RÉCIT DES HORREURS COMMISES
EN ARMENIE
Nyt19151004
Lundi 4 octobre 1915 - Un
rapport d’éminents
Américains dit que ces
horreurs sont inégalées
depuis mille ans.
Une politique
d’extermination mise en
œuvre contre un peuple
impuissant.
Des village entiers
dispersés !
Des hommes et des enfants
massacrés, des femmes et des
jeunes filles vendues comme
esclaves et distribuées aux
Musulmans. |
Le Comité des Atrocités
arméniennes, un corps
d’éminents américains ayant
enquêté pendant des semaines
sur la situation de
l’Arménie turque, a diffusé
hier un rapport détaillé sur
cette enquête, dans lequel
il est affirmé qu’en cruauté
et en horreur, rien dans les
mille ans passés n’a égalé
les persécutions actuelles
du peuple arménien par les
Turcs. Le Comité ajoute que
les sources d’information
sont « incontestables quant
à leur véracité, leur
intégrité, et l’autorité des
auteurs ».
Ces données sur lesquelles
est basé le rapport ont été
rassemblées de toutes les
parties de l’Empire turc.
Le rapport parle d’enfants
de moins de quinze ans jetés
dans l’Euphrate pour être
noyés, de femmes forcées
d’aller dans le désert avec
un bébé dans les bras, et
abandonnées au bord des
routes pour mourir, de
jeunes femmes et jeunes
filles que des Turcs se sont
appropriées, puis jetées
dans des harems, attachées,
ou vendues au plus offrant,
et d’hommes torturés et
assassinés. Tout ce qu’un
Arménien possède, même ses
habits sur le dos, sont
volés par ses
persécuteurs.
Le rapport dit que la
bastonnade renaît, de hauts
dignitaires de l’Eglise ont
été pendus, des familles
éparpillées aux quatre
vents, des milliers et des
milliers de personnes sans
défense et malheureuses
rassemblées comme du bétail
et conduites dans les terres
désertiques de l’empire,
pour y mourir de faim.
Les hommes qui ont signé le
rapport sont :
. le Révérend David H. Greer,
évêque épiscopal protestant
du diocèse de New York
. Oscar S. Straus, ancien
secrétaire du commerce et du
travail et ex-Ambassadeur de
Turquie
. Cleveland H. Dodge, de
Phelps, Dodge & Company
. Le révérend Dr. Stephen S.
Wise, rabin de la Synagogue
libre de N.Y.
. Charles R. Crane de
Chicago, vice-président de
‘Finance Committee of the
Democratic
National Committee’ au cours
de la campagne précédente.
. Arthur Curtiss James,
directeur de plusieurs
sociétés de chemins de fer
et de la Banque nationale de
Hanovre, de la United States
Trust Co, et Phelps, Dodge &
Co.
. Le Rév. Dr. Frank Mason
North du Conseil
d’administration des
Missions étrangères de
l’Eglise Episcopale
Méthodiste.
. John R. Mott du Comité
international de ‘Young Men
Christian Association’.
. William W. Rockhill,
ancien ambassadeur de
Turquie, et ancien
ambassadeur de Russie.
. William Sloane, président
de W.&J. Sloane, 575 - 5ème
Avenue, N.Y.
. Le Rev. Dr. Edward Lincoln
Smith, du Conseil
d’Administration américain
des Commissaires pour les
Missions étrangères.
. Le Rev. Dr. Frederick
Lynch, de la New York Peace
Society.
. Georges A. Plimpton, de
Glinn & Co., administrateur
de Constantinople College.
. Le Rev. Dr. James L.Barton,
missionnaire en Turquie
pendant de longues années,
et aujourd’hui secrétaire du
Conseil d’Administration des
Commissaires pour les
Missions Etrangères.
. Le rév. Dr. William J.
Haven, l’un des fondateurs
de la ‘Epworth League’.
. Stanley White, Président
de « White Advertising
Corporation ».
. Professeur Samuel P.
Dutton, une autorité dans
les affaires du Balkan.
Identité cachée des auteurs.
« Pour des raisons évidentes
pour tous », dit le Comité
dans la préface de son
rapport, les noms et
positions des différents
auteurs ne peuvent pas être
révélés en ce moment.
Ils sont connus du Comité
qui se porte garant pour eux
et leurs déclarations.
Dans
la plupart des cas, il sera
nécessaire de cacher le lieu
où ces déclarations ont été
écrites, et même les noms de
villes citées, afin que
l’auteur ou ses cas ne
puissent souffrir de maux
irréparables.
Les sources d’information,
ajoute-t-il, sont grecques,
bulgares, américaines,
turques, allemandes,
britanniques et arméniennes.
Le rapport, qui contient 20
000 mots, est divisé en 25
parties.
La première, datée du 27
avril 1915, déclare qu’un «
mouvement contre les
Arméniens fait partie d’un
mouvement concerté contre
tous les éléments non-turcs,
et ceux de mission et de
progrès, y compris
sionistes.
La seconde, datée de trois
jours plus tard, parle de la
persécution, des pillages et
massacres à l’intérieur de
la Turquie, et de «
l’incroyable rigueur »
contre les Arméniens de
Zeytoun et de Marash.
Le 10 juillet, l’auteur
affirme qu’il était évident
qu’une « tentative
systématique de déraciner la
paisible population
arménienne avait été décidée
en haut lieu.
Les tortures, pillages,
viols, meurtres, expulsions
massives, déportations et
massacres provenaient de
toutes les parties de
l’empire et étaient dus non
pas à une demande populaire
ou fanatique mais à des
directives purement
arbitraires de
Constantinople ».
Le 16 juillet, un autre
auteur écrit qu’ « une
campagne d’extermination de
race est en cours ».
Le chapitre VI décrit les
massacres fin juillet, de
femmes et d’enfants dont la
plupart avaient été déportés
de la région d’Erzeroum. Les
massacres se sont produits
près des villes de Kemakh,
entre Erzeroum et Harpout.
La déportation avait
commencé à Zeytoun.
Les chapitres VII et VIII
forment deux des plus
horribles chapitres
d’horreurs, dont le rapport
se divise. Ils sont séparés
comme suit :
Le 20 juin. La déportation a
commencé il y a six semaines
par 180 familles de Zeytoun
; depuis, tous les habitants
de cet endroit et des
villages alentours, ont été
déportés ; ainsi que presque
tous les Chrétiens d’Albustan,
un grand nombre de Hadjin,
Sis, Kars Pazar, Hassan
Beyil et Deort Yol. Leurs
nombres s’élèvent à ce jour
à 265 000.
Parmi eux, environ 5 000 ont
été envoyés dans la région
de Konya, 5 500 sont à Alep
et les villes et villages
environnants, et le reste
est à Der Zor, Racca et
différents endroits de
Mésopotamie, même aussi loin
que le voisinage de Bagdad.
Le processus continue
encore, et l’on ne sait pas
jusqu’où cela va aller.
Les ordres déjà reçus vont
amener ce nombre à 82 000
dans cette région, et il n’y
a pas encore d’exilés d’Aintab,
très peu de Marach et d’Ourfa.
Il se peut que les ordres
des commandants aient été
raisonnablement humains,
mais leur exécution a été
pour la plupart d’une dureté
inutile, et dans certains
cas accompagnée d’une
horrible brutalité envers
les femmes, les enfants, les
malades et les personnes
âgées.
Tous les villages ont été
déportés après un avis d’une
heure, sans aucune
opportunité de se préparer
pour le voyage, pas même
dans certains cas, de
rassembler les membres de la
famille dispersée, de sorte
que de jeunes enfants sont
restés derrière. A Hadjin,
les gens aisés, qui avaient
préparé de la nourriture et
de la literie pour la route
ont été obligés de les
laisser dans la rue, et par
la suite, ont beaucoup
souffert de la faim.
Les femmes conduites sous
le fouet.
Dans de nombreux cas, les
hommes (ceux d’âge militaire
étaient presque tous dans
l’armée) étaient attachés
fortement avec des cordes ou
des chaînes.
Les femmes avec de jeunes
enfants dans les bras, ou
dans les derniers jours de
grossesse, étaient menées
sous le fouet comme du
bétail.
Trois cas différents sont
parvenus à ma connaissance,
dans lesquels la délivrance
d’une femme se produisit sur
la route, et à cause du
conducteur brutal qui la
pressait le long du chemin,
elle mourut d’hémorragie.
Je connais aussi un cas où
le gendarme en charge était
un homme humain, et accorda
à la pauvre femme plusieurs
heures de repos, puis lui
procura une charrette pour
continuer.
Certaines femmes devinrent
si complètement épuisées et
désespérées qu’elles
laissèrent leur enfant au
bord de la route.
De nombreuses femmes et
jeunes filles furent
violées. En un endroit, le
commandant
de la gendarmerie dit
ouvertement aux hommes
auxquels il confiait un
grande compagnie qu’ils
étaient libres de faire ce
qui leur plaisait avec les
femmes et les jeunes filles.
Quant à la subsistance, il y
avait une grande différence
d’un lieu à un autre. Dans
certains endroits, le
gouvernement les avait
nourris ; ailleurs, il avait
permis à d’autres de les
nourrir.
Il y a eu beaucoup de faim,
soif et maladie, et quelques
réels cas de famine et mort.
Ces gens étaient dispersés
en petites unités, trois ou
quatre familles par ci, par
là, parmi une population de
race et religion
différentes, et parlant une
langue différente. Je parle
d’eux comme si c’étaient des
familles, mais les quatre
cinquièmes d’entre eux
étaient des femmes et des
enfants, et les hommes
présents étaient pour la
plupart vieux et
incompétents.
Si aucun moyen n’est trouvé
pour les aider au cours des
quelques mois prochains,
jusqu’à ce qu’ils soient
établis dans leur nouvel
environnement, les deux
tiers ou les trois quarts
d’entre eux vont mourir de
famine et de maladie.
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Les pieds des prisonniers
battus et tombés en
morceaux.
J’ai été appelé un jour dans
une maison où j’ai vu un
drap en provenance de la
prison, et qui était envoyé
pour être lavé. Ce drap
était couvert de sang,
coulant en ruisselets. On me
montra aussi des habits qui
étaient trempés et
excessivement sales. Je me
demandais ce qu’ils avaient
bien pu faire aux
prisonniers, mais j’ai été
au fond des choses grâce à
l’aide de deux personnes de
confiance qui avaient été en
partie témoins : le
prisonnier est placé dans
une pièce (comme au temps
des Romains), des gendarmes
se tiennent deux par deux de
chaque côté, et deux au fond
de la pièce, chacun son tour
donne la bastonnade jusqu’à
ce qu’il n’en ait plus la
force. Du temps des Romains,
40 coups étaient administrés
au maximum ; mais là,
cependant, 200, 300, 500, et
même 800 coups étaient
administrés. Le pied enfle,
puis éclate sous les
nombreux coups et ainsi le
sang gicle. Le prisonnier
est ensuite ramené en prison
et mis au lit par le reste
des prisonniers. Cela
explique le drap ensanglanté
Les prisonniers devenus
inconscients après ces coups
sont ranimés au moyen d’eau
froide versée sur la tête,
ce qui explique les habits
sales. Un jeune homme a été
battu à mort en l’espace de
cinq minutes.
A part la bastonnade,
d’autres méthodes sont
employées aussi, telles que
la pose de fers rougis sur
la poitrine.
Un forgeron qui était
soupçonné d’avoir forgé des
obus, fut libéré après avoir
eu les orteils brûlés avec
de l’acide sulfurique
(appelé kérab).
Le Consul allemand d’Alep
estime à 30.000 le nombre de
déportés. 5000 personnes ont
été déportées au lieu
malsain de Sultani, dans la
région de Konya. Les
premiers jours, le
gouvernement a donné un peu
de pain. Quand il n’y eut
plus de pain, ils ne
reçurent plus rien.
La misère était déchirante.
Au chapitre 9, l’auteur
décrit un autre règne de
terreur, pendant lequel la
terrible bastonnade était en
usage, avec la torture du
feu en plus. Il avait
entendu des cas de brûlures
des yeux des pauvres
victimes.
Dans un autre cas, de
vieilles bombes trouvées
dans un cimetière et
enfouies là probablement
sous le règne d’Abdul Hamid,
servirent de prétextes pour
torturer et tuer des
centaines de personnes
accusées de les avoir
cachées pour les utiliser
contre les Turcs.
Le 26 juin des Arméniens
d’une certaine ville
reçurent l’ordre de partir.
Sans exception. Jeunes et
vieux, riches et pauvres,
malades et bien-portants,
tous devaient partir. Si
elle était gravement malade,
la victime était tirée de
son lit jusque dans les
rues. On leur prenait leurs
chaussures et leurs
vêtements. Ils étaient jetés
en prison, puis envoyés au
loin, par groupes de trente
ou plus. Certains groupes
étaient enchaînés. Un homme
qui était en contact avec le
gouvernement turc affirma
plus tard qu’ils avaient été
tués.
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-
Les femmes des soldats du
Sultan déportées.
Après la déportation des
hommes, les femmes et les
enfants reçurent l’ordre
d’être prêts à partir. On
leur disait d’être prêts à
partir le mercredi, et voilà
ce qui arrivait : le mardi,
à environ 15h30, des chars à
bœufs apparaissaient aux
portes du premier quartier a
être évacué, et on odonnait
aux gens de partir
immédiatement. Certains
étaient tirés de leur lit
sans même un habit
suffisant. Durant toute la
matinée les chars à bœufs
claquaient en sortant de la
ville, chargés de femmes et
d’enfants, et ça et là, un
homme qui avait échappé aux
déportations précédentes.
Dans de nombreux cas, les
maris et les frères de ces
femmes, étaient loin dans
l’armée, combattant pour le
gouvernement turc.
La panique dans la ville
était terrible. Les gens se
doutaient que le
gouvernement était décidé à
exterminer la race
arménienne, et ils étaient
impuissants à résister. Les
gens étaient sûrs que les
hommes avaient été tués, et
les femmes kidnappées.
De nombreux condamnés de la
prison avaient été relâchés,
et les montagnes
environnantes de …….étaient
pleines de bandes de
hors-la-loi. On craignait
que les femmes et les
enfants soient enlevés de la
ville et laissés à la merci
de ces hommes.
Cependant il est probable
que des enlèvements de
jeunes filles attrayantes se
soient produits par des
officiels turcs de………….
Un Musulman rapporta qu’un
gendarme lui avait offert de
lui vendre deux filles pour
1 medjdié (4 dollars). Les
femmes pensaient qu’elles
allaient subir un sort pire
que la mort, et plusieurs
transportaient du poison
dans leurs poches pour
l’utiliser si nécessaire.
Quelques-uns transportaient
des pioches et des bêches
pour enterrer sur le côté de
la route ceux qui allaient
sûrement mourir.
Pendant ce règne de terreur,
on remarqua qu’il était
facile de s’échapper ; que
quiconque acceptait l’Islam
aurait la permission de
rester tranquillement chez
lui. Les bureaux des avocats
qui enregistraient les
demandes étaient remplis de
gens désireux de devenir
Mahométans. Beaucoup le
firent pour l’amour de leur
femme et enfants, sentant
que ce serait l’affaire de
quelques semaines avant la
délivrance.
La déportation continuait à
intervalles d’environ deux
semaines. On estime que sur
12 000 Arméniens de…………..il
en restait à peine une
centaine. Même ceux qui
avaient proposé d’accepter
l’Islam furent déportés. Au
moment de mettre tout cela
par écrit, aucun mot précis
n’avait été entendu par l’un
de ces groupes…
Un autre chapitre dit qu’au
sujet de ces 12 000
Arméniens déportés, de
toutes classes et de tous
âges, « toute la population
mahométane savait que ces
gens allaient devenir leur
proie
dès le début, et qu’ils
seraient traités comme des
criminels ». La route de ces
malheureux
était jonchée de cadavres.
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La tête des enfants fendue
sur les rochers, voilà ce
qui est arrivé dans un
village
où vivaient alors de
nombreux Arméniens.
………………, un village à environ
deux heures de ……………….. est
habité par des Arméniens
grégoriens et catholiques.
Un Arménien, riche et
influent, et ses deux fils,
furent placés l’un derrière
l’autre, selon un témoin de
confiance, et tirés en un
seul coup.
Quarante cinq hommes et
femmes furent emmenés à une
courte distance du village,
dans une vallée. Les femmes
furent d’abord violées par
les officiers de
gendarmerie, puis remises
aux
gendarmes pour en disposer.
Selon ce témoin, un enfant a
été tué en ayant sa tête
frappée contre un rocher.
Les hommes ont tous été tués
et personne n’a survécu de
ce groupe de 45 personnes.
Voici, en partie, l’histoire
d’une autre malheureuse
ville arménienne. Dans la
journée, les policiers
fouillèrent les maisons des
Arméniens, à la recherche
d’armes, et n’en ayant pas
trouvé, ils emmenèrent les
meilleurs et les plus
honorables des habitants et
les emprisonnèrent.
Certains d’entre eux furent
exilés, et les autres furent
torturés avec des fers
chauffés à blanc pour qu’ils
révèlent les armes
soi-disant cachées.
Le Bureau de la Gendarmerie
semble avoir le contrôle
total de l’affaire, et le
Mutessarif les soutient.
Ils détiennent maintenant
environ une centaine des
meilleurs citoyens de la
ville en prison, et
aujourd’hui le chef de la
gendarmerie a appelé
l’évêque arménien et lui a
dit que si les Arméniens ne
livrent pas leurs armes, et
les révolutionnaires parmi
eux, qu’il a des ordres pour
exiler la totalité de la
population arménienne de
…………. comme ils l’ont fait à
ceux de
…………………….
Nous savons comment ces
derniers ont été traités,
car une centaine d’entre eux
ont été traînés à travers
……………………… sur leur chemin
vers le désert où ils ont
été exilés.
Ces pauvres exilés étaient
principalement des femmes,
des enfants et des
vieillards, ils étaient
frappés à coups de gourdin,
et battus, et fouettés comme
s’ils avaient été des bêtes
sauvages, et les femmes et
les filles étaient tous les
jours criminellement
violées, à la fois par leurs
gardes et les ruffians de
chaque village qu’ils
traversaient.
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Un autre document entre les
mains du Comité américain
prouve que « le Gouvernement
Jeune-Turc poursuit
incessamment, et chaque jour
avec une plus grand
violence, la guerre comme si
elle était déclarée contre
ses sujets arméniens. »
Une lettre d’une femme en
Turquie, d’une intégrité
indubitable, relate en
partie ce qui suit :
« Notre groupe partit le 1er
juin (ancienne date) avec 15
gendarmes nous accompagnant.
Le groupe comprenait 400 à
500 personnes. Nous étions à
peine à deux heures de chez
nous, lorsque des bandes de
villageois et des crapules
en grand nombre, avec des
carabines, des fusils, des
haches, nous entourèrent sur
la route et dérobèrent tout
ce que nous avions.
Les gendarmes prirent mes
trois chevaux et les
vendirent aux mouhadjirs
turcs , empochant l’argent.
Ils prirent mon argent et
celui du cou de ma fille, et
aussi toute notre
nourriture.
Après cela, ils séparèrent
les hommes, un par un, et
les tuèrent tous dans les 6
ou 7 jours, tous ceux qui
avaient plus de 15 ans.
A côté de moi deux prêtres
furent tués, l’un d’entre
eux avait plus de 90 ans.
Ces crapules prirent toutes
les belles femmes et les
emmenèrent sur leurs
chevaux.
De très nombreuses femmes et
jeunes filles furent ainsi
transportées dans les
montagnes, parmi elles ma
sœur, dont ils jetèrent le
bébé d’un an ; un Turc le
ramassa et le transporta je
ne sais où.
Ma mère marcha jusqu’à ce
qu’elle ne puisse plus aller
plus loin, et tomba au bord
de la route, au sommet d’une
montagne.
Nous avons trouvé sur la
route un grand nombre de
ceux qui avaient fait partie
des départs précédents,
de………………….. ; les uns
étaient parmi les morts,
avec leur mari et leurs
fils.
Nous avons aussi rencontré
des personnes âgées et de
jeunes enfants encore
vivants, mais dans une
situation pitoyable, à force
d’avoir crié.
Nous n’avions pas la
permission de dormir la nuit
dans les villages, nous
devions nous allonger en
dehors.
Sous le couvert de la nuit,
d’indescriptibles actes ont
été commis par les
gendarmes, les crapules et
les villageois.
Un grand nombre d’entre nous
sont morts de faim ou
frappés d’apoplexie.
D’autres sont restés au bord
de la route, trop faibles
pour continuer.
Un matin, nous avons vu 50 à
60 chariots, avec environ 30
veuves turques, dont les
maris avaient été tués
pendant la guerre ; elles
allaient à Constantinople.
L’une de ces femmes fit un
signe à l’un des gendarmes,
de tuer un certain Arménien
qu’elle désigna. Les
gendarmes lui demandèrent si
elle ne souhaitait pas le
tuer elle-même, elle
répondit : « Pourquoi pas ?
»
Et tirant un revolver de sa
poche, elle tira et le tua.
Chacune de ces hanums
turques avait avec elle,
cinq ou six fillettes
arméniennes de moins de dix
ans.
Les Turcs ne voulaient
jamais prendre de garçons,
ils les tuaient tous, de
n’importe quel âge.
Ces femmes voulurent prendre
aussi ma fille, mais elle ne
voulait pas se séparer de
moi.
Finalement, nous sommes
montées toutes les deux dans
leur char, sur notre
promesse de devenir
Musulmanes. A peine montées
dans la voiture, elles se
mirent à nous enseigner
comment devenir Musulmanes,
elles changèrent nos noms,
m’appelant ……………. et ma
fille……………….
Les pires horreurs et les
plus inimaginables étaient
réservées pour nous sur les
rives de l’Euphrate et dans
la plaine d’Erzingan. Les
corps mutilés de femmes, de
petites filles et de jeunes
enfants faisaient frissonner
tout le monde.
Les crapules faisaient
toutes sortes d’actes
ignobles aux femmes et aux
fillettes qui étaient avec
nous, et dont les cris
montaient jusqu’au ciel.
Dans l’Euphrate, les
crapules et les gendarmes
jetèrent dans le fleuve le
reste des enfants au-dessous
de 15 ans. Ceux qui ne
pouvaient pas nager étaient
abattus alors qu’ils se
débattaient dans l’eau.
Sept jours plus tard, nous
atteignîmes ………………Là, il ne
restait plus un seul
Arménien vivant.
Les femmes turques nous
emmenèrent au bain, ma fille
et moi, et nous montrèrent
toutes les autres femmes et
fillettes qui avaient
accepté l’Islam.
Les criminels musulmans
relâchés pour le pillage
Extraits de divers
témoignages inclus dans le
rapport d’hier :
2 août. Environ 800 femmes
d’âge moyen et âgées, et
d’enfants de moins de dix
ans, arrivèrent à pied de
Diarbékir, après 45 jours en
route, dans la plus
pitoyable condition
imaginable.
Elles dirent que les Kurdes
avaient pris les jeunes
femmes et les jeunes filles,
pillé même la moindre somme
qu’elles avaient et autres
biens, les privant de
nourriture et autres
besoins, et les laissant
dans une misère
indescriptible.
Dans toute la campagne, les
dirigeants arméniens avaient
été tués ou pendus.
Les commerçants étaient
devenus mendiants et exilés.
Trente mille criminels
mahométans avaient été
relâchés des prisons, et
formaient des bandes sous
une stricte discipline
militaire. L’une des
obligations de ces bandes
était de piller les
villages, de cambrioler et
d’assassiner les exilés.
Les patriarches grec et
Arménien avaient demandé
audience aux ministres du
gouvernement turc, mais cela
leur avait été refusé.
Les Ambassadeurs étrangers,
parmi lesquels se trouvait
celui des Etats Unis,
avaient été repoussés, et
avertis que les souhaits du
Gouvernement Impérial ne les
regardaient pas.
Les Ministres turcs et
autres officiels avaient
constamment avoué
l’intention d’écraser les
nationalités chrétiennes, et
de mettre ainsi un terme à
la Question arménienne.
Les importantes institutions
américaines, religieuses et
éducatives de cette région
sont en train de perdre
leurs professeurs, leurs
enseignants, leurs
assistants et leur étudiants
; et même les orphelinats
ont été vidés de centaines
d’enfants qui s’y
trouvaient, ce qui ruine les
fruits de cinquante années
d’infatigables efforts dans
ce domaine.
Les officiels du
gouvernement, en se moquant,
demandent ce que les
Américains vont faire de ces
établissements maintenant
que les Arméniens ont été
chassés.
La situation devient
chaque jour plus critique
car on ne peut pas dire où
cela va finir.
Les Allemands sont blâmés de
tous côtés, car s’ils n’ont
pas directement ordonné ce
crime global (car ce n’est
rien d’autre que
l’extermination de la race
arménienne) ils l’ont au
moins excusé.
L’histoire d’une visite à
l’un des camps dans le
désert où les Arméniens ont
été exilés, est racontée
vers la fin de ce rapport.
Elle décrit les vieillards,
les femmes et les enfants,
réduits au pire état de
misère par leurs
persécuteurs.
Il n’y a que très peu
d’hommes dans le camp, dit
le rapport « car la plupart
d’entre eux ont été tués en
route ». De même, beaucoup
de femmes et d’enfants ont
été tués.
« La condition de ces gens »
dit le rapport, « indique
clairement le sort qui leur
est réservé, et qu’ils vont
être abandonnés ici ».
Le système qui est prévu est
d’avoir des bandes de Kurdes
qui les attendent sur la
route pour tuer spécialement
les hommes, et incidemment
certains des autres.
Tout le mouvement semble
être le massacre le plus
complètement organisé et
efficace que ce pays n’ait
jamais connu ».
Les Turcs contrecarrent
les efforts des
missionnaires
Les Missionnaires américains
ont commencé à envisager des
plans pour aider les femmes
et les enfants qui allaient
rester ici sans aucun moyen
de soutien.
On a pensé que peut-être un
orphelinat pourrait être
ouvert pour prendre soin de
quelques-uns des enfants, et
spécialement ceux qui
étaient nés en Amérique et
ramenés ensuite ici par
leurs parents, et aussi ceux
dont les parents avaient été
de quelque façon en contact
avec la mission américaine
et les écoles.
Il y aurait de nombreuses
opportunités, bien qu’avec
des moyens insuffisants, de
prendre soin des enfants qui
arrivaient ici avec des
exilés d’autres vilayets et
dont les parents étaient
morts en route.
J’ai été voir hier le Vali à
ce propos, et reçus un refus
catégorique.
Il dit que nous pourrions
aider ces gens si nous le
désirions, mais le
gouvernement était en train
d’installer des orphelinats
pour ces enfants, et nous ne
pouvions entreprendre aucun
travail de cette nature.
Une heure après avoir quitté
le Vali, une annonce fut
faite que tous les Arméniens
restant ici, y compris les
femmes et les enfants,
devaient être partis le 13
juillet.
« En réponse à l’appel
urgent de l’Ambassadeur
Morgenthau, concluait le
rapport, « le Comité des
Atrocités Arméniennes, en
coopération avec le Comité
de Grâce, ont décidé de
lancer un large appel de
fonds. Plusieurs messieurs
ont déjà promis de larges
contributions, mais le
besoin est très grand, et
nous espérons recevoir un
bon nombre de petits
cadeaux.
« Les crimes perpétrés
actuellement envers le
peuple arménien dépassent en
horreur et en cruauté tout
ce que l’histoire a rapporté
au cours des mille ans
passés. Les gens éduqués et
les ignorants, les riches et
les pauvres, tous sont
soumis à toutes les formes
de barbarie et d’outrages.
Nous comprenons toutefois
qu’un très grand nombre de
Turcs soient opposés à cette
politique de persécution. ».
« On espère qu’une prompte
action va permettre de
sauver de nombreuses vies,
et rapatrier au moins une
partie de ceux qui ont été
chassés de chez eux ».
« Les fonds seront envoyés à
l’Ambassadeur aussitôt que
reçus. Les dons doivent être
adressés au Trésorier
Charles R. Crane, 70, Fifth
Avenue, New York. »
(Cet article du NYT n’est
qu’un des 200 articles
environ du New York Times,
parus dans un livre appelé :
« Le Génocide arménien » -
Nouveaux compte-rendu de
l’American Press : 1915-1922
») Sont inclus également
plus de 60 longs articles de
l’American Journal de
l’époque, y compris
l’histoire de l’Ambassadeur
Morgenthau, et autres
documents importants.
Ce livre est disponible à «
l’Armenian Genocide Resource
Center »,
5400 McBryde Avenue,
Richmond, CA 94805. Prix :30
$ - (+ 5 $ pour courrier 1st
class). |