Mehmed Talaat est né en 1874 dans la province
d'Edirne, en Turquie. Membre des Jeunes Turcs, il deviendra
député pour Edirne dans le parlement ottoman après la
révolution de 1908 et, en juillet 1909, il est nommé
ministre de l'intérieur. Il deviendra aussi ministre des
postes et, en 1912, secrétaire général du Comité union et
progrès (CUP). Il redevient ministre de l'intérieur en 1913.
Avec Ismaïl Enver Pacha
et Ahmed Djemal Pacha,
il participera à la troïka qui dirigera l'empire ottoman
jusqu'à la fin de la première guerre mondiale, en 1918.
En 1917, Talaat Pacha est nommé grand vizir (premier
ministre).
Il a été accusé, notamment, d'avoir été responsable du
massacre des Arméniens entre 1915 et 1917.
Le massacre des Arméniens par les Turcs, pendant la première
guerre mondiale, est le premier génocide du XXe siècle. Il
débute le 24 avril 1915 à Istanbul, capitale de l'empire
ottoman, avec l'assassinat de 600 notables arméniens sur
ordre du gouvernement.
A la fin de l'été 1915, les deux tiers des Arméniens de
Turquie, soit environ 1,2 millions de personnes, ont péri
dans des conditions généralement épouvantables.
Les nationalistes turcs se sont emparés du pouvoir quelques
années plus tôt à Istanbul. Après l'entrée du pays dans la
grande guerre, les Russes envahissent l'Asie mineure. Les
Turcs battent en retraite et, exaspérés, multiplient les
violences à l'égard des Arméniens de Turquie, coupables à
leurs yeux d'être favorables aux envahisseurs chrétiens.
La ville de Van se soulève et proclame un gouvernement
arménien autonome. Les nationalistes saisissent ce prétexte
pour accomplir leur dessein d'éliminer la totalité des
Arméniens. Le ministre de l'intérieur Talaat Pacha ordonne
l'assassinat des Arméniens d'Istanbul puis des Arméniens de
l'armée. C'est ensuite le tour des nombreuses populations
arméniennes de l'est du pays.
Voici le texte d'un télégramme du ministre : «Le
gouvernement a décidé de détruire tous les Arméniens
résidant en Turquie. Il faut mettre fin à leur existence,
aussi criminelles que soient les mesures à prendre. Il ne
faut tenir compte ni de l'âge, ni du sexe. Les scrupules de
conscience n'ont pas leur place ici ».
Les Arméniens sont tués sur le champ par l'armée ou réunis
en longs convois et déportés vers le sud, « sous le soleil
de l'été, sans vivres et sans eau, avec la mort au bout du
voyage... » (texte tiré du site www.herodote.net).
En novembre 1918, Talaat Pacha s’enfuit en Allemagne à bord
du Lorelei, en compagnie d’Enver Pacha et de Djemal Pacha.
Procédure légale
En novembre 1918, Talaat Pacha s’enfuit en
Allemagne à bord du Lorelei, en compagnie d’Enver Pacha et
de Djemal Pacha.
Le 2 novembre 1918, au moment précis où Talaat Pacha
s'enfuyait d'Istanbul, la Chambre des députés a été saisie
d'une motion pour le passage en justice de Talaat Pacha et
de six autres dirigeants en fuite. Parmi les charges
soulevées figurait les massacres d'Arméniens. En
particulier, il était reproché aux ministres impliqués
d'avoir créé « des bandes de brigands, dont les atteintes à
la vie, à la propriété et à l'honneur rendaient les
ministres coupables de complicité dans les crimes tragiques
qui en résultèrent ».
Après la dissolution de la chambre des députés par le
sultan, le 21 décembre 1918, la juridiction pour juger les
ministres en question a été transférée aux cours martiales.
Par décret impérial, les statuts d'une nouvelle cour
martiale ont ensuite été proclamés le 8 mars 1919. C'est
cette cour qui devait juger les accusés en fuite.
A cet effet, la cour ordonna aux sept principaux dirigeants
du régime Jeune Turc en fuite, dont Talaat Pacha, de
comparaître devant la cour dans les dix jours, faute de quoi
ils seraient jugés par contumace.
Quant aux charges retenues, elles ont peu à peu été
élargies, pour inclure notamment « le massacre et la
destruction des Arméniens ». Il était reproché aux
dirigeants ottomans d'avoir mis en place un vaste plan
dirigé à cette fin.
La Cour a rendu son verdict le 5 juillet 1919. Les accusés
ont été reconnus responsables d'avoir orchestré l'entrée en
guerre de la Turquie dans la première guerre mondiale et
d'avoir commis les massacres contre les Arméniens.
Talaat Pacha a été condamné à mort par contumace.
Caché sous le nom d’Ali Salieh, Talaat Pacha sera assassiné
à Berlin par Soghomon Tehlirian, un des justiciers de
l'opération Némésis, en 1921.
points forts
C'est dans le cadre du génocide des
Arméniens que le terme « crimes contre l'humanité » a pour
la première fois été utilisé.
Le 23 mai 1915, la Grande-Bretagne, la France et la Russie
ont conjointement adressé une mise en garde au gouvernement
Jeune Turc, dans les termes suivants:
« Depuis un mois environ, la population kurde et turque
d'Arménie procède, de connivence et souvent avec l'appui des
autorités ottomanes, aux massacres des Arméniens. De tels
massacres ont eu lieu vers la mi-avril à Erzerum, Tertchan,
Eguine, Bitlis, Mouch, Sassoun, Zeïtoun, et dans toute la
Cilicie. Les habitants d'une centaine de villages des
environs de Van ont été assassinés et le quartier arménien
est assiégé par des populations kurdes. En même temps, à
Constantinople, le gouvernement ottoman a sévi contre la
population inoffensive. En présence de ces nouveaux crimes
de la Turquie contre l'humanité et la civilisation, les
gouvernements alliés font savoir publiquement à la Sublime
porte qu'ils tiendront personnellement responsables desdits
crimes tous les membres du gouvernement ottoman, ainsi que
ceux des agents qui se trouveraient impliqués dans de
pareils massacres. » (source : agence Havas)