RHAC III ► Partie II : La légion d'Orient, le mandat français et l'expulsion des Arméniens (1916-1929).
L’étude de Guévork Gotikian publiée ci-dessus révèle entre autre les fortes tensions qui existaient entre l’administration militaire française du Levant et les volontaires arméniens servant dans la Légion d’Orient. Après une très brève période d’euphorie, consécutive à la signature de l’armistice de Moudros, la politique de puissance coloniale de la France reprit naturellement son cour normal au Levant et singulièrement en Cilicie. Contrôler ces régions avec les méthodes habituelles, consistant notamment à s’appuyer sur les antagonismes locaux en y mobilisant le minimum de forces, était évidemment une des voies naturelles pratiquées par les militaires et politiques français. Cependant, cette orientation heurta de front les rescapés arméniens de retour des camps de concentration des déserts de Syrie et de Mésopotamie, dont la sensibilité, après le génocide qu’ils venaient de subir de la part du gouvernement turc, était vive. Pour les quelque deux cents mille Arméniens rapatriés en Cilicie par les Anglais et les Français, les soldats de la Légion Arménienne étaient les protecteurs naturels et le noyau militaire qui allaient leur permettre de vivre en sécurité dans cette région. Aussi, lorsqu’ils constatèrent que, tout en s’appuyant sur cette légion pour contrôler la Cilicie, les autorités françaises se refusaient à mettre en place une administration à laquelle les Arméniens seraient associés, préférant conserver les fonctionnaires turcs en place, ou encore que rien n’était fait pour récupérer les biens spoliés durant la guerre ou les femmes et jeunes filles arméniennes retenues dans les harems locaux, et qu’enfin l’état-major français désarmait systématiquement les bataillons arméniens de la Légion d’Orient, dont les effectifs se réduisaient rapidement, la bienveillance fit place à l’amertume.
Les extraits de lettres des légionnaires saisies que nous publions ci-après sont à cet égard hautement révélateurs de l’état d’esprit dominant au sein des forces arméniennes au printemps de 1919, quelques semaines à peine après leur arrivée en Cilicie. Le lieutenant Aubagne, «président du contrôle postal » de Port-Saïd, remarque du reste, dans le rapport qu’il adresse au Commandant des Troupes françaises du Levant le 12 avril 1919, que « la correspondances venant des troupes arméniennes de Cilicie montre que le même esprit antifrançais règne toujours ». Mais on peut y lire aussi des commentaires amers et désabusés sur certains des incidents évoqués dans l’étude de G. Gotikian, portant sur ces faits un regard singulièrement différent de ce qu’on peut lire dans les rapports des fonctionnaires coloniaux français.
Il faut en tout cas en lire quelques-uns pour prendre la mesure de la rupture qui se produit en Administration française et Arméniens dès le printemps 1919. Chaque détail donné, la façon même de rédiger sont hautement révélatrice de l’ambiance du temps, de la subtilité de l’état-major français qui envoie en Cilicie des conscrits des colonies d’Afrique du nord pour gérer une situation dans laquelle bourreaux et victimes se font face dans le contexte ambigu du mandat français.
Mais tous ces incidents, classiques dans ce genre de situation, sont insignifiants comparés aux reproches que les Arméniens adressent aux Français de coopérer avec leurs bourreaux turcs, de s’entendre sur leur dos avec les nationalistes kémalistes, de refuser de juger les notables locaux dont l’implication dans le génocide de 1915 est connue de tous. Un autre sujet de plainte concerne le statut qui leur est réservé, notamment le fait qu’ils perçoivent une solde nettement inférieur à celle de leurs compagnons d’arme issus de l’empire français, qu’ils sont plus mal nourris et plus mal vêtus et font l’objet de brimades injustifiées. Nous sommes là au cœur d’un problème d’histoire des mentalités, mettant au prise une administration coloniale, ayant des méthodes éprouvées et une solide expérience des populations musulmanes, et une société arménienne qui, malgré le drame qui vient de la frapper, supporte assez mal ces hommes tout de rigueur militaire qui ignorent totalement ce qu’elle vient de subir et ne respectent pas leur dignité, les traitant comme des « indigènes ». Se trouve ici soulevée l’épineux problème de gestion d’une situation politique et sociale conflictuelle, consécutive à un génocide.
R.H.K.
I
Service historique de l’armée de Terre (Vincennes), 4H 127/ d .2,
Armée du Levant, Deuxième Bureau, liasse 25.
Rapport du lieutenant Aubagne,président du Contrôle militaire postal, à Port Saïd,
adressé au général commandant l’Armée française du Levant, le 2 avril 1919
J’ai l’honneur de vous adresser ci-cinclus la traduction succinte d’un long rapport adressée à mademoiselle Rose Kalfayan pour être remis à Adom Takvorian, à Port Saïd.
« Résumé des événements d’Alexandrette. — Un soir, dans un théâtre où se trouvaient des tirailleurs algériens et des légionnaires arméniens, les tirailleurs exigèrent de la danseuse qui se trouvait alors en scène et qui chantait des chansons et dansais des danses turques et arabes de continuer jusqu’à la fin de la représentation. L’heure de l’appel approchant, les Arméniens s’y opposèrent, demandant des danses arméniennes. Les danseuses finalement contentèrent les Arméniens, ce que voyant les tirailleurs en siffant sortirent de la salle. Quelques instants après, ils revenaient avec des fusils chargés et sans motif se mettaient à tirer dans le théâtre. Les nôtres aussitôt coururent à la caserne chercher leurs armes afin de se venger de leurs adversaires. Mais les Algériens ayant tué un de nos soldats et pensant que l’affaire deviendrait grave s’en étaient retournés, suivis de quelques Turcs avec lesquels ils avaient des rapports.
Mais, alors que nos soldats poursuivaient à travers la ville nos adversaires, de la maison d’un civil turc on fit feu. Voyant un des leurs tomber mort, les soldats arméniens commencèrent à incendier et piller cette maison. Le lendemain matin, nos soldats refusèrent d’aller à l’exercice, réclamant des cartouches (car nous n’avions pas le doit de porter des cartouches, alors les Algériens étaient autorisés). Voyant cela, le commandant français nous somma de déposer nos armes et de les remettre à des marins français pour la garde de la ville. Kévork Tchavouche, qui était adjudant, décida avec un groupe de soldats de remettre les armes au commandement anglais, ce qu’ils firent.
D’autre part, un officier français fit fusiller quelques soldats arméniens, mais avec quelle « fraude » ! je vais vous le raconter. Les muletiers qui logeaient en dehors de la caserne, et assez loin même, étaient tout à fait étrangers aux événements et n’avaient pas reçu l’ordre de déposer les armes. Ledit officier leur avait dit qu’il y avait une revue d’arme et que tous devaient se rendre à la revue. Juste à ce moment, l’officier, avec quelques uns de ses soldats, se dressa au devant de nos hommes en leur criant : « Ne passez pas ». Les Arméniens, devant ce spectacle imprévu et étonnant, tous ensemble ont jeté leurs armes. Mais alors que les autres avaient commencé à tirer sur eux, un des nôtres, comme un fou, s’est jeté aux pieds de l’officier, disant « Ayez pitié de nous ». Cet enfant a été tué juste aux côtés de l’officier.
On a dit que les civils et militaires arméniens avaient formé le projet de massacrer les Turcs, mais nous n’avions pas de cartouches alors que les Turcs ont des armes plus qu’il n’en faut et des mitrailleuses, et les Algériens sont armés jusqu’aux dents. N’est-il pas plus juste de dire que les Algériens ont des rapports continuels avec les populations turques et qu’ils cherchaient une occasion pour qu’on éloigne ou qu’on retire les Arméniens de Cilicie. Est-ce que depuis longtemps ces deux compères ne préparaient pas cela. Le mahométan restera mahométan. Exemple les Anglais ont dû remplacer la garde indienne mahométane par des soldats anglais, car les premiers tenaient des réunions avec les habitants turcs [...]
Un autre point. Le civil turc qui a tiré de sa maison sur nos soldats est parti le lendemain à Alep et c’est sur ses instigations qu’eurent lieu les récents massacres d’Arméniens à Alep [...] »
II
Service historique de l’armée de Terre (Vincennes), 4H 127/ d .2,
Armée du Levant, Deuxième Bureau, liasse 27.
Rapport du lieutenant Aubagne,président du Contrôle militaire postal, à Port Saïd,
adressé au général commandant l’Armée française du Levant, le 12 avril 1919
L’examen de la correspondance venant des troupes arméniennes de Cilicie montre que le même esprit antifrançais règne toujours. De nombreux passages de lettres ont dû être supprimés et certaines saisies définitivement. Ci-inclus 8 traductions.
Résumé d’une lettre de 10 pages écrite par le caporal Archag Homadji, Nouvelle gare d’Adana, à Ajadkian, à Héliopolis (n° 25, lettre conservée à la censure).
« Les Français veulent, dans la mesure du possible, disperser un grand nombre de soldats arméniens, mais ils ne réussissent pas et ne réussiront pas encore. Des quatre coins, les jeunes gens arméniens viennent se faire inscrire comme volontaires.
Près des Turcs se trouve encore un grand nombre de jeunes filles arméniennes et des orphelins, mais aucun n’est libre. Le gouvernement français ne prend pas en considération cette cause, nous ne savons pas pourquoi. « Les soldats arméniens sont mauvais », disent-ils. Comment le soldat arménien pourrait-il être autrement, et ne pourrait-il pas se soulever quand il sait sa sœur aux mains des Turcs. Quand il voit que le turc ne veut pas rendre ce qui lui appartient, il devient mauvais et tue. Et voila alors une grande affaire qui commence ».
Lettre écrite par Dikran, à Adana, à Madame Lola Soganian, Le Caire (lettre conservée au contrôle.
« Sous le nom de gouvernement français, les Français ont pris en main l’administration du pays, mais les lois sont demeurées les mêmes que ce qu’elles étaient avant. Les agressions se continuent pareillement et les prisons sont encore pleines d’Arméniens qui parviennent là sans jugement, sans reconnaître les innocents des coupables. Mais qui pensera à eux ? Personne. Les gendarmes turcs se moquent des prisonniers arméniens, assassinent des officiers, mais conservent toujours leur position de gendarme, et les Français, philantropes (?) continuent à demeurer indifférents.
Les filles arméniennes souffrent encore dans les harems turcs. Les terres des Arméniens sont encore dans les mains des propriétaires turcs, et il n’y a personne pour réclamer ou pour poursuivre. Les lettres de réclamations demeurent sans réponse et l’arménien attend... Alors qu’espérions-nous ? Qu’avons-nous vu ? On nous oblige à saluer militairement les officiers turcs. Vous pouvez juger l’ignominie d’une telle vexation. Les destructeurs depuis des siècles de nos droits, ceux qui ont enlevé nos sœurs et nos fiancées, qui ont assassiné nos pères et frères, devant ces sauvages, fils d’une race sauvage, il faut se mettre au garde à vous et saluer... Quelle chute !Voila quel est le paiement de nos deux siècles de tortures.
Mais il y a plus. Nos soldats se sont fait libérer en grand nombre de l’armée. Mais il faut voir leur condition. Ils n’ont ni costume ni travail et rien en poche. Ils sont obligés de mendier ça et là afin de pouvoir vivre. Et ce sont ces mêmes soldats qui ont tout quitté, leur position d’alors, leur avenir pour s’engager pour la liberté de leur patrie. Et c’est ainsi qu’ils feront de nous, le destin en a décidé ainsi. Il y a beaucoup de choses à dire, mais se taire est encore mieux. Pourquoi remuer votre cœur, alors qu’il est impossible de trouver un remède.
III
Service historique de l’armée de Terre (Vincennes), 4H 127/ d .2,
Armée du Levant, Deuxième Bureau, liasse 29.
Rapport du lieutenant Aubagne,président du Contrôle militaire postal, à Port Saïd,
adressé au général commandant l’Armée française du Levant, le 27 avril 1919
En dehors des correspondances venant de Cilicie, rien de particulier à signaler.
Lettre écrite par D. Charekchian, d’Adana, à Shuruchian, Hôpital de Suez (lettre conservée à la censure).
« La vie ici n’est pas plaisante. La population arménienne vit une existence de terreur et d’incertitude. Cela est, je crois, la récompense de la noble France, l’amie des nationalités opprimées, pour les sacrifices que nous avons supportés pour elle. Il court une rumeur que la Cilicie est déjà concédée à la France. Ainsi, tous nos sacrifices, toutes nos peines, oui, jusqu’aux héros qui tombèrent en Palestine, ont été pour cette ingrate et trompeuse nation. Je me sens honteux de mon uniforme, car celle qui me l’a donné est train d’essayer d’arracher le morceaux de pain de la bouche de nos orphelins sans secours et de nos veuves.
Mais nous ne pourrons jamais oublier cette grande injustice. La Cilicie, pour nous, va faire naître un mouvement irrédentiste et, j’en ai peur, cela va être la cause de nouveaux versements de sang ».
[En note, de la main du général Hamelin, on lit « à résilier » ; son ordre de résiliation n° 7330, datée du 2 mai 1919, adressé au commandant de la Légion arménienne, est annexé].
IV
Service historique de l’armée de Terre (Vincennes), 4H 127/ d .2,
Armée du Levant, Deuxième Bureau, liasse 32.
Rapport du lieutenant Aubagne,président du Contrôle militaire postal, à Port Saïd,
adressé au général commandant l’Armée française du Levant, le 10 mai 1919
Cette semaine, les correspondances venant de Cilicie ont donné lieu à moins d’observations que les semaines écoulées. Une seule lettre adressée à Mme Masraff (copie jointe) a été saisie [...]
Lettre écrite par Sahag Paytoudjian à Mme Masraf[f], à Port Saïd (conservée au contrôle).
« Mais les nouvelles de notre vie ne sont pas si bonnes que cela. Une partie de nos soldats a quitté le service et sont retournés d’où ils étaient venus. Mais moi j’ai décidé de rester jusqu’à la fin, afin de voir moi-même la fin de notre destinée [...] Tous les jours, devant nos yeux, nous voyons passer les déportés arméniens qui reviennent du désert de Mossoul et il faut maîtriser son cœur en voyant tellement de misérables. Ce sont pourtant de vrais cœurs arméniens, mais les dispositions à leur égard sont tellement mauvaises que je ne l’ose expliquer [...] »
Lettre non signée en anglais adressée à Vahan Schmakian, à Adana (lettre conservée au contrôle).
« Ne peux-tu avoir un peu d’indulgence pour ces injustices. Je sais que cela est dûr, très dûr, mais patience, patience, tu as tellement souffert pour ces gens, ne peux-tu souffrir un peu. Je le sais, ta position est très mauvaise, mais patiente et conseille tes frères d’arme...
Non la Cilicie est à nous. Sais-tu que le président Wilson et la Grande-Bretagne ont dit que la question arménienne allait être tranchée. D’abord elle appartient aux Arméniens. Ce sont ces sales Français qui inventent ces rumeurs pour vous exciter. Aussi sois patient...
Tu le sais bien, j’ai eu toujours, depuis l’enfance, une aversion contre les Français. J’ai toujours dit que l’Angleterre et l’Amérique nous délivreraient de ces Turcs bestiaux [...] »
V
Service historique de l’armée de Terre (Vincennes), 4H 127/ d .2,
Armée du Levant, Deuxième Bureau, liasse 32.
Traduction d’un article non signé, venant d’Adana,
destiné au journal Houssaper [du Caire] [intercepté par la censure militaire]
« Les bandits turcs sont encore à leurs affaires, mais cette fois ils opèrent dans un but politique. Et il y a de fortes raisons de croire qu’ils ont des rapports avec le Comité Union et Progrès et qu’ils opèrent pour son compte, surtout ces derniers temps. Ce sont eux qui ont intrigué pour la démobilisation de la Légion Arménienne, et il n’y a pas longtemps que 5 Arméniens ont été tués à Kourt Boulak et leurs cadavres mutilés.
Cette fois, ils s’en prennent aux villages turcs, certainement pour donner le change et laisser croire aux étrangers que ce sont les Arméniens qui mettent à exécution leurs projets de vengeance. Et quand on signale les bandits au commandant de la police, celui-ci réclame une voiture pour les poursuivre. On nous a dit il y a quelques jours que Kessab se trouvait sous la menace de la populace turque, mais jusqu’ici nous sommes sans nouvelles [...]
Les Anglais ont amené d’Adana à Alep un groupe de partisans de l’Union et Progrès, parmi lesquels était un imam. J’ai appris d’un voyageur qui se trouvait dans le même wagon qu’eux qu’ils étaient passés de Constantinople à Diarbékir, sans doute pour organiser une future révolution ou de nouveaux massacres.
Au retour, ils ont été pris ne chemin et, d’après les papiers trouvés sur eux, il ressort qu’ils ont distribué des armes en assez grande quantité aux populations turques ».
Lettre de B. Kantanakian, Délégation arménienne d’Adana.
« La force qui règne ici est encore turque. Les Français sont plus amis aves les Turcs qu’avec les chrétiens. La police, la gendarmerie, les fonctions gouvernementales et tous les emplois présentant des responsabilités sont tenus pour 80 % par des Turcs qui, profitant de l’occasion, emploient tous les moyens pour pressurer les Arméniens, les persécuter, les tuer. De ce peu, vous pouvez comprendre beaucoup de choses.
Lettre écrite par Der Mesropian, sergent, 6e compagnie, Deuxième bataillon, à Adana, à Manoug Vardian, à Alexandrie (conservée sous n° 45).
« Je vais vous renseigner à peu près sur ce qui se passe ici. La situation vis à vis des Arméniens s’est un peu améliorée, parce que les fonctionnaires qui sont venus ou qui doivent venir à Adana sont nouveaux.
Une délégation américaine a remis une pétition. La dessus, les Français ont employé la violence. Ils ont fait venir le personnage le plus influent parmi les Turcs et lui ont dit de signer certifiant que les Turcs veulent les Français. Mais les populations turques ont fait des menaces à ce représentant pour qu’il ne signe pas et il a peur. Maintenant, il craint que s’il ne signe pas, il soit exilé comme Jeune Turc, alors le pauvre homme pleure du matin au soir.
Les gens disent que puisque la Cilicie ne doit plus appartenir aux Turcs, il vaut mieux qu’elle soit arménienne, parce qu’il est plus facile de vivre avec nous qu’avec les Français dont ils ne veulent pas les mœurs. Les Grecs sont de leur avis. Le Français se sont alors adressés aux fellahs turcs et arabes, et ceux-ci ont signé. Les fellahs ont ouverts des clubs où ils prononcent chaque jour des discours pour convaincre les Turcs qu’il faut demander l’appui de la France ».
VI
Service historique de l’armée de Terre (Vincennes), 4H 127/ d .5,
Armée du Levant, Deuxième Bureau, terroires ennemis occupés, zone ouest,
bureau de la censure, rapport n° 13, doc. 29.
Journal Alep, Alep, le 7 mars 1919 [gardé en attendant instructions]
« Un triste incident. Vendredi 28 février, se déroulait à Alep un triste événement : cinquante Arméniens étaient tués, cent blessés.
Ce massacre eut lieu partout, à une même heure. Ce qui prouve qu’il était convenu, prémédité et qu’une main homicide avait préparé ces scènes horribles : on n’épargna ni les femmes ni les enfants.
Rien ne peut effacer cette souillure que l’empressement des habitants à découvrir les criminels et à les livrer au gouvernement. La presse doit avoir conscience de l’effet néfaste ou salutaire qu’elle peut exercer sur les masses ; ce triste événement est le résultat de nos écrits ».Suite -