PROCÈS DU GÉNOCIDE

LA RESPONSABILITÉ DE L'OCCIDENT

Pour mémoire, article de 2012 -

Entretemps l'Allemagne, par la voix de son président Joachim Gauck, reconnaissait le 23 avril 2015 le « génocide » des Arméniens, soulignant « une coresponsabilité, et même, potentiellement, une complicité » allemande dans ce crime.

« Nous devons également, nous Allemands, faire notre travail de mémoire », a-t-il déclaré lors d'une cérémonie religieuse à Berlin, à la veille des commémorations officielles du centenaire des massacres perpétrés par les Turcs ottomans, qui ont fait 1,5 million de victimes entre 1915 et 1917.L'Allemagne d'Angela Merkel vient dernièrement de refuser malgré un sondage « Dialogue sur l'avenir » (157 000 votants) de légiférer sur la condamnation de la négation du génocide des Arméniens au prétexte qu'une démarche de cet ordre avait échouée en France et plus concrètement par souci de ne pas froisser le partenaire turc au taux de croissance de 7% et dont 4 millions de ses ressortissants résident sur son territoire.

On n'insiste pas suffisamment à rappeler, voire on l'oublie, l'implication de l'Allemagne du IIème Reich dans la réalisation du génocide . Les historiens, les vrais, qui n'ont pas été achetés ou qui tout simplement ont vraiment travaillés sur le sujet, sans parti pris, pourront dénoncer scientifiquement avec force et constance, sa responsabilité complice, ou plus, dans l'exécution même des déportations et donc de l'extermination.

Oui, les puissances occidentales dont la France sont parties prenantes dans ce cataclysme, sa reconnaissance (ce que n'ont pas fait encore, le Royaume-Uni et l'Allemagne) et la poursuite de sa négation.

On lit trop dans les forums et on entend trop, y compris des parlementaires, des journalistes, il est vrai à l'inculture crasse souvent choisie, au parti pris délibéré et à la malveillance patente, et je ne parle pas des gens qui nous entourent, que la France n'est pas concernée (cf. les différents sondages qui ont fleuri notamment dans le Figaro) par le génocide des Arméniens, sa reconnaissance et la pénalisation de sa négation. On dit aussi et on l'a lu « oui, ça fait un siècle (Badinter par exemple) ». Et alors? Il me semble d'une part, malgré mes maigres connaissances juridiques que les crimes contre l'humanité sont imprescriptibles et que d'autre part cela a eu lieu au début du 20ème siècle pendant la première guerre mondiale dont il reste encore des témoins qu'on continue d'honorer, à juste raison, (le 11 novembre 1918 a été choisi unanimement par le Parlement pour commémorer tous les morts pour la France). C'est notre histoire contemporaine, ce n'est pas l'antiquité. De tous Temps les Arméniens ont été massacrés, par les Parthes, les Perses, les Mongols, les Seldjoukides, etc.. ils n'en demandent pas pour autant réparation.

Serge Klarsfeld, statue de la dignité humaine, a bien affirmé à plusieurs reprises que la Shoah n'aurait pas eu lieu sans le génocide des Arméniens. S'agit-il d'une simple antériorité chronologique ou plus vraisemblablement, dans son esprit, de l' « apprentissage » par les Allemands de la conception et de la méthode d'extermination d'un peuple. Dans « opération Némésis » Jacques Derogy, en parle, cite des noms des nombreux officiers structurant l'armée ottomane, dont celui de son chef d'Etat major qui traitait les Arméniens de « vermines », et rappelle la fascination d' Enver pour les Prussiens. Le concept de guerre totale qui s'est traduit par l'emploi des gaz dans, les tranchées de la Somme à partir de 1915 procède précisément de l'expérience acquise en Anatolie auprès des Turcs par les officiers allemands. Des journalistes turcs ont écrit sur ce sujet.

Au moment de la discussion de la loi Boyer, Patrick Devedjian et quelques autres avaient bien évoqué le lien entre la France et les évènements anatoliens de 1915, à travers les traités notamment celui de Sèvres, mais il me semble sans grand écho dans la presse. C'est vrai qu'elle ne voulait rien entendre, murée dans sa bronca hystérique contre la loi de pénalisation, par suivisme ou par intérêt.

Alors que l'Occident bêle (pas uniquement par humanité mais aussi et surtout par calcul, en détruisant la Syrie, on affaiblit l'Iran) sur les 16 000 morts en Syrie qu'il convient bien entendu de déplorer, il est peut-être opportun de mettre l'accent sur sa présence physique, militaire et politique dans les territoires orientaux de l'ex-sublime Porte lorsque le génocide a été conçu, planifié et exécuté. Il n'a pu l'empêcher malgré, c'est une réalité qui l'honore, des actions sporadiques et de grandes voix ayant permis de sauver de nombreux Arméniens. La mise en cause et la culpabilisation de l'Occident ne sont plus aussi aisées si jamais elles ont pu l'être. On a vu et l'excellent article intitulé « que veut la France » dans le n° 186 de « Nouvelles d'Arménie » le dit et l'explique avec limpidité, qu'un mouvement néo-conservateur (même si on peut penser que plusieurs parlementaires y avaient quelques intérêts particuliers) transcendant les partis politiques a conduit au renvoi de la loi Boyer au Conseil Constitutionnel et à son invalidation, stigmatisant sous les prétextes les plus éhontés les lois mémorielles (la loi Boyer n'en était pas une) et parfois mais de manière subliminale la loi, Gayssot. Tous ces textes bouleversent l'ordre, l'ordre de ces néo-conservateurs.

J'y vois simplement le refus de l'altérité, une sorte de racisme exacerbé qu'un chercheur a expliqué par la lassitude et donc le rejet des très nombreuses commémorations, singulièrement de l'holocauste.

Ce rejet de l'altérité, s'étendant de l'extrême gauche, à l'extrême droite en passant par les Verts, la droite populaire et je ne parle pas du FN, trouve, et c'est un phénomène européen, son fond dans la perception ressentie comme une menace d'une immigration noire et arabe importante et son rejet sourd (cf, le vote pour le FN, les conversations au café du commerce et même au sein d'une population cultivée et tempérée). Tout cela se mêle et ne passe pas surtout en période de crise où la stigmatisation est facile. La crise n'en est pas, il me semble, le cœur essentiel. Après tout la xénophobie, le racisme, le refus de l'Autre ont toujours existé en France (tant pis pour ceux qui ne voulant rien entendre, se mettent la tête dans le sable), on se souvient des pogroms d'ouvriers italiens des années 20....

J'ai retenu lors d'un colloque au mémorial de la Shoah que dans le climat délétère des débats sur la loi Boyer, « les Arméniens avaient été des juifs par procuration ».Derrière le rejet de la loi Boyer, et c'est mon avis, mais j'ai certainement tort, c'est aussi la loi Gayssot qui était visée, même si tout le monde, a rassuré et s'est rassuré en rappelant que, reposant sur une décision judiciaire, celle du tribunal international de Nuremberg, elle était inattaquable. Qui a accepté d'entendre que le tribunal d'Istanbul avait, en 1919, condamné à mort les nombreux coupables, décision d'une juridiction certes turque mais dans un pays internationalement occupé?

Badinter aveuglé par sa haine et/ou un quelconque intérêt s'est complètement planté, qui a donné des arguments récupérés avec gourmandise et ravissement tant pis s'ils sont plus politiques que juridiques (vous pensez, une telle « autorité morale », ancien président du CC, avocat de la suppression de la peine de mort etc...Juif, bref incontestable!), par le conseil constitutionnel, les parlementaires, la presse et la clique de ces néo-conservateurs, stipendiés ou non, turcophiles acharnés ou non.

Mon propos n'est surtout pas d'accuser les peuples, en Allemagne, comme ailleurs en Europe, et c'est ce qui permet de croire encore en l'humanité, de grandes voix ont défendu la Cause et d'autres continuent de le faire, mais de souligner la responsabilité de ces puissances dans ce qui s'est passé en jouant avec les populations et en se jouant d'elles, et l'obligation plus que morale d'en répondre. Il n'y a pas forclusion. Cette « salope d'Europe n'a rien fait pour empêcher et arrêter ça » a crié Avétik Issahakian.

Parano! Et si je ne l'étais pas?

Jean-Jacques NERSET
Juillet 2012

Naziler stajı 1915’te yaptı - OZAN ÇINAR - 24.04.2012

Lire cet article paru dans le journal TARAF
Traduction résumée pour Imprescriptible : Christine Tokür -

Les nazis ont effectué un premier test en 1915.
Il est intéressant de noter que les officiers allemands qui occupaient des postes clés dans l’armée ottomane ont occupé des postes aussi importants dans l’Allemagne nazie.

Lors de la Première Guerre mondiale, période lors de laquelle le Génocide arménien a été perpétré, une grande partie des 7000 officiers qui faisaient partie de l’empire ottoman, après avoir retourné dans leurs pays ont intégrés des grades élevés dans le parti Nazi.

Joachim von Ribbentrop était en mission à Istanbul au côté de Bronsart von Schellendorf, le commanditaire de la déportation arménienne.

Plus tard il devient le ministre des Affaires Etrangères d’Hitler. Il fut condamné à mort lors du procès du Nuremberg.

Franz von Papen qui était le chef de l’armée Syrie-Palestine est devenu Premier ministre en Allemagne en 1932. Il a assuré le renforcement du nazisme. Il a même fait en sorte qu’Hitler devienne Premier ministre. Il a été jugé lors du procès de Nuremberg et a été condamné à 10 ans de prison.

Konstantin Freiher von Neurath a été ministre des Affaires Etrangères. Il participa personnellement à l’enterrement d’Atatürk. Lors du procès de Nuremberg il a été condamné à 15 ans d’emprisonnement.
Oswald Pohl est la personne qui proposa la mise en place des camps de concentration. Après avoir été attrapé par la police anglaise pour utilisation de pièces d’identité frauduleuses, il a été jugé au procès de Nuremberg et a été condamné à mort.
Karl Donitz était la personne désigné par Hitler pour le remplacer après sa mort. Après son suicide, il devient le président de l’Allemagne, mais 3 semaines après il fut arrêté et jugé lors du procès de Nuremberg.
En 1940 il ordonna la construction des camps de concentration. Il fut jugé lors du procès de Nuremberg pour avoir causé la mort de deux millions de personnes. Il a été pendu au camp d’Auschwitz. Il avait de plus affirmé qu’il ne regrettait rien et qu’il était fier de tout ce qu’il avait fait.
Bernard Rust avait proposé que des tests soient faits sur les personnes enfermé dans les camps. Suite à la capitulation de l’Allemagne le 8 mai 1945, Rust se suicida.
Hitler avait dit le 22 août 1939 : « Nous prenons notre force de notre rapidité et de notre cruauté. A cause de Cengiz Khan, des millions de femmes et d’enfants sont morts. Soyez plus rapide et plus cruel que les autres. Malgré tout ce qui s’est passé, qui se rappelle aujourd’hui de la mort des Arméniens ? ».

Voir aussi :
Dossier de GlobalArmenianHeritage

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