Rendons grâce à Reynald Beaufort d'avoir pris
conscience de la vérité historique des
"évènements" de 1915 et surtout de son courage
de l'exprimer.
Aujourd'hui, cet amoureux de la Turquie, qu'il a
appris à aimer autrement, fait le récit
courageux du cheminement qui l'a amené, selon
ses propres termes, de la «cécité à la
conscience ». |
De la cécité à la conscience : parcours d'un
amoureux de la Turquie
(*)
Reynald Beaufort, janvier 2013.
J'ai
décidé, à l'invitation d'Arsène Kalaidjian, de venir raconter l'histoire de ma rencontre avec
la Turquie, de la lente évolution de ma
perception, depuis un amour béat, en passant par
une période d'activisme « sous influence » et
celle ensuite de la prise de conscience à
travers des rencontres qui furent décisives pour
moi et qui m'ont amené à devenir ce que je suis
aujourd'hui, un militant engagé au côté de ceux
dans la société civile turque qui luttent en
faveur des droits de l'homme, de la justice et
de la mémoire, de ceux qui se battent pour l'
émancipation du peuple de Turquie.
Ma
première rencontre avec la Turquie date de 1990,
à l'occasion d'un voyage organisé. La
destination de ce voyage doit beaucoup au
hasard, car en dehors de Midnight Express, de
lettres faites à des prisonniers en tant que
membre d'Amnesty International et d'un ami qui y
était allé dans le début des années 80, je n'en
connaissais rien ou si peu que cela n'avait pas
été vraiment déterminant dans le choix de cette
destination.
2
semaines de circuit et une semaine « libre » ont
été le début d'un vertige, bien sûr les paysages
et surtout la lumière y sont époustouflants,
l'histoire y est présente à chaque pas, mais
surtout les gens s'y montrent d'une extrême
hospitalité et d'une grande gentillesse. En
Cappadoce, je découvre des mélodies sorties du
fond des âges et même un vieil «Aşık»(barde) qui
nous joue d'oreille et au saz (luth turc) le
seul morceau français qu'il connait : « les
feuilles mortes » !
De
retour en France la tête remplie de souvenirs et
d'images, je sais que je retournerai en Turquie,
pas comme un touriste
« consommateur », mais avec des éléments me
permettant de nommer et de comprendre mes
découvertes et, en premier lieu, je dois en
apprendre la langue de façon à ne pas dépendre
des choix des guides ou des tour-opérateurs dans
mes pérégrinations.
Les
livres par lesquels j'ai commencé ma découverte
sont ceux que l'on trouvait le plus facilement
en libraire : « l'Histoire des Turcs » de Jean
Paul Roux, « Histoire de l'Empire ottoman » de
Robert Mantran ou encore l'« Atatürk »
d'Alexandre Jevakhof. C'est alors que j'ai
commencé à composer une bibliothèque avec mes
acquisitions.
A
partir de 1993, chaque année, je parcours la
Turquie du nord au sud et d'est en ouest. En
1995, bien qu'on me le déconseille, (les combats
avec le PKK sont alors à leur paroxysme) je
prends la route de l'Est espérant pouvoir
parvenir jusqu'au Sud-Est pour avoir ma propre
appréciation de ce qui s'y déroule dans
l'ignorance du reste du pays. La presse turque
se contente en effet de retranscrire les
communiqués triomphant ou les rapports sanglants
de l'armée qui, bien sûr, ne présentent que des
victimes civiles du PKK (disent-ils). Au cours
de ce voyage, je vais sans en avoir conscience
tout de suite, faire des expériences et des
rencontres qui sèmeront en moi ce qui, bien plus
tard, m'amènera au doute puis à la remise en
question complète de ma vision de la Turquie.
Je
me rends d'abord à Ani. Cette année-là, il n'y a
aucun touriste étranger au point d'être
contraint de louer un taxi pour m'y rendre,
Quand j'arrive sur le site, je ne perturbe que
la tranquillité des marmottes qui s'enfuient
devant mes pas. Ici on sent bien qu'un
cataclysme a provoqué l'abandon des lieux, mais
à l'époque, si je sais bien que c'est l'ancienne
capitale arménienne pour l'avoir lu dans le
guide Lonely Planet, mon inculture concernant
les Arméniens est totale.
Je
poursuis mon périple par Doğubayazit, les
contrôles militaires sur les routes se
multiplient, la tension est palpable, les
soldats sont visiblement à cran, et
extrêmement désagréables avec les voyageurs des
minibus et très soupçonneux à mon égard (Que
vient faire un étranger dans ces provinces sous
état d'urgence?). Mon étape suivante sera Van.
De la citadelle, on voit les traces de
l'ancienne ville dont ne subsistent que les
ruines des monuments en pierre. Je remarque
notamment que seules les mosquées sont
pratiquement intactes. Dans la nouvelle ville de
Van, il y a un musée consacré au génocide commis
par les Arméniens envers les turcs (sic!), des
ossements et des photographies y sont présentés
comme « preuves » et des livres, dont certains
sont en vente, viennent étayer cette thèse
officielle dont à l'époque, je suis bien
incapable de douter.
Les
déplacements sont longs et possibles seulement
le jour à cause du couvre-feu, je réalise que je
vais devoir raccourcir mon itinéraire et je
prends la direction de Malatya et du mont Nemrut.
Nous sommes en pays kurde, le chauffeur du
minibus chante des chants révolutionnaires en
kurde à tue-tête, et ne cache pas ce qu'il pense
du gouvernement d'Ankara... A Avanos, en
Cappadoce, chez les amis turcs qui tiennent une
agence de voyage et une pension, je discute avec
Reza, le célèbre photo-reporter, qui me montre
des photos de villages en feu et de chars dans
les rues de petites villes du Sud-Est. Encore
une fois, manquant de références, j'ai beaucoup
de peine à réaliser ce que ces photos montrent,
personne dans l'ouest de la Turquie n'a
d'informations sur la féroce répression qui
s'abat sur les Kurdes ainsi que les déplacements
de population... Je saurais plus tard, ce qui
s'est réellement passé durant les années où
Tansu Çiller a été premier ministre, elle qui
bénéficiait d'une excellente image en Occident à
l'époque puisqu'elle était une femme au pouvoir
dans un pays musulman.
Qu'on
me pardonne ce long passage sur l'année 1995,
mais il me semble important pour le
compréhension de la suite de ce récit.
Les
années qui suivront, je me ferais guide
accompagnateur amateur pour des amis et des
membres de ma famille jusqu'à ce que je
rencontre en juillet 1997 à Avanos, où elle
travaille comme réceptionniste et hôtesse, celle
qui est devenue ma femme en août 1998. Ma
nouvelle famille turque et mon épouse vont
m'écarter pour un moment de toute préoccupation
politique. C'est à la même période (janvier
1997) qu'intéressé par les possibilités
d'Internet, je lance mon premier site baptisé
« Amoureux de la Turquie ». Il s'agit d'abord ,
sans prétention aucune, de présenter la Turquie
à un public novice et de parler de jolis
endroits, de quelques rencontres, de musique et
de culture en général.
J'adhère
aussi à l'association A Ta Turquie (fin 1997)
qui est une des rares associations à être
vraiment ouverte aux non turcs. J'y ajoute, en
1999, une page « Histoire » avec une chronologie
non exhaustive de l'histoire des turcs et de
l'Anatolie depuis le néolithique. Je reçois
alors des mails hallucinants, des menaces, des
insultes, des textes d'une violence inouïe à
l'égard des turcs, m'accusant d'avoir
volontairement omis de parler des Arméniens et
d'être un propagandiste à la solde d'Ankara...
A l'époque, des forums franco-turcs dits
d'« amitié franco-turque » sont apparus sur le
Net, je les fréquente avec une certaine
assiduité et j'y raconte mes mésaventures avec
ces individus qui envoient les mails en question
sous des noms arméniens. Les administrateurs de
ces forums compatissent et m'assurent de leur
soutien. Je n'ai encore, à ce moment-là, aucune
raison de me méfier d'eux.
Dans
les mêmes temps où naît le site « Tête de
Turc », on me fait parvenir des documents
prétendant démontrer qu'il n’y jamais eu de
génocide, dont le numéro de « L'Histoire »
d'avril 1995 et des articles de Bernard Lewis et
de nombres d'auteurs négationnistes du génocide
des Arméniens. Et n'ayant à ce moment lu que peu de
documents expliquant le processus ayant mené au
génocide et décrivant les massacres qui en ont
découlé, n'ayant jamais rencontré d'arméniens et
ayant un a priori forcément négatif face aux
attaques dont j'avais été l'objet, j'ai pris ces
documents pour argent comptant et en ai même
fait la promotion en reprenant à mon compte les
thèses officielles turques et utilisant même
dans mes écrits les fameux guillemets chers
accompagnant le « G-word ».
En
2004, les créateurs d'un de ces forums me
pressentant sans doute comme un bon petit soldat
de la « cause » turque, me proposent de fonder
avec eux une association dont le nom
sera « Turquie Européenne » et qui,
s'engagent-ils, ne devra s'occuper que de faire
mieux connaître la Turquie en France dans
l'objectif de son adhésion à l'Union Européenne.
La Turquie a un problème d'image : à cette
époque on est dans l'hystérie chez les opposants
à la Turquie qui sont par certains dans la
caricature extrême et agitent la menace turque
en utilisant des arguments consternants – voire
racistes - et en mettent en avant des
personnages douteux comme un certain Del Valle.
Je dois reconnaître que ces excès m'exaspèrent
et me poussent en accepter cette offre. La
création de l'association en avril 2004 sera
même suivie d'un cocktail dans la résidence
privée du Consul de Turquie le 19 juin 2004, les
officiels turcs nous assurent alors de leur
entier soutien. Naïf et sans aucun doute grisé
par cette confiance, je ne me doute pas une
seconde qu'il puisse s'agir d'autre chose que
d'une reconnaissance de mon travail pour faire
mieux connaître la Turquie en France.
Mais
les relations avec les deux co-fondateurs vont
néanmoins rapidement se dégrader. En 2005, des
dissensions sévères se font jour. Les causes en
sont leur refus de laisser publier des articles
critiques envers la Turquie et un conflit ouvert
qui éclate dans leur forum suite à la censure
systématique des opinions qui à leur yeux sont
« antiturques ». Ces interventions sur le forum
ont souvent pour auteurs des Alévis, des Kurdes,
et, bien sûr, des Arméniens. Toute personne
prenant leur parti est censurée voire exclue.
Les modérateurs du forum, dont font partie les
initiateurs de TE, vont même jusqu’à utiliser de
multiples identités pour donner l'impression que
les défenseurs de leurs thèses y sont
majoritaires.
Devant mon refus de céder et parce que j'ai le
soutien d'une majorité des membres de
l'association de l'époque, l'autre partie s'en
va avec les deux co-fondateurs et le webmaster
qui en profitera plus tard pour nous « punir »
en refusant de nous céder le nom de domaine et
en y installant une réplique de «Tête de Turc »
dont il est évident maintenant que les mêmes
gens ont été les instigateurs, voire même, les
animateurs. Je dois alors me former en urgence à
la maintenance du site et nous parvenons à
sauver le site malgré tout avec un nouveau nom
de domaine en «.eu ».
Commence
alors une période difficile avec un nouveau
rédacteur en chef qui va être continuellement
malmené par quelques adhérents qui, sous
prétexte qu'ils paient leurs cotisations,
discutent inlassablement la publication de
chaque article, arguant qu'en publiant des
informations concernant le non-respect des
droits de l'homme, et des éditoriaux
d'intellectuels critiquant l'état, revisitant
l'histoire et remettant en question le
kémalisme, on allait « se couper des
associations » de la diaspora. En même temps,
certains parmi eux essayaient de nous
contraindre à mettre en ligne des articles dont
le contenu était désapprouvé par bon nombre de
nos nouveaux membres. Ils voulaient faire de
Turquie Européenne le porte-parole de la
communauté turque et la défendre contre ses
prétendus « ennemis ». L'administration de
l'association devient très pénible se résumant
presque uniquement à de la gestion de conflit.
C'est durant cette passe difficile que je
commence a me documenter sur le génocide, sur le
sort fait aux kurdes et aux membres des
minorités. J'assiste à des conférences et des
colloques, et lors de l'un d'eux, le premier
avril 2006, j'ai un bref entretien avec Hrant
Dink. Nous entrons aussi en contact cette
année-là avec son ami Baskin Oran dont nous
commençons à traduire les articles.
Ensuite, le 9 novembre 2006,
je participe à une rencontre turco-arménienne à l'initiative de l'Assemblée Européenne de
Citoyens - Helsinki Citizens Assembly (AEC - HCA France) et de l'ACORT (Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie).
Le
19 janvier 2007, l'assassinat de Hrant Dink et
surtout l'attitude des autorités turques vis à
vis de ce crime ignoble augmente encore le
malaise au sein de l'association. Nous
co-réalisons avec les Éditions Fradet un livre,
« Être Arménien en Turquie », qui est un recueil
de traductions d'articles écrits par Hrant Dink
et je traduis notamment celui dans lequel se
trouve une phrase évoquant « le sang contaminé
des arméniens par le poison turc » et qui lui
valut la haine des nationalistes, un procès et
ensuite son exécution par un nervi de l'« État
Profond ».
Cette
même année, Turquie Européenne crée un groupe
sur Facebook qui nous amène un nouveau public
plus jeune et plus enclin à un regard lucide et
critique envers son pays d'origine.
Le dimanche 27 janvier 2008, nous profitons du
passage à Paris de Baskin Oran pour organiser
une Conférence intitulée « Identités et conflits
identitaires en Turquie. » dans les locaux de
l'Office de Tourisme de Turquie sur les Champs
Elysées. Nous sommes les premiers étonnés de
cette hospitalité alors que le sujet est
extrêmement sensible en Turquie.
Je
cède cette année-là, la présidence de
l'association, ayant besoin de repos et de
prendre du recul. Le choix que je fais alors en
proposant une personne pour me libérer de la
présidence va s'avérer plus tard désastreux pour
l'association.
En
2009, Turquie Européenne contribue à la « Saison
Turque » mais les conditions détestables de
l'organisation d'une conférence par le président
de TE rendent bientôt une scission inévitable.
L'assemblée générale de Turquie Européenne du 20
Février 2010 marque une rupture définitive et
les principaux points de désaccord sont
l'attitude à adopter vis à vis du révisionnisme
et des dénis de l'état turc mais encore la
reconnaissance ou non du génocide des arméniens.
A
l'initiative de « Biz Myassine », des membres
« historiques » de Turquie Européenne
commémorent le 18 avril 2010 le génocide
arménien devant le monument Komitas à Paris en
compagnie de partisans du dialogue
arméno-turc.
La
réunion de réorientation entre les membres du
bureau et du conseil d'administration du 29
octobre 2010, prépare et entérine le recentrage
sur le site Internet et la volonté d'être un
reflet différent d'une société civile
turco-européenne, une voix nouvelle qui porte
une analyse critique sur la société turque à
destination du public francophone qu'il soit
issu de l'immigration de Turquie ou non.
Je
demande l'indulgence des lecteurs pour ce long
historique, je ne l'aurais pas écrit s'il ne me
semblait pas nécessaire à la compréhension du
chemin parcouru depuis ma première rencontre
avec la Turquie en 1990.
La gestion de l'association Turquie Européenne
depuis 2004 m'a permis de faire des rencontres
qui m'ont amené à la prise de conscience
progressive de ce qu'est l'état turc et de
pourquoi et comment il est devenu ce géant aux
pieds d'argiles qui impose l'amnésie à tout un
peuple et qui, de surcroît, à l'immense et
ridicule présomption d'espérer l'imposer au
reste du monde !
Tout
le début de mon parcours fût celui d'un
« turcophile », qui maintenant avec le recul me
semble bien candide et naïf, surtout de la part
d'un ancien militant d’extrême gauche,
syndicaliste et sympathisant de nombreuses ONG
défendant les Droits de l'Homme... Il faut
croire que l'amour, y compris d'un pays, peut
rendre aveugle, sinon idiot !
L'essentiel,
me semble-t-il, est d'avoir ouvert les yeux, et
cette lucidité, je la dois beaucoup à mes amis
turcs « dissidents » : Baskin Oran, Pınar Selek...
Et à des français : Michel Atalay, l'association
l'ACORT et Bernard Dreano de l'Helsinki
Citizens Assembly France. Je remercie aussi
quelques amis arméniens : Denis Donikian et
Jacques Kebadian qui les premiers m'ont tendu la
main et ont préféré une attitude pédagogique à
la colère. Je remercie aussi des universitaires
et chercheurs comme Étienne Copeaux, Samim Akgönül, Vincent Duclert et Hamit Bozarslan pour
avoir contribué à faire jaillir la lumière dans
mon esprit quelques temps « égaré »...
Si
ce long article pouvait convaincre certains de
vos lecteurs qu'il est vain et contreproductif
de menacer ou d'insulter. Tous les admirateurs
de la Turquie ne sont pas forcément des
marionnettes de l'état turc, ce dernier est,
certes, très interventionniste quand il s'agit
de son image, mais de là à imaginer que tous les
« turcophiles » sont sciemment des ennemis des
arméniens !
Pourquoi,
aujourd'hui, malgré toutes les couleuvres
avalées, garder le nom de « Turquie
Européenne » ? Je me suis posé la question.
Peut-on encore croire à la vocation de la
Turquie à intégrer l'Union Européenne alors
qu'aujourd'hui son gouvernement en foule au pied
toutes les valeurs ? Mais peut-on pour autant
abandonner tous ceux, intellectuels, étudiants
journalistes et artistes qui en Turquie sont
porteurs de ces valeurs de démocratie? Doit-on
oublier ceux et celles qui souhaitent une
société enfin pacifiée, dans laquelle les femmes
ont une place égale à celle des hommes, où
toutes les composantes de la population, toutes
les minorités qu’elles soient ethniques,
religieuses, agnostiques, athées ou sexuelles
vivent en bonne harmonie et à égalité de
droits ?
C'est
un nouveau sens pour Turquie Européenne et un
nouvel engagement : Soutenir et faire connaître
le travail des démocrates de Turquie à travers
un engagement fort pour les Droits de l'Homme et
la justice. La Turquie de ces précurseurs
courageux aurait toute sa place dans une Union
Européenne qui ne doit pas être seulement une
communauté de marchands mais un espace où le
droit prime sur la force, où les plus
vulnérables sont protégés et où la paix sociale
règne.
Je
rêve maintenant d'une Turquie vraiment laïque
regardant avec lucidité son passé, reconnaissant
ses crimes, le génocide des Arménien, bien sûr, mais
aussi les souffrances et spoliations infligées à
toutes ses autres minorités. En redonnant à
tous la possibilité de vivre leurs cultures et
de renouer avec leurs racines, elle pourrait
redevenir la région cosmopolite qu'elle fût
avec, pourquoi pas, le retour pacifique et
choisi de ses anciennes populations ayant fuit
le harcèlement de l’État. Qui connaît Istanbul
sait la nostalgie qu'éprouve cette ville du
multiculturalisme qui était sa raison d'être et
sa grandeur.
Le
nationalisme fût peut-être un mal nécessaire
pour mettre à bas les empires, mais le temps est
maintenant venu de construire des régions se
fédérant dans une gouvernance mondiale sur la
base du volontariat. Il est urgent de construire
tous ensemble cette entité supranationale pour
gérer la répartition de l'énergie et ressources
afin de sauver cette planète de la catastrophe
annoncée. Il faut solder les comptes du passé
pour pouvoir avancer, pour cela aucun pays ne
pourra faire l'économie de la mémoire, de la
réparation et du pardon.
Article publié dans Nouvelles d'Arménie
Magazine N°193 Mars 2013
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