© Editions Belin
– Bordas – Hachette – Hatier – Magnard – Nathan, 2011 (manuels de 1ère
L, ES, S) – Editions Hachette – Hatier –
Magnard –
Nathan, 2012 (manuels de 1ère STMG)
Le génocide
arménien dans les manuels d’histoire en classe de 1ère L –
ES – S – STMG [Sciences et
technologies du management et de la gestion]
(panel 2011-12)
par
Georges Festa
Corpus
utilisé (11
manuels) :
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Histoire 1re L,
ES, S : Programme 2011. Sous la direction de David Colon. Coordinateur
pédagogique : Philippe Masanet. Responsable numérique : Claude Robinot.
Auteurs : Paul Airiau, Fabrice d’Almeida, Florent Bonaventure, Vanessa
Caru, Aude Chamouard, Laurent Coumel, Emmanuelle Cronier, Nicolas
Davieau, Sylvain Dépit, Gilles Ferragu, Louis-Pascal Jacquemond,
Stéphanie Leu, Claire Marynower, Simon Perego, Cédric Perrin,
Jean-Baptiste Picard, Sophie Pousset, Vanina Profizi, Alexandre Sumpf,
David Valence, Émeline Vanthuyne. Paris : Belin, août 2011, 383 p. –
ISBN : 978-2-7011-5837-2
-
Histoire 1re :
Programme 2011. Sous la direction de Christine Dalbert. Catherine
Barruel, Philippe Cadet, Bruno Cinq, Frédéric Cossart, Christine
Dalbert, Laurence Degunst, Gérard Dumont, Manuel Milet-Anselmo, Michel
Montagne, Philippe Prudent. Bordas : avril 2011, 407 p. – ISBN :
978-2-04-732817-0
-
Histoire :
Questions pour comprendre le XXe siècle. Premières L – ES – S. Nouveau
programme. Sous la direction de Jean-Michel Lambin. Julien Dochez,
Chrystelle Grandin-Le Tulzo, Anne-Claire Lefebvre, Sébastien Repaire,
Hélène Sadowski-Puel, Marcel Spisser, Robert Steegmann, Jean-Luc
Villette, José Ziemniak. Hachette Éducation, 4/2011, 367 p. – Spécimen
: A3 1108 0 / 80 1445 8 (13 5549 4)
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Histoire 1res
L/ES/S : Questions pour comprendre le XXe siècle. Sous la direction de
Pascal Zachary. Auteurs : Géraldine Ancel-Géry, Yannick Courseaux,
Emmanuelle Iardella-Blanc, Pascale Jousselin-Misery, Sahondra Limane,
Emmanuel Mourey, Vesna Ninkovic, Éric Oswald, Étienne Paquin, Sylvie
Rachet, Iannis Roder, David Vodisek. Hachette Éducation, 04/2011, 384
p. – Spécimen : A3 1109 0 / 80 1444 1 (13 5551 0)
-
Histoire 1re :
Questions pour comprendre le XXe siècle. Sous la direction de
Guillaume Bourel et Marielle Chevallier. Marianne Boucheret, Anne
Descamps, Ivan Dufresnoy, Jérémie Ferrer-Bartomeu, Jean Hubac, Bruno
Jégou, Baptiste Léon. Hatier, avril 2011, 359 p. – ISBN :
978-2-218-95354-5
-
Histoire 1re ES,
L, S : Questions pour comprendre le XXe siècle. Sous la direction de
Hugo Billard. Sylvie Aprile, Hugo Billard, Franck Bodin, Aurore
Deglaire, Pascal Desabres, Éric Magne, Charles-François Mathis,
Emmanuel Melmoux, David Mitzinmacker, Arnaud Pautet, Aurélie Robin,
Bruno Sentier. Coordination multimédia : Jean-Marc Vidal. Avec la
collaboration de Stéphane Audoin-Rouzeau. Magnard, avril 2011, 367 p.
– Spécimen enseignant : 9 782210 064270
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Histoire 1re
L-ES-S : Nouveau programme. Sous la direction de Sébastien Cote.
Joëlle Alazard, Eric Godeau, Jean-Marcel Guigou, Stanislas Jeannesson,
Delphine Lécureuil, Catherine Pidutti, Claire Quincy. Nathan, avril
2011, 399 p. – ISBN : 978-209-172813-1
-
Histoire
Géographie Education civique 1re STMG : Nouveau programme. [Coord.] :
Cristhine Lécureux et Alain Prost, IA-IPR Histoire et Géographie.
Nathalie Beriou, Florence Bocognani-Fayolle, Gérard Chatelet, Joël
Dubos, Claire Fredj, Florence Giry, Yves Letertre, Eric Lima, Sylvain
Venayre. Hachette Education, avril 2012, 287 p. – ISBN :
978-2-01-181530-9.
-
Histoire
Géographie 1re STMG. Sous la direction de Guillaume Bourel, Marielle
Chevallier, Annette Ciattoni, Gérard Rigou. Pascal Baud, Serge
Bourgeat, Catherine Bras, Géraldine Djament-Tran, Ivan Dufresnoy,
Marie-Reine Haillant, Anne Frémont-Vanacore, Marie-José Eyssette-Louveaux,
Antoine Mariani, Florence Smits. Hatier, août 2012, 271 p. – ISBN :
978-2-218-96136-6.
-
Histoire
Géographie Education civique : Programme 2012 - 1re STMG. Sous la
coordination de : Laurent Soutenet et Vincent Doumerc. Anne Anglès,
Cécile Betermin, Valentine Binet, Guillaume Bouloc, Jean-Max Girault,
Pascale Goi, Alain Gruat, Mathieu Lemetais, Laurent Marien, Stéphane
Marquez, Hugues Marquis. Magnard, avril 2012, 255 p. – ISBN :
978-2-210-10422-8.
-
Histoire et
Géographie Education civique : Nouveaux programmes 1re STMG. Ouvrage
coordonné par Jean-Louis Carnat, IA-IPR, et Eric Godeau. Auteurs :
Delphine Acloque, Edith Bomati, Françoise Bouron, Dominique Colonna,
Aurélien Delpirou, Ismail Ferhat, Sophie Grimaud-Vella, Alexandra
Monot, Emilie Morbois-Viney, Matthieu Osmont, Fabien Simon, Roland
Tissot, Joseph Viney, Annie Zwang. Nathan Technique, mai 2012, 319 p.
– ISBN : 978-2-09-161989-7.
Suite à nos
études sur le génocide arménien dans les manuels d’Histoire en classe
de 1ère (panels 2003 et 2007)
(1), et dans
le sillage de la récente refonte des programmes
(2),
il convenait de saluer la parution des nouvelles collections proposées
aux enseignants et à leurs élèves. Rappelons quelques chiffres : 2 101
600 lycéens, dont 650 800 lycéens professionnels
(3).
C’est dire l’importance des manuels scolaires dans l’élaboration et la
transmission d’une mémoire collective, qui n’a cessé de renouveler ses
pratiques didactiques. Les études sur l’enseignement scolaire et le
fait génocidaire occupent une place grandissante : équipe ECEGH de
recherche en sciences de l’éducation à l’IFE de Lyon, animée par
Corinne Bonafoux
(4), sites ressource des rectorats
d’académies, parution en 2007 de l’important ouvrage Comprendre les
génocides du XXe siècle : Comparer -Enseigner, sous la direction
de Sophie Ferhadjian et Barbara Lefebvre
(5).
En classe de 1ère
L-ES-S, le génocide arménien est abordé dans le cadre du thème 2 « La
guerre au XXème siècle », lui-même réparti en deux sections « Guerres
mondiales et espoirs de paix », « De la guerre froide à de nouvelles
conflictualités ». Soit un volume horaire de 16-17 heures
d’enseignement sur un total de 57-62 heures (5 thèmes d’étude)
(6). En classe de 1ère STMG, il s’agit du
thème 2 « Guerres et paix, 1914-1945 », comportant deux volets
« L'Europe, un espace marqué par deux conflits mondiaux » et un sujet
d’étude au choix (l’Italie sous Mussolini, la figure de Jean Moulin,
de la SDN à l’ONU). Soit un volume horaire de 10-12 heures,
correspondant à un tiers du programme d’histoire prévu (30-36 heures)
(7).
Dans le cadre de
cet article introductif, nécessairement bref, nous nous limiterons à
lister les documents et les questions posées aux élèves :
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Histoire 1ère L-ES-S (Belin) – chapitre 3 « La
Première Guerre mondiale », leçon 1 « Une guerre totale », document 3
« Le génocide arménien en 1915 » :
encadré de 16
lignes (témoignage de Nvart Mahokian, 1920, cité par Annick Asso,
Le Cantique des larmes, La Table Ronde, 2005) – le commentaire de
présentation rappelle que sur les 2,2 millions d’Arméniens vivant dans
l’empire ottoman avant-guerre, « beaucoup revendiquent l’indépendance.
En 1915, le gouvernement nationaliste turc profite de la guerre pour
les accuser de complicité avec l’ennemi russe. Il massacre 1,5 million
d’entre eux. » 2 questions sont posées à l’élève : « Quels éléments
montrent que le génocide est organisé par le gouvernement turc ? » -
« Quelles sont les méthodes employées pour exterminer les
Arméniens ? » (p. 65). |
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Histoire 1ère (Bordas) – partie 2 « La guerre au
XXème siècle », chapitre 4 « La Première Guerre mondiale :
l’expérience combattante dans une guerre totale », cours 2 « Des
civils de plus en plus impliqués dans la guerre » (p. 88-89) :
une demie page
consacrée au « premier génocide du XXe siècle » explique notamment que
« les Arméniens, déjà victimes de violences au XIXe siècle, sont
considérés comme des traîtres par le gouvernement turc » et conclut :
« On peut estimer le nombre des victimes à un chiffre compris entre
650 000 et 800 000. » (p. 88). 4 documents iconographiques sont
proposés à l’étude : « Exécution d’Arméniens par des Turcs en 1915 »
(pendaison publique et soldats en armes, sans préciser le lieu), avec
pour question : « Quels aspects du génocide arménien ce document
montre-t-il ? ») ; « carte de Talaat Pacha », occupant un tiers de la
page 89 : pourcentage d’Arméniens dans la population après les
déportations (‘selon le projet de Talaat Pacha’, est-il précisé en
note), mouvements de déportations des Arméniens, zones de massacres de
masse et région de camps de concentration (source citée : l'historien
turc contemporain Fuat Dündar) ; photographie de femmes polonaises
travaillant sur le front russo-germanique en 1915 ; extrait du rapport
du consul allemand d’Alep en 1915, accompagné de deux questions :
« Quelles sont les victimes les plus nombreuses ? », « Quelles sont
les méthodes d’extermination ? ».
A l’attention
des élèves, une frise chronologique introductive (1914-1917) lie en
mars 1915 le débarquement dans les Dardanelles et le début du génocide
arménien (p. 78).
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Histoire 1ère L-ES-S (collection Jean-Michel Lambin,
Hachette) – thème 2 « La guerre au XXème siècle », chapitre 3
« 1914-1918 : l’expérience combattante dans une guerre totale », étude
« Les civils dans la guerre » (p. 78-79) :
3 documents
présents : une photographie « Massacre d’enfants arméniens par les
Turcs en 1915 » (source : Getty images / Armin T. Wegner), témoignage
d’un soldat arménien (cité par S. Audoin-Rouzeau et A. Becker, 14-18.
Retrouver la Guerre, Folio 2000), extrait d’un rapport du
consul américain d’Alep, Jesse B. Jackson, 5 juin 1915. 2 questions
sont posées à l’élève : « Par qui les Arméniens sont-ils
massacrés ? En quoi ce génocide « illustre »-t-il l’expression
« guerre totale » ? Concernant le bilan du chapitre, l’élève doit
montrer « que la guerre de 1914-1918 est une guerre totale, aussi bien
pour les militaires que pour les civils » (p. 79).
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Histoire 1ère L-ES-S (collection Pascal Zachary,
Hachette) – thème 2 « La guerre au XXème siècle », chapitre 3 « La
Première Guerre mondiale : l’expérience combattante dans une guerre
totale », leçon 2 « L’impact d’une « guerre totale » sur l’expérience
combattante » (p. 86-87) :
Un sobre rappel
conclusif du paragraphe 3 « Les civils à l’épreuve des violences » :
« Enfin, la Grande Guerre comporte aussi des violences contre des
peuples entiers (génocide arménien en 1915). » (p. 86). Notons
toutefois dans la fiche de révision prévue « Les dates clés », la
mention : « 25 avril-juin 1915 : génocide des Arméniens (plus de 800
000 morts) » (p. 90). De même, une
frise chronologique mentionne le 24 avril 1915, marquant le début des
déportations et du génocide d’Arméniens dans l’empire ottoman (p. 73).
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- Histoire 1ère (Hatier) – thème 2 « La guerre au
XXème siècle » - leçon 2 « Une guerre totale » (p. 90-91) :
Le premier
paragraphe « Les civils plongés dans la guerre totale » rappelle que
« la lutte contre l’ennemi se déplace parfois à l’intérieur des
frontières nationales » : « En 1915, le pouvoir ottoman décide de la
déportation de centaines de milliers d’Arméniens, accusés de pactiser
avec l’ennemi russe. Le premier génocide du XXème siècle fait 1,5
million de morts. » (p. 90). Complété par la mention « 1915-1916 :
Génocide arménien » dans l’encadré « Dates-clés » (id.). 3
documents illustrent l’étude suivante « Les civils dans la guerre »,
dont l’extrait d’un rapport de Martin
Niepage,
directeur de l’école allemande d’Alep, au consul d’Allemagne,
septembre 1915 (cité par Annick Asso , Le Cantique des larmes,
La Table ronde, 2005), et la photographie de « cadavres d’Arméniens
ayant succombé aux déportations en masse organisées par le pouvoir
ottoman (1915) » (cliché sans précision de lieu, relatif en réalité
aux massacres du 30 octobre 1895 à Erzeroum). 2 questions sont posées
à l’élève : « De quel type de violence les civils sont-ils
victimes ? », « A quel sort les civils arméniens sont-ils soumis dans
l’Empire ottoman ? » (encadré,, p. 92).
Une frise chronologique de la Première
Guerre mondiale figure de même dans ce manuel, mentionnant en rouge le
génocide arménien (1915-1916) (p. 83).
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Histoire 1re ES, L, S (Magnard) – partie II « La
guerre au XXème siècle », chapitre 3 « Guerres mondiales et espoirs de
paix » :
Suite à la
mention du génocide des Arméniens en 1915 dans la frise chronologique
1914-1948 (p. 67), le cours 1 « Combattre pendant la Première Guerre
mondiale » (p. 70-77) répond à la question « Comment l’expérience des
combats modifie-t-elle les hommes ? » et précise dans son paragraphe
consacré à la violence des combats : « En 1915, 1,2 million
d’Arméniens sont déportés et massacrés par le pouvoir ottoman, dans ce
qui sera qualifié ensuite de génocide. » (p. 70) L’encadré annexe
« Vocabulaire » ajoute la définition du mot génocide : « Destruction
d’une nation ou d’un groupe ethnique de façon coordonnée, systématique
et planifiée. » (id.). Sans préciser cependant le contexte
ottoman…
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Histoire 1re L-ES-S (Nathan) – partie 2 « La guerre
au XXème siècle », chapitre 3 « Les guerres mondiales au XXème
siècle » :
Si, là encore,
une frise chronologique (1914-1945) mentionne en mai 1915 « Début du
génocide arménien » (p. 83), deux études « Les civils, victimes de
guerre » (p. 97-98) et « Les violences de guerre » (p. 94-95)
renvoient directement au génocide arménien. Définition du génocide
rappelée dans un encadré Vocabulaire – « Destruction physique,
intentionnelle, systématique et programmée d’un groupe ou d’une partie
d’un groupe en raison de ses origines ethniques ou religieuses » (p.
93), extrait d’une lettre de Leslie A. Davis, consul des Etats-Unis, à
l’ambassadeur Henry Morgenthau, du 30 juin 1915 (document 5, p. 93).
Document à propos duquel 4 questions sont posées à l’élève : « Quelle
est la source du document ? », « Quels sont les motifs qui permettent
la répression des Arméniens dans l’Empire ottoman ? », « Quelles sont
les mesures prises par les Ottomans contre les Arméniens ? »,
« Montrez qu’il s’agit d’un génocide. » (id.). Le commentaire
présentant l’extrait de la lettre évoque le « déplacement de tous les
Arméniens installés dans les provinces orientales frontalières de la
Russie, accusés de sympathies pro-russes. Cette déportation se
transforme en véritable génocide. » (p. 93)…
L’encadré Vocabulaire du cours suivant (« Les violences de guerre »)
reprend la définition du génocide (p. 94), tandis que la section
consacrée aux « civils, nouvelles victimes de la guerre » consacre un
paragraphe au génocide des Arméniens « minorité chrétienne de l’Empire
ottoman », « considérés comme des ennemis de l’intérieur » : « Ils
sont déjà victimes de massacres à la fin du XIXe siècle, mais les
difficultés militaires de l’Empire précipitent leur élimination :
soupçonnés de soutenir les Russes et rendus responsables de la
situation militaire, le pouvoir ottoman les accuse de compromettre
l’issue de la guerre. » (p. 95). Le texte rappelle qu’ « après que les
élites de cette minorité ont été arrêtées et mises à mort, une vaste
déportation est organisée par le pouvoir : les marches forcées font
périr les plus faibles. Egalement victimes d’assassinats et de noyades
de masse, ce sont plus d’un million d’Arméniens qui trouvèrent la mort
au cours de ce qu’il faut bien appeler un génocide. » (p. 95).
Commentaires accompagnés d’une photographie d’une fosse commune en
1915 [source : Gamma Rapho/CRDA-R. Gaillarde] [en réalité : charniers
près d’Erzeroum, en 1896], intitulée « Le génocide arménien
(1915-1916). Dans l’encadré « Vérifiez vos connaissances », une
question est posée à l’élève : « Comment la guerre a-t-elle précipité
le génocide des Arméniens ? » (p. 95).
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Les
4 manuels
d’Histoire-Géographie 1ère STMG, que nous avons
retenus pour
cette rapide présentation, tranchent par leur mise en perspective
novatrice.
Le manuel
Hachette consacre un paragraphe au génocide arménien : référence à la
« question arménienne dans l’Empire ottoman », arrivée au pouvoir du
mouvement nationaliste « Jeune-Turc » en 1913, lequel « les perçoit
comme un obstacle à sa politique de redéfinition de l’Etat sur une
base ethnique et religieuse » : « Pendant la guerre, les autorités
turques les rendent responsables des échecs militaires. » (p. 62). La
chronologie est précisée : frise des dates clés de la Première Guerre
mondiale avec un chiffrage d’un
million de victimes (p. 59), début des
évacuations dès mars 1915, rappel de l’élimination des élites
militaires et politiques, extrait d’un article du
Petit Journal,
daté du 11 décembre 1915 (p. 63), mais surtout rappel de la position
de l’ONU : « Les Nations Unies désignent en 1973 ces massacres comme
le premier génocide du siècle : environ les deux tiers de la
communauté trouve la mort. » (p. 62).
Le manuel d’Histoire Géographie Education
civique 1ère ST2S, publié en avril 2012 chez le même
éditeur et dû aux mêmes auteurs, reprend ces développements.
Le manuel Hatier
consacre une page entière au génocide arménien dans sa série de
Documents intitulée « Des sociétés plongées dans la guerre » :
chronologie du génocide arménien, qui débute en mars 1878 et s’achève
en septembre 1915 ; photographie d’une « marche de la mort » des
Arméniens en Turquie (légendée : « Déportation de familles arméniennes
vers Alep, 1915 ») ; extrait d’un rapport de Martin Niepage, en
septembre 1915, repris de l’ouvrage d’Annick Asso, Le Cantique des
larmes (cf. supra). A la lumière de ces documents, 3 questions
sont posées à l’élève : « Qu’est-ce qui amène le gouvernement turc à
prendre la décision de détruire les Arméniens en 1915 ? S’agit-il du
premier massacre ? Quelles sont les modalités du génocide en 1915 ? »
(p. 63). Le chiffre d’1,5 million de morts est cité dans le cours
suivant « Des sociétés plongées dans la guerre », voisinant avec un
diagramme des pertes militaires de la Grande Guerre, où figure la
Turquie, et un encadré des notions à retenir, dont celle de génocide :
« Mot forgé en 1944 pour définir la pratique de l’extermination
systématique de nations ou de groupes ethniques. » (p. 67).
Le manuel Magnard
rappelle les 7 notions essentielles à maîtriser en introduction au
thème 2 « Guerres et paix, 1914-1945 », dont celle de génocide (p.
47), et consacre trois lignes au génocide arménien dans sa leçon 2
« La Première Guerre mondiale, une guerre totale » (p. 56-57) :
inclusion dans le développement sur la violence extrême et les crimes
de guerre, chiffre avancé d’1 300 000 « victimes d’un des premiers
génocides », photographie d’un charnier à Alep en 1915 (source :
Bettmann/Corbis), dont la légende rappelle les « massacres planifiés
par les autorités » (p. 57). Deux questions sont posées à l’élève :
« Localisez l’Empire ottoman (carte p. 50). », « Sur qui le massacre
s’exerce-t-il ? » (id.).
Le manuel Nathan
propose de même une frise chronologique 1915-1945, laquelle se
distingue en débutant par la mention du génocide arménien (p. 64), et
consacre deux paragraphes au génocide arménien (1915-1916) dans son
cours sur « Les violences de la Première Guerre mondiale » (p. 72-73),
rappelant : « En janvier 1915, la défaite de l’armée ottomane contre
les Russes sert de prétexte pour accuser les Arméniens, nombreux dans
l’empire ottoman, de trahison. » Appelant les « conditions
épouvantables » des déportations, le manuel chiffre les victimes
arméniennes à 1 500 000, « soit les deux tiers de la population
arménienne de l’Empire ottoman » (p. 73). Une photographie de 1915
« Le génocide arménien », représentant un groupe de cadavres et quatre
témoins, sans mention du lieu, accompagne le texte. L’élève est amené
à s’interroger : « Quel type de violence est ici présenté ? » (id.).
La définition du génocide, présente dans cette même page (encadré
« Notion »), rappelle le nom de Raphaël Lemkin. Surtout, ce manuel est
le seul à évoquer l’actualité du négationnisme : « L’absence de
reconnaissance du génocide arménien par la Turquie reste une source de
fortes tensions dans les relations entre les deux pays. » (p. 73).
A noter que ces mêmes
développements sont repris dans le manuel d’Histoire et Géographie
Education civique de 1ère ST2S (Nouveaux programmes),
publiés en avril 2012 chez le même éditeur et conçu par la même équipe
rédactionnelle (p. 58, 66-67)
|
.
Le
panel 2011-2012 (filières 1ère L-ES-S-STMG) conforte ainsi
les avancées des précédentes refontes éditoriales, tout en maintenant
des zones d’interrogation. Force est de noter le décalage entre la
définition, souvent rappelée, du fait génocidaire, impliquant une
analyse, même sommaire, des enjeux du nationalisme turc ottoman,
à la lumière des travaux
exemplaires d'un Taner Akçam et la
brutalisassions, appuyée au plan iconographique, du premier conflit
mondial. « Donner à la fois de la chair et du sens à la leçon
d’histoire »
(8) :
le génocide arménien, paradigme de la guerre au XXème siècle ou
question citoyenne, toujours actuelle ?
Notes
1.
Georges Festa : « Le génocide arménien dans les manuels
scolaires (classe de 1ère L-ES) – panel 2003 », paru en
2006 in
http://www.yevrobatsi.org, rééd. in
http://armeniantrends.blogspot.fr/2009/02/enseigner-teaching.html ;
« Arménie et Arméniens dans les manuels d’Histoire en classe de
Première », in Actes du Colloque Arménie : de l'abîme aux
constructions d'identité, Cerisy-la-Salle, août 2007 – Paris :
L’Harmattan, 2009
2.
Bulletin officiel
spécial
n° 9 du 30 septembre 2010 (nouveaux programmes d’enseignement commun
d’histoire et de géographie de la classe de première de la voie
générale),
https://eduscol.education.fr/pid23208-cid56538/ressources-pour-la-classe-de-premiere.html
; Bulletin officiel du 1er mars 2012 (programme
d’histoire-géographie et éducation civique en première ST2S [série
Sciences et technologies de la santé et du social] et STMG [série
Sciences et technologies du management et de la gestion],
http://www.education.gouv.fr/cid59466/au-bo-du-1er-mars-2012-programme-d-histoire-geographie-et-education-civique-en-premiere-st2s-et-stmg.html.
3.
Source : Ministère de l’Education nationale,
http://www.education.gouv.fr/cid195/les-chiffres-cles.html#Les_%C3%A9l%C3%A8ves
4.
Institut Français de l’Education (Lyon), équipe ECEGH -
http://ecehg.inrp.fr/ECEHG/
5.
Bréal, collection DIV, 2007, 320 p. – ISBN-13 : 978-2749507224.
6.
http://www.education.gouv.fr/cid53319/mene1019675a.html
7.
http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=59167
8.Ministère de l’éducation nationale, de la jeunesse et de la vie
associative, DGESCO – IGEN, Ressources pour le lycée général et
technologique,
http://cache.media.eduscol.education.fr/file/lycee/69/6/LyceeGT_Ressources_Hist_1_01_Demarches_184696.pdf
[Enseignant,
Georges Festa a récemment publié une traduction de Black Dog of
Fate de Peter Balakian (Le Chien noir du destin, Genève :
MetisPresses, 2011) et a co-dirigé avec Denis Donikian le colloque
Arménie : de l’abîme aux constructions d’identité, organisé au
Centre Culturel International de Cerisy-la-Salle en août 2007 (Paris :
L’Harmattan, 2009). Ouvrage à paraître : Micheline Aharonian-Marcom,
Le Garçon qui rêvait le jour, traduit de l’américain (2013).]
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