le frère du Dr Reşit, et Abdulhalik Renda était le beau-frère de Talaat. Beaucoup d’exilés à Malte étaient des camarades de classe, ce qui révèle qu’ils provenaient des mêmes milieux sociaux.

En résumé, les archives de Malte nous livrent des preuves d’une continuité entre le CUP et la République turque, où nous pouvons remonter aux racines du génocide.

1)
Dans l’empire ottoman, un mutasarrif était le gouverneur d’un district. Cette unité administrative faisait partie d’une vilayet (province), administrée par un vali, et comprenait des nahiye (communes), chacune d’elles étant administrée par un kaymakam.
2)
Komitaci [NdT : comploteur] : terme turc méprisant pour désigner un membre d’une organisation arménienne armée.
3)
Boulgour : forme de blé bouilli, concassé et séché.
4)
Şeyhülislam : autorité religieuse suprême dans l’empire ottoman.

Traduction : Georges Festa – 07.2007
Précédemment publié en 2007, après accord de l’éditeur.

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