La proportion d'Arméniens tués par les Turcs pendant la Première Guerre mondiale par rapport à l'ensemble des Arméniens vivant dans l'Empire ottoman ne fut pas moindre que celle des victimes juives par rapport à l'ensemble de la population juive de l'Europe. Les méthodes de mise à mort ne furent pas uniques non plus (...) Le fait que, dans le cas de l'Holocauste, il se soit agi d'une machine étatique et d'une bureaucratie responsable du meurtre n'est pas singulier non plus car là encore, les Jeunes Turcs avaient précédé les nazis dans la planification de l'exécution d'une population avec des moyens modernes pour l'époque.Cité par Richard G. Hovannisian dans « L'hydre à quatre têtes du négationnisme »"
Lors de mes activités militaires dans la région d’Alep, pendant la première guerre mondiale, je reconnais avoir assisté douloureusement à des scènes de persécutions et de massacres sanglants, sauvages, perpétrés par nos forces militaires sur les Arméniens déportés. Je déplore de toutes mes forces ces actes de violence inhumaine, indignes de notre pays et de notre peuple. Je les condamne sévèrement et désigne comme responsables les dirigeants de l'époque issus du parti « lttihad et progrès » qui, en donnant des ordres d'extermination, ont sur la conscience la mort de plusieurs centaines et centaines de milliers d'Arméniens avec lesquels nous pouvions cohabiter pacifiquement et être heureux. Nos dirigeants de l'époque au pouvoir ont commis des crimes irrémissibles et ils devront être condamnés et punis lourdement afin que les Turcs innocents ne soient pas confondus avec les vrais coupables et que les générations futures le sachent et qu'elles n'oublient jamais. C'est donc à elles qu'incombe le devoir impératif de blanchir la page noircie de notre histoire. J'appelle donc nos deux peuples à une cohabitation fraternelle, dans la paix et la sécurité permanente. »
Chérif Bey
24 avril 1946
Zebdani (Syrie)Histoire de la France Libre au Levant – mémoires de Michel Bedrossian préface Hervé Gaymard.
[Les Européens] n'ont que faire de la prévention des massacres. Pendant les massacres d'Arménie, ils s'exhortèrent les uns les autres à endosser un devoir sacré, puis ils se sont satisfaits de cette expression creuse. Leur devoir sacré, ils l'ont laissé aux chiens. Preuve est faite que ce Concert européen, conçu pour empêcher le bain de sang, n'est qu'une agrégation stérile.War Dispatches of Stephen Crane, University Press of Virginia, Charlottesville, 1997, pp. 55-58
Nos deux peuples (arméniens et juifs) ont traversé les pires horreurs.
Nos deux peuples ont connu les pires humiliations et ils ont perdu tant des leurs...
La négation du génocide arménien est aussi insupportable que celle de la Shoah"""
« Il y a une raison évidente pour laquelle nous devons étudier la Shoah et les génocides perpétrés contre d’autres peuples : notre horreur sera telle que nous serons animés du désir, mieux de la passion, d’agir pour que de tels actes ne se reproduisent plus jamais. Malheureusement, comme l’a dit un esprit cynique, l’histoire se charge de nous enseigner que nous n’avons pas su apprendre l’histoire. Pourtant, si l’humanité avait eu conscience du premier génocide du siècle, elle aurait peut-être mieux perçu les signes annonciateurs qui ont précédé le déferlement de la folie hitlérienne sur un monde pris de court. »
En ce qui concerne la pénalisation de la négation des génocides, puisque seuls les génocides ayant été exécutés après l’entrée en vigueur de la loi du 9 décembe 1948, ceux précédant cette date (donc par exemple le génocide des Arméniens et la Shoah aussi qui a eu lieu de 1939 à 1945) ne devaient pas être concernés. Seul le génocide de Tutsis serait concerné.
""""
Durant son exil en France, il [A. Tchobanian] révéla les massacres atroces et méthodiques dans lesquels périrent trois cent mille Arméniens par l'ordre du Sultan, monstre de puissance et de faiblesse, despote fou d'épouvante. M. Tchobanian partage, avec le père Charmetant, l'honneur d'avoir dénoncé au peuple français cet épouvantable égorgement qui demeurait depuis de longs mois un secret diplomatique. (...) Le sang des martyrs n'aura pas crié en vain. une force est avec vous, dispersée, mais puissante, la sympathie des cœurs généreux et des nobles esprits.Le 9 mars 1897, alors qu'il présidait une conférence de A. Tchobanian"
Le sang d’Arménie, meuble console en noyer turc, mosaïque de bois naturels. Prunus armeniaca est l’arbre national du pays martyr, l’Arménie. Ses rameaux en fleurs, en pleurs, s’incrustent, entaillés dans l’onyx oriental qui sert de tablette à cette console douloureuse.Exposition Universelle de 1900, description d'une commode intitulée "Le sang d’Arménie""
La réalité de ce génocide ne fait, à mon avis, aucun doute... A partir de 1915 une politique planifiée et systématique, faite de massacres collectifs et de déportation massive, a abouti à la disparition des Arméniens de la Turquie.
Les lampes de l'épicier Karabet sont allumées,
Le citoyen arménien n'a jamais pardonné
Que l'on ait égorgé son père
Sur la montagne kurde Mais il t'aime,
Parce que toi non plus tu n'as pas pardonné
A ceux qui ont marqué de cette tache noire
Le front du peuple turc.
Ainsi le monde s'est-il habitué à l'explusion forcée et au massacre sur une échelle astronomique, tous phénomènes si peu familiers qu'il a fallu forger des mots nouveaux pour les désigner : apatrides ou génocides. La Permière Guerre mondiale s'est soldée par le massacre d'un nombre incalculable d'Arméniens par les Turcs – le nombre le plus courant est de 1,5 million de personnes – qui demeure la première tentative moderne d'élimination d'un population entière, suivie du massacre mieux connu, perpétré par les nazis, d'environ 5 millions de Juifs.L'âge des extrêmes, Histoire du court XXe Siècle
Les soldats à cheval avancent insolents
Comme sur un tapis de femmes et de filles
On enferme avec soin à part les plus gentilles
Elles demandent le martyre en gémissant !
Or le Pacha qui commanda l'horrible attaque
Avait les ordres du sultan sur sa chabraque.
On entre par la ruse en un couvent chrétien
Un signal est donné : il n'en reste plus rien...
Je me souviens très bien que, même dans l'horreur de la Première Guerre mondiale, la tragédie arménienne de 1915 a soulevé en moi une profonde émotion. Le mot génocide n'avait pas encore cours à cette époque, mais j'ai senti alors tout ce qu'il a signifié plus tard.Le 24 avril 1975.
Il est essentiel que les nations reconnaissent les fautes qu’elles ont commises, non pour se repentir, on ne se repent que de ce que l’on personnellement responsable mais parce que cela éclaire le passé et aide à ce que cela ne se renouvelle pas.
La France l’a fait pour sa complicité dans la solution finale de la question juive. Il serait louable que la Turquie le fasse pour le génocide des Arméniens.
Si ce génocide avait été suivi de sanctions internationales il est probable que le génocide à l’encontre des Juifs n’aurait pas eu lieu.23 octobre 2013 Université de Galatasaray - Istanbul
""""""""
" Sans le génocide arménien, la Shoah n'aurait pas eu lieu "
Paris le 23 Janvier 2012
"
...ce ne fut qu'après l'extermination de 1.200.00 Arméniens au cours de la première guerre mondial que les Allies victorieux promirent aux survivants de cet abominable massacre une loi et un tribunal adéquats. Mais il n'en fut rien. Il ne serait cependant pas correct de dire que rien ne se passa, car il est impossible de faire un jeu politique de la souffrance humaine sans éveiller au moins quelques réactions. Le génocide impuni de la population arménienne eut une conséquence directe. En 1921, dans une rue de Berlin, un jeune étudiant arménien, dont la famille entière avait été anéantie par les Turcs, prit sa revanche sur l'ex-ministre de l'intérieur de Turque, responsable du massacre. Le jeune Arménien, Tehlirian, tua l'homme d'Etat turc, un certain Talaat Pasha, qui s'était réfugié à Berlin après la guerre, et y jouissait de l'immunité accordée aux réfugiés politiques.
Quand on appartient simplement au genre humain et quand, de plus, on est fils d’un peuple qui a vécu la Passion d’Auschwitz, on ne saurait penser à aucun génocide sans le ressentir comme prolongement ou comme préfiguration de cette passion. Celui que le peuple arménien a subi pendant la Première Guerre mondiale en Tuquie n’a pas encore été reconnu dans son étendu, ni même pleinement dans son fait, par les instances internationales. Je pense que cette reconnaissance doit être acquise, même si la responsabilité des horreurs ne saurait incomber à l’esprit d’aucune nation, mais se ramène à la criminalité de tyrans à laquelle, dans notre siècle cruel, les innocents, traités comme irréductiblement autres, ont été si souvent livrés sous diverses latitudes.1984, message au Président du Tribunal des peuples
La négation du génocide, qu'il s'agisse de celui des Arméniens par les Turcs ou celui des Juifs par les nazis, n'est pas un acte de réinterprétation de l'histoire. Il s'agit plutôt pour les négateurs de semer la confusion en donnant l'impression de mener un authentique effort de recherche... les négateurs cherchent à convaincre des tierces parties qu'il existe "une autre version de l'histoire"... La négation du génocide vise à remodeler l'histoire afin de diaboliser les victimes et de réhabiliter les auteurs.Lettre à l'honorable Chris Smith, 2 septembre 2000
Rien n'enhardit un criminel autant que de savoir qu'il peut commettre son crime sans être tenu pour responsable. C'était la leçon que les nazis tiraient de l'échec des poursuites dans le cas des massacres arméniens. Nous ignorons quant à nous les leçon de l'Holocauste, à notre propre péril.« Procecuting Crimes Against Humanity : The Lessons of WWI », Fordham International Law Journal, 1990
Reconnaître la réalité du génocide, ce n’est pas seulement rendre justice aux victimes, c’est permettre aux descendants des coupables de retrouver la paix.
Mais les Jeunes Turcs ont atteint leur but : nettoyer l'Anatolie du peuple arménien, et il peuvent dire avec Talaat pacha que la question arménienne « n'existe plus ». Aucun gouvernement ou homme d'Etat, américain ou européen, ne s'occupe plus de ce qui s'y passe ; il semble que pour eux aussi cette éternelle question arménienne est résolue, noyée dans le sang.
30 000 Kurdes et un million d'Arméniens ont été assassinés en Turquie. A part moi, presque personne n'ose évoquer ces faits.Tagesanzeiger du 6 février 2005
Messe pontificale - Dimanche 12 Avril 2015.
«Au siècle dernier, notre famille humaine a traversé trois tragédies massives et sans précédent. La première, qui est largement considérée comme "le premier génocide du XXe siècle" a frappé votre peuple arménien, a déclaré le pontife en citant un document signé en 2001 par le pape Jean Paul II et le patriarche arménien. Les deux autres ont été ceux perpétrés par le nazisme et par le stalinisme. Et plus récemment d’autres exterminations de masse, comme celles au Cambodge, au Rwanda, au Burundi, en Bosnie.»"""""""""
Le massacre des Arméniens, sur lequel je reviendrai toujours, et qui dure encore, n'est pas seulement le plus grand massacre de ce siècle ; mais il fut et il est sans doute le plus grand massacre des temps modernes et pour nous rappeler une telle mort collective, il nous faut dans la mémoire de l'humanité remonter jusqu'aux massacres asiatiques du Moyen âge.Cahiers pour la quinzaine, mars 1900
Parmi eux [les Jeunes-Turcs], tout un parti se réclame des doctines positivistes et sous cette étiquette philosophique, soutient une politique étroitement nationaliste et rêve d'introduire dans un pays de races et de religions diverses comme la Tuquie, une centralisation et une unité administratives analogues à celle de la France napoléonienne. (...) En Turquie, il deviendrait aisément un intrument de tyrannie plus méthodique, mais aussi dangereux que le régime actuel.Pro Armenia, 20 août 1906
Je joins ma voix à celle des intellectuels qui demandent avec insistance que justice soit rendue au peuple arménien et que soit reconnu publiquement le génocide commis sur lui.1984, message de soutien au Tribunal des peuples
Il n'y a pas à proprement parler de pays arméniens, en d'autres termes, il n'y a pas d'Arménie, l'Arménie n'existe pas ! ... Est-ce par-ce qu'il n'y a plus, dit-on, assez d'Arméniens ? Cela équivaudrait à dire qu'il existe un chiffre au-dessous duquel un peuple n'a pas le droit d'être libre... L'argument du nombre est dépourvu de toute valeur, et vouloir en faire état serait plus monstrueux encore que l'acte même d'extermination accompli par les Turcs, car ce serait reconnaître de sang-froid, après un an de réflexion, l'efficacité de cet acte, ce serait le déclarer valable et le ratifier officillement.
Cela, après la note collective du 24 mai 1915 !Le Temps, 14 décembre 1919
Le massacre des sujets arméniens de l'Empire ottoman en 1896... était un acte d'amateur sans grande efficacité à côté de la tentative largement réussi d'extermination pendant la Première Guerre mondiale, en 1915... Ce génocide fut exécuté sous le couvert de la légalité par un gouvernement qui agissait de sang-froid. Ce n'était nullement un tissu de massacres commis spontanément par des particuliers.Experiences, Oxford, 1969, pp.241, 341.
Je voudrais faire le procès de l'odieux système de gouvernement qui sévit en Turquie et qui aboutit aujourd'hui à l'assassinat de tout en peuple. Oui, l'extermination préméditée, méthodique, persévérante d'une race d'hommes, les Arméniens, voilà le spectacle que l'Orient nous présente depuis deux ans et demi.« Les Arméniens et la réformes de Turquie »,
conférence tenue le 2 février 1897
De toutes les historiographies, la pire est évidemment l'historiographie d'État, et les États admettent rarement le fait d'avoir été criminels. Le cas le plus douloureux peut-être est, dans ce domaine, le cas de l'historiographie turque du génocide arménien de 1915. Que les Turcs insistent sur la situation de guerre, sur les veux que formulaient pour l'offensive russe nombre d'Arméniens, sur les conflits locaux entre les Arméniens et leurs voisins, au cours desquels les premiers ne se conduisaient pas toujours comme l'agneau de la fable: quoi de plus normal ? Mais les Turcs n'en sont pas là; ils offrent l'exemple même d'une historiographie de la dénégation. Mettons- nous à la place des minorités arméniennes un peu partout dans le monde. Imaginons Faurisson ministre, Faurisson général, Faurisson ambassadeur, Faurisson membre influent des Nations unies, Faurisson répondant dans la presse chaque fois qu'il est question du génocide des Juifs, bref un Faurisson d'État doublé d'un Faurisson international et, avec tout cela, Talaat-Himmler jouissant depuis 1943 d'un mausolée solennel dans la capitale.
Nous avons à faire à des gens comme Enver et Talaat. Pour ces gens là, toutes les mesures imaginables, c'est encore trop peu ; l'inimaginables même ne serait pas encore assez. L'extermination des Arméniens est le palladium de leur politique nationaliste.Extrait du livre Les 40 jours du Musa Dagh