L’Arménie
occidentale (en couleur foncé) en 1915 durant le Génocide
(tiré du manuel d'histoire 1ère
Bordas).
L’entreprise
d’extermination du peuple arménien s’est déroulée sur plusieurs
décennies, sous différents régimes turcs.
Déjà en
1879, le Grand Vizir disait : « Nous supprimerons et ferons
disparaître à jamais le peuple arménien. Pour y parvenir rien ne
nous manque : nous avons à notre disposition les Kurdes, les
Tcherkesses, les gouverneurs de province, les percepteurs, les
agents de police, en un mot tous ceux qui font la guerre sainte à un
peuple qui n’a ni armes ni moyens de défense. Nous, au contraire,
nous avons une armée et des armes, et la protectrice de nos
possessions en Asie Mineure [la Grande Bretagne] est la plus grande
et la plus riche des puissances du monde. »
Avant le début du processus d’extermination (avant 1894), il
y avait sur le territoire de la Turquie actuelle environ trois
millions d’Arméniens et autant de Turcs ; l’autre moitié de la
population était composée d’une véritable mosaïque de peuples
(Kurdes, Grecs, Assyro-Chaldéens, Lazes, Tcherkesses, etc.).
Les massacres systématiques ont commencés à Sassoun, en
avril 1894, et se sont achevés en septembre 1922, à Smyrne. Pour la
seule période de 1894 à 1896, le sultan Hamid a fait massacrer
300.000 Arméniens. Le pays était en ruines, il s’ensuivit misère,
famine, émigration, et la population arménienne de l’Empire ottoman
diminua de plus d’un demi million d’âmes. Jean Jaurès avait prévenu
en 1896, dans un discours mémorable, que « … l’Europe ne pouvait
plus vivre avec dans sa cave le cadavre d’un peuple assassiné ! ».
Pourtant le pire était à venir, car les dirigeants Jeunes Turcs vont
profiter de la Première Guerre mondiale pour mettre en œuvre
l’extermination des Arméniens et se débarrasser de la « Question
arménienne ».
En 1915, les Arméniens n’étaient plus que 2.250.000, dans
l’Empire Ottoman. Le 24 avril 1915 marquera le début du Génocide
avec l’arrestation de l’intelligentsia arménienne à Constantinople.
Les dirigeants Jeunes Turcs vont mettre au point un projet
diabolique de « déportation » (conseillé par les Allemands !?), qui
était en réalité un projet d’extermination. Pour Talaat, le
principal responsable du Génocide de 1915, il s’agissait de
« question concernant les intérêts turcs et la patrie », comme il le
confiait à son ami Vartkes.
Vartkès Serenkulian, héros et député avait échappé à la
rafle du 24 avril 1915, jour du déclenchement du Génocide à
Constantinople, où 650 intellectuels furent arrêtés. Il profita de
ce répit pour aller s’informer auprès de son ami Talaat.
Extrait du livre de Hayk « Avenir de la Diaspora
arménienne » (les majuscules sont dues à l’auteur) : « - Donc vous
[les Jeunes Turcs] allez continuer l’œuvre du Sultan Hamid ? - Oui !
Nous ferons ce qu’exige l’INTERET TURC ! – Pacha tant d’amitié nous
lie, j’ai une famille, aie pitié d’elle, si je suis en danger dis-le
moi pour que je m’éloigne. – Vartkès, il faut que tu comprennes, il
s’agit d’une QUESTION CONCERNANT LA PATRIE, l’amitié et les
relations personnelles n’ont pas de place ici. Ne reste pas,
va-t-en ! - Et Vartkès lui baisa la main. »
Le grand écrivain et député Krikor Zohrap, avait lui aussi
échappé à la première rafle du 24 avril. Il avait échappé à cette
première vague d’arrestation car… il était au club ce soir là, et
jouait aux cartes avec ses amis députés ! Quelques jours avant, son
ami Talaat l’avait embrassé en le quittant (en guise de dernier
adieu ?!), ce qui avait d’ailleurs étonné l’écrivain. Avant
l’arrivée au pouvoir (en 1908) des Jeunes Turcs, Talaat recherché
par la police du sultan avait trouvé refuge chez son meilleur ami,
Zohrap, où il se cachait.
Krikor Zohrap et Vartkès Serenkulian seront arrêtés et
déportés peu de temps après. Après l’avoir torturé, les tueurs
achèveront Zohrap en écrasant sa tête avec des roches, près d’Urfa.
Vartkès sera lui aussi torturé puis assassiné non loin d’Urfa, à
Garakeupri.
L’éminent professeur turc Taner Akçam a prouvé ces derniers
temps qu’il n’y avait aucun doute sur l’authenticité des nombreux
télégrammes envoyés par les dirigeants Jeunes Turcs ordonnant les
massacres durant la guerre. Télégrammes dont l’authenticité avaient
été contestés par des négationnistes lorsqu’ils furent révélés.
Voici parmi tant d’autres celui envoyé par Talaat à la préfecture
d’Alep le 29 septembre 1915 : « Il
a été précédemment communiqué que le gouvernement, sur l’ordre du
Djémièt a décidé d'exterminer entièrement tous les Arméniens
habitant en Turquie. Ceux qui s'opposeraient à cet ordre et à cette
décision ne pourraient faire partie de la forme gouvernementale.
Sans égard pour les femmes, les enfants et les infirmes, quelque
tragiques que puissent être les moyens de l’extermination, sans
écouter les sentiments de la conscience, il faut mettre fin à leur
existence ».
Les causes
du Génocide
Essayons d’abord de comprendre les raisons profondes qui ont
conduit les Turcs à commettre ce génocide, il y a un siècle.
Il s’est produit, ces dernières décennies, un fait
important. Pour citer ce qui fut pendant plus de 3000 ans la patrie
historique du peuple arménien la plupart ne disent plus Arménie,
mais : Anatolie, Anatolie orientale, etc. Depuis 1923, ce terme
(Anatolie) qui est l’équivalent d’Asie Mineure, est de plus en plus
employé pour citer l’ensemble de la Turquie d’Asie en englobant
l’Arménie historique. Il suffit de consulter une carte physique
pour constater qu’au delà du nord-est de l’Euphrate cela s’appelle
toujours Arménie (ou Plateau Arménien), et que l’Anatolie ne s’étend
pas au-delà de l’Euphrate.
L’article 16 du traité de San Stefano de 1878, concernant
les réformes en Arménie turque, nommait bien l’« Arménie ».
La lettre d’avertissement de la « Triple-Entente » envoyée à la
Turquie le 24 mai 1915 (où « crime contre l’humanité » était cité
pour la première fois), avait pour titre « Les massacres en
Arménie » et la 1ère phrase disait : « Depuis un mois
environ, la population kurde et turque de l’Arménie procède
de connivence et souvent avec l’aide des autorités ottomanes à des
massacres des Arméniens… ». Encore en 1966, lors d’un important
tremblement de terre dont l’épicentre se situait à Varto, entre
Mouch et Erzeroum, au nord-ouest du lac de Van, un quotidien anglais
avait titré cet événement : « Séisme en Arménie ». Cela ne
serait sûrement plus le cas aujourd’hui.
N’oublions pas qu’en 1914, après tant d’années de souffrance
et de massacres (notamment entre 1894 à 1896), l’Arménie était
parvenue au seuil de l’autonomie. À la veille de la guerre, les
réformes en Arménie avaient fait une grande avancée. Malgré les
réticences de l’Allemagne et de l’Autriche, les puissances
européennes, sous les pressions russes et françaises, parvinrent à
un règlement de compromis qui regroupait sept provinces orientales
(en foncé sur la carte jointe) en deux régions autonomes (au nord :
Sébaste, Trébizonde, Erzeroum; au sud : Van, Bitlis, Diyarbakir,
Kharpout) sous la surveillance d’inspecteurs généraux européens de
pays neutres, le Hollandais Westenenk et le Norvégien Hoff. Ils
seront hélas expulsés avec la déclaration de la guerre par la
Turquie.
L’enjeu était crucial pour les Turcs nationalistes, car
l’Arménie occidentale (sans la Cilicie et sans la partie de
l’Arménie russe offerte plus tard par Lénine), totalisait une
superficie de 328.800 km2.
C’est-à-dire plus que la Pologne d’aujourd’hui. À elle seule, la
province de Sébaste (Arménie mineure), avec ses 83.700 km2
était trois fois plus grande que la Rép. d’Arménie actuelle (ou la
Belgique). Face à une probable indépendance d’une vaste Arménie, qui
aurait une fois de plus amputé le territoire de l’ex Empire ottoman,
les dirigeants turcs ont voulu stopper ce processus « peau de
chagrin ». De plus, ces dirigeants, prêchant le panturquisme,
voulaient recréer un nouveau et grand empire, mais cette fois en se
retournant vers l’Est, en faisant la jonction avec les peuples
frères d’Azerbaïdjan et de l’immense Asie centrale, tous turcophones
(d’où la guerre avec la Russie), en opposition au précédent empire
multiracial. Là encore c’est l’espace arménien qui gênait ce projet.
Les dirigeants Jeunes Turcs pensaient que même en perdant la
guerre, ils réussiraient à se débarrasser définitivement de la
Question arménienne. Après la défaite de 1918 et le Génocide, il y
aura ici et là encore des massacres organisés par Topal Osman, mais
ce sera surtout le début du long processus d’un Génocide culturel
(terme utilisé pour définir
les actes de
destructions du témoignage culturel d’un peuple). Les
survivants du Génocide seront chassés de leur foyer (sans retour
possible), et tous les biens individuels et nationaux des
Arméniens seront confisqués. Les maisons seront confisquées ; les
cathédrales, les églises, les écoles, les hôpitaux seront
transformés en mosquées ou autres bâtiments administratifs. Mais une
grande partie de ce patrimoine sera, durant des décennies,
systématiquement détruite. Des monastères, des églises, des
khatchkars (pierres-croix), des cimetières, et même des quartiers
entiers (comme à Van) seront détruits et rasés. Des milliers de
manuscrits médiévaux écrits et enluminés à la main seront
brûlés ou détruits.
Ces destructions seront méthodiques et planifiées. Le but étant de
faire disparaître l’héritage historique et culturel de tout
un peuple, d’effacer
les traces de sa présence sur ces territoires afin d‘effacer à
jamais le mot « Arménie ». Les noms des villes, des villages,
des fleuves, des rivières, des montagnes ont été changés, Berkri
est devenu Muradiye, Lim – Karakoç, Moks – Bahçesaray, Narek
– Yemişlik, Vostan – Gevaş, etc., la liste est extrêmement
longue. On a même, ces derniers temps, changé des noms d’animaux. En
effet, en 2005, le ministère turc de l’Environnement a débaptisé la
race de mouton Ovis Armeniana en le renommant Ovis
Orientalis Anatolicus, de même pour le chevreuil, de son nom
scientifique Capreolus. Capreolus Armenius, qui a été
rebaptisé… Capreolus Caprelus Capreolus !
Mustafa Kemal transformera la défaite de 1918 en victoire en
imposant les frontières actuelles de la République Turque sur les
ruines de l’Arménie. D’ailleurs, au moment même où le président
américain W. Wilson traçait, par un document officiel, la future
frontière entre l’Arménie et la Turquie, selon la mission qui lui
avait été confiée au Traité de Sèvres de 1920, Kemal écrasait la
toute nouvelle République d’Arménie, dans un bain de sang faisant
près de 200.000 morts, pour annuler toute contrainte de frontière
imposée par ce traité et pour gratter encore quelque 20.000 km2
(aussi grand que l’Etat d’Israël) à l’ancienne Arménie russe. Ce qui
lui fut acquis et entériné par Lénine aux traités de Kars et de
Moscou. Quant au Nakhitchevan, les Turcs le rendirent aux
Soviétiques à condition de ne pas le rendre aux Arméniens mais à
l’Azerbaïdjan et en y gardant un droit de veto.
Une petite anecdote illustrant à quel point un minuscule
territoire de quelques dizaines d’hectares avait une importance aux
yeux des nationalistes turcs : au moment de signer le traité de Kars
(octobre 1921), les Soviétiques (qui apparemment n’avaient pas bonne
conscience en cédant une bonne partie de l’Arménie russe aux Turcs)
voulaient garder les ruines d’Ani, ancienne capitale historique,
côté arménien, puisqu’elle devait jouxter la future frontière. Ce
qui fut catégoriquement refusé.
Ainsi « Arménie » se transformera progressivement en …
Anatolie !
Ce qui est regrettable, c’est que même lors de soirées
commémoratives, les termes employés par certains historiens du
Génocide, pour citer le pays, lors des débats, sont encore une fois
: « Anatolie », « Anatolie orientale », etc.
Mais cette confusion a des conséquences, car lorsque l’on
recherche les causes du Génocide de 1915, les réponses sont la
plupart du temps « religieuses, ethniques, raciales, financières,
etc. », alors que la cause principale qui est territoriale
est souvent oubliée. Je me souviens, c’était lors d’un dîner
officiel, un responsable religieux avait posé cette question clé à
un leader politique de la diaspora. La réponse de ce dernier fut
très détaillée autour des raisons « religieuses, ethniques,
raciales, etc… ». Je lui fis remarquer, après son intervention,
qu’il avait dû oublier de parler des raisons territoriales.
L’annihilation de l’Arménie et de son peuple, mais surtout
la non condamnation de ce crime, serviront d’exemple à Hitler qui
dira à ses généraux le 22 août 1939, avant d’attaquer la Pologne :
« J’ai donné des ordres à toutes mes formations militaires, pour
l’instant cela ne concerne que l’Est, de se tenir prêtes à tuer sans
merci, ni compassion tous les sujets, hommes, femmes ou enfants,
sans aucune exception, appartenant à la nationalité polonaise ou
étant porteurs de la langue polonaise. C’est seulement par ce moyen
que nous acquerrons les territoires (lebensraum) dont nous avons
besoin. Finalement qui de nos jours parle encore de
l’extermination des Arméniens ? »
Hitler n’a pas réussi (heureusement) à faire disparaître la
Pologne de la surface de la planète, comme l’a fait Talaat pour
l’Arménie occidentale, néanmoins il y a tout de même exterminé six
millions de Polonais, dont trois millions de juifs. Talaat sera abattu à Berlin le 15 mars 1921 par Solomon
Téhlérian. Au procès, les juges allemands déclareront Téhlérian
innocent (peut-être aussi en raison du climat de responsabilité du
génocide qui pesait sur l’Allemagne en tant qu’alliée de la Turquie
pendant la guerre). Pourtant, à Istanbul, sur la « colline des
martyrs », le responsable numéro un du génocide des Arméniens de
1915 aura droit à un... mausolée !
Durant la Première Guerre mondiale, les dirigeants Jeunes
Turcs ont réussi, avec leur plan diabolique, à exterminer toute une
nation sur ses terres ancestrales. C’est bien pour s’accaparer
définitivement l’Arménie occidentale (et la Cilicie) que les Turcs
ont commis ce génocide, il y a 100 ans.
La plupart des Arméniens vivant actuellement en diaspora
(désormais deux Arméniens sur trois) sont les descendants des
rescapés du Génocide.
Génocide ou plus que ça ?
Certains historiens d’Arménie estiment que le terme
« Génocide » est insuffisant pour le cas des Arméniens et qu’il
faudrait en trouver un autre plus fort encore et mieux adapté pour
ce cas unique. Car d’après ces historiens, il ne s’agit pas
seulement
(selon la convention
sur le génocide) « … de
la
destruction de tout ou partie d’un groupe national, ethnique, racial
ou religieux… », mais d’une nation qui a été exterminée dans sa
patrie historique et multimillénaire, et dont les territoires ont
été accaparés par la suite.
La reconnaissance du Génocide par la Turquie ?
En 1919, le gouvernement turc de l’époque avait reconnu les
crimes commis envers le peuple arménien et les principaux
responsables furent condamnés, dont les quatre principaux
responsables condamnés à mort par contumace (ils ont été tués par
des justiciers arméniens, dans les années qui suivirent). Cependant,
depuis la prise du pouvoir par Mustafa Kemal, en 1920, tous les
gouvernements successifs de la Turquie ont nié le Génocide.
Mais les choses peuvent changer car la société turque a
considérablement évolué ces deniers temps. D’abord, au plus haut
niveau, il y a eu les invitations réciproques des présidents Gül et
Sarkissian, à l’occasion des matchs de qualification pour le
championnat européen de football et le projet d’un protocole
d’accord a été signé entre les deux pays.
Nombreux sont les Turcs qui rejètent désormais la négation
officielle du Génocide, à l’image des députés turcs du Bundestag en
Allemagne, avec Cem Ozdemir à leur tête, qui ont été les principaux
artisans de la loi sur le Génocide arménien. Parmi les personnalités
qui soutiennent la cause arméniennes depuis de nombreuses années,
malgré les menaces des autorités, Ragip Zarakolu et son épouse
(emprisonnée et décédée depuis), Ali Ertem, Taner Akçam, Erol
Ozkoray, Ayse Günaysu, et beaucoup d’autres.
En 2008, Cengiz Aktar, Baskin Oran, Ali Bayramoglu et Ahmet
Insel, lancent un appel demandant pardon aux Arméniens. Le texte
dit : « Ma conscience ne peut accepter que
l’on reste indifférent à la Grande Catastrophe que les Arméniens
ottomans ont subi en 1915, et qu’on le nie. Je rejette cette
injustice et, pour ma part, je partage les sentiments et les peines
de mes sœurs et frères arméniens et je leur demande pardon ». Ils
vont recueillir des dizaines de milliers de signatures.
Durant le Génocide, de nombreux Arméniens, notamment des
femmes et des enfants ont été sauvés grâce à des Turcs
bienveillants. Ce fut d’ailleurs le cas pour mes parents. Mon père,
déporté de Sébaste, fut sauvé de la mort par des Turcs. Après avoir
perdu ses parents, sa tante et ses quatre sœurs dans le désert de la
mort et resté seul à l’âge de onze ans, il fut notamment sauvé par
un directeur d’orphelinat, qui déplaçait et cachait sans cesse un
groupe d’orphelins arméniens, en Cilicie, alors qu’il recevait de
Constantinople l’ordre de les exterminer. Partis de Samsoun, tous
les hommes du convoi de ma mère furent brûlés vifs (dont son père,
ses oncles et son cousin de seize ans) dans une grange à Char Kechla.
Par la suite, lorsque leur convoi fit halte à Malatia, ma mère (âgée
de six ans), avec sa mère, ses frères, sa sœur, sa tante et ses
cousins, trouvèrent tous refuge dans des familles turques. Ils
évitèrent ainsi de continuer la marche vers le désert et les camps
de la mort. Ils restèrent, protégés dans ces familles turques,
jusqu’à la fin des massacres.
Il y a aussi ceux qui ont survécu grâce à leur conversion à
l’Islam, les Arméniens cachés, appelés les restes de l’épée,
et dont on parle ces derniers temps. Leurs descendants, vivant
actuellement dans le pays ancestrale, seraient de 2 à 4 millions,
c’est impressionnant !
Pour sa part, le maire de Diyarbakir, Osman Baydemir
invitait en 2012 les Arméniens à revenir dans leurs foyers. De plus,
la cathédrale arménienne Saint-Kirakos a été récemment restaurée
dans cette ville (à l’exemple d’Aghtamar) et des messes y ont été
célébrées. Autre phénomène, impensable il y a encore quelques
années, on voit apparaître dans les provinces orientales des
panneaux rédigés… en arménien ! Ils indiquent la direction de
monuments historiques pour les touristes arméniens qui viennent de
plus en plus nombreux.
Enfin, n’oublions pas cette vague humaine à Istanbul, après
l’assassinat du journaliste arménien Hrant Dink en 2007, qui
prêchait en Turquie la reconnaissance du Génocide et la
réconciliation entre Turcs et Arméniens. Des dizaines de milliers de
manifestant turcs avaient tous une pancarte où il était écrit : « Je
suis Hrant Dink ».
Jean V. Guréghian - Président
cofondateur du « Comité du 24 Avril » (aujourd’hui CCAF) Auteur
notamment de Le Golgotha de l’Arménie
mineure - Le destin de mon père, L’Harmattan (1999, 2000,
2009) Traduit et édité aussi en turc (éd. Belgué, 2004) et en
anglais (éd. Gomidas, 2015) |