JEAN LE MÉE Officier de marine |
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Jean le Mée, Enseigne
de Vaisseau (23 ans) de la Compagnie de
Débarquement du Cuirassé DESAIX,
commandait les embarcations « Vapeur 2,
Canot 2, Baleinière » lors du sauvetage de
4092 Arméniens par la flotte Française,
sur la plage du Ras el Mina, au pied du
Musa Dagh, en septembre 1915
Dossier construit par Jean et Laurent
Cordelle, ses petits-fils
Voir aussi
PARCOURS DE VIE DANS
LA ROYALE
Message
|
Dossier
complet
▼
Arménie-Arméniens-Génocide |
Musa Dagh - Ras el Mina |
Jean Le Mée |
Partie
I
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Partie II
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Partie III
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Dossiers complémentaires
Hommage
aux Arméniens et aux Marins
Parcours d’Officiers dans la ROYALE - Jean Le Mée
Histoire de l'Enseigne de Vaisseau Le
Mintier de la Motte Basse
Exposé Mousa Dagh - Marine Nationale
Revue
de l’Association Amicale des Anciens Élèves de l'École Navale
Dossiers de l'École
navale
►Jean Le Mée◄
►Christian Le Mintier◄
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1910
Ecole Navale |
1919
Lieutenant de Vaisseau |
Jean Le Mée
Officier de Marine
Notre Grand-père
1893-1927
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18 mars 1920 Lyon
Jean Le Mée - Colette Repelin, sa Marraine de guerre |
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Livret militaire |
Jean Le Mée
Lieutenant de Vaisseau
Mort pour la France
20 août 1892 - 9 février 1927 |
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1924 Algérie
Jean et Nicole Le Mée (Maman
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Jeanne d’Arc
05/10/1912-05/10/1913 |
Marseillaise
05/10/1913-10/11/1914 |
Desaix
10/11/1914-23/08/1916 |
Archimède
01/10/1916-25/04/1917 |
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Coulomb
26/04/1917-18/03/1918 |
Marceau
18/03/1918-05/07/1918 |
Patrie
01/10/1919 |
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-Après mon Pèlerinage de 2011/202 par la Via
Podiensis et le Camino Francés, jusqu’à Compostelle puis
le Cap Finistère/Fisterra, l’appel et le besoin du
Chemin m’ont fait reprendre mon sac, mes chaussures, mes
bâtons et mon chèche le 14 octobre 2014. Je suis parti
cette fois, toujours tout seul à une époque où il n’y
avait plus de Pèlerins, de Kérity/Paimpol (Abbaye de
Beauport) berceau de ma famille du côté de Maman, avec
le fol espoir de contempler à nouveau le dernier Signe
du Chemin : ce Chrisme inversé gravé sur le porche roman
de la cathédrale Saint Jacques, composé des lettres
Omega (w / Q), et Alpha (α / Α), associées
au monogramme du Christ Xp (Χριστoς / khristos)
qui m’avait tant impressionné et dont le message indique
de façon magistrale que tout Pèlerin qui a assouvi son
rêve en atteignant Compostelle (w / Q) par un
Chemin dont la puissance et la violence amplifient Foi,
Espérance et Charité, et donnent Paix et Confiance, est
destiné à entreprendre un nouveau départ (α / Α)
sur le Chemin comme dans sa Vie.
-Je suis toujours un Pèlerin, « pauperes et
peregrinus », qui se reconnaît dans le Centurion
Romain dont les paroles d’humilité « Domine non sum
dignus ut intres sub tectum meum » étaient suivies
de cette magnifique expression d’Espérance et de Foi «
Sed tantum dic Verbo et sanabitur Anima mea ».
-C’est bien sûr le souvenir de mon Grand-père Jean Le
Mée et de Maman qui a justifié ce départ de kérity.
C’est pourquoi j’ai rassemblé aussi des documents et
témoignages permettant de retracer la vie et les
épreuves endurées et surmontées par Jean Le Mée, Colette
Repelin sa marraine de guerre épousée en 1920 et Maman,
Nicole Le Mée, née en 1922, qui s’est retrouvée
orpheline à 5 ans, et a été « adoptée par la Nation »
(Pupille de la Nation), à la suite de la mort de son
père en 1927. La tombe de Jean Le Mée, dans le cimetière
marin de Kérity, porte l’inscription, « Jean Le Mée,
Lieutenant de Vaisseau, Mort pour la France ».
-J’ai le sentiment aussi d’avoir été accompagné par ceux
et celles de ma famille et de mon entourage d’amis et de
collègues de travail qui ont compris le sens de cette
longue marche, en particulier par les personnes dont le
Chemin de Vie passe par bien des épreuves et des
blessures.
-Clisson, la limite sud de la Bretagne est atteint, puis
Saint-Jean-d’Angély (Abbaye consacrée autrefois à Jean,
le Baptiste), Saintes, La Rochelle (lors d’une escapade
avec Laurent pour fêter les 93 ans de Papa), Blaye,
Bordeaux et Arcachon. Je suis alors revenu à
Louveciennes le 18 novembre, pour le baptême de
Baptiste, Jean, Marie, le fils de Perrine et d’Etienne
(5 mois), ce qui m’a donné l’occasion d’écrire et de
dédier à tous mes enfants et petits-enfants un texte sur
notre condition de Croyant, Chrétien et Baptisé, inspiré
par les lectures de Marc, Mathieu, Luc et Jean, par le
thème de l’Année Saint Louis (le Baptême), par
l’expérience du Chemin, et enfin par le Sens de la
médaille que j’ai offert à Baptiste (un Chrisme...).
-En cette saison, il n’y avait aucun autre Pèlerin sur
ces Chemins, mais j’ai pu apprécier la Valeur des étapes
dans des monastères (Abbaye de Timadeuc en Bretagne, ou
Ermitage Lamourous en Gironde), dans des toutes petites
Haltes Jacquaires (souvent fermées mais que les mairies
ouvraient pour moi), et enfin dans des familles de
toutes conditions
(agriculteurs/éleveurs/fonctionnaires/infirmière/retraités/éclusière/facteur/professeurs/étudiants/architecte,
...)
-Ces familles étaient toutes engagées dans des activités
humanitaires et spirituelles, et leur vocation
Hospitalière les conduisait à espérer qu’un Pèlerin
frappe à leur porte Il y avait trop longtemps qu’elles
n’en avaient pas vu !...Certaines ont même découvert
cette vocation lors de mon passage, en m’accueillant
spontanément... -C’est donc une espérance partagée qui
présidait à nos rencontres: Le Pèlerin espère trouver un
gîte et un accueil à l’étape, l’Hospitalier espère qu’un
Pèlerin s’arrêtera à sa porte et qu’il pourra
l’accueillir avec bienveillance et générosité. Rien ne
garantit une telle rencontre, mais la Providence et la
chaîne des familles Hospitalière veillait en permanence.
Cela m’a amené souvent à écrire quelques lignes dans les
livres d’or sur le sujet de la complémentarité
Hospitalier/Pèlerin, Pèlerin/Hospitalier vue sous les
angles de Foi, Espérance et Charité... |
Le Chemin, la Via Podiensis et le
Camino Francès :
-Après avoir marché sur la « Via
Podiensis » (qui est bien plus que le « GR 65 »),
puis sur le « Camino Francès » (qui est bien plus
que « l’Itinerario cultural european »), mû par
l’Appel et le Besoin du « Chemin », j ’ai atteint
Saint Jacques de Compostelle, puis le Cap
Finisterre.
-C’est ainsi que mon deuxième prénom,
Jacques, qui m’a été donné à ma naissance par ma
Maman et mon Papa il y a plus de 67 ans, prend une
nouvelle dimension. Il est inscrit avec ferveur sur
ma Compostela et sur ma Fisterrela .
-Je suis un Pèlerin et je me
reconnais dans ce Centurion Romain dont les paroles
d’humilité Domine non sum dignus ut intres sub
tectum meum étaient suivies de cette magnifique
expression d’Espérance et de Foi Sed tantum dic
Verbo et sanabitur Anima mea. Le récit spontané
de mon pèlerinage est ici. Je l’ai rédigé avec
beaucoup d’émotion en pensant à ceux que j’ai
croisés sur le Chemin et à ceux de mon entourage
familial et professionnel qui m’ont accompagné par
leurs pensées et prières.
Rencontre de l’expression et du
Rayonnement de la Foi, de l’Espérance et de la
Charité:
-Sur le Chemin, j’ai eu la chance de
rencontrer et de voir, l’expression et le
rayonnement de la Foi, de l’Espérance et de la
Charité, notions souvent difficiles à expliquer,
mais qui deviennent évidentes dès lors qu’elles
apparaissent aussi intensément, et qui apportent
Paix et Sérénité, tout en imposant une vision sans
concession sur le parcours de ma vie .
-J’ai profondément ressenti les
effets de l’élévation de l’Âme et de la puissance de
la Prière, engendrés par l’épreuve de la solitude et
de la longueur d’une marche
magnifique avec pour tout équipement
un sac et un duvet, des chaussures et des guêtres,
un chèche.
-J’ai accepté avec grande Confiance
les nombreux Signes qui m’ont accompagnés, et
notamment le message délivré par le Chrisme inverséω
αde Compostelle. -J’ai été touché, en France par
l’accueil empreint de bonté et de respect des
Hospitaliers, et en Espagne par le courage et la
solidarité des Pèlerins en marche, souvent marqués
par les strates et blessures de la Vie.
-Ce Rayonnement est induit en grande
partie par les conditions atmosphériques aux époques
que j’avais choisies pour accomplir le Pèlerinage
(automne/hiver), par l’émerveillement devant la
beauté de la Création qui s’offrait à moi dans l’
Aubrac, les Pyrénées et la Galice, par la peur et la
fatigue parfois, par l’exaltation de la sensibilité
& de l’émotion. Magnificat
Anima mea Dominum et exultavit Spiritu meus - Et
Nomen ejus Sanctum.
-Il
est amplifié lors des haltes devant les Croix et les
Calvaires, dans les petites Chapelles ou Eglises, et
au cours des hébergements dans les Monastères et
Hospices (Messes et Psaumes chantés, Règle de Saint
Benoît).
-Il
se révèle aussi bien dans le silence apaisant, que
dans la violence des sanglots et des larmes qui
peuvent éclater sans pudeur.
-Il
est présent dans la Prière qui s’installe
spontanément et qui accompagne la cristallisation du
rêve d’atteindre Conques, Moissac, Roncevaux,
Burgos, et enfin Compostelle et le Cap Finisterre.
Et maintenant, le Chemin continue,
les Signes et les Rencontres sont toujours là:
-Le Chrisme du porche Sud de la
cathédrale de Compostelle, gravé il y a près de
mille ans dans le granite indique de façon
magistrale que tout Pèlerin est et restera
définitivement sur ce Chemin dont la puissance et la
violence amplifient Foi et Espérance, et donnent
Paix et Confiance.
-Le Chemin remet en évidence le vrai Sens des
Valeurs dans la Vie personnelle et
professionnelle. Le monde des entreprises
industrielles et commerciales auquel je suis
confronté doit reformuler et mettre en évidence
de façon crédible et légitime de vraies Valeurs,
au-delà des prouesses de la science et de la
technologie, de l’efficacité des processus
opérationnels et de l’excellence des résultats
financiers. -Seule la voie de la Culture, de
l’Humanisme et de la Spiritualité, enrichie par
l’expérience de la Vie et le respect du Temps et
du Silence, donnera un Sens et une Valeur aux
actions collectives et individuelles.
|
J’ai donc repris mon sac à dos, mes bâtons, ma cape et
mon chèche, pour me diriger à nouveau vers Saint Jacques
de Compostelle/Fisterra, en partant cette fois de
Paimpol/Kérity/Abbaye de Beauport, là où sont mes
racines Bretonnes, du côté de Maman, Nicole Le Mée. J’ai
voulu passer toute une journée sur le sentier côtier (GR
34), entre Paimpol et Bréhec, afin de m’imprégner de
l’atmosphère de cette côte, avant de rejoindre le Chemin
des Bretons, qui se prolongera ensuite par les Chemins
Vendéen/Charentais/Girondin (14 octobre au 17 novembre
2014), en espérant y retrouver, comme lors de mon
premier Pèlerinage par la Via Podiensis et le Camino
Francés, l’exaltation de l’Âme (Foi), la sensibilité aux
Signes (Espérance) et l’attention que se portent
Hospitalier et Pèlerin (Charité).
C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai marché pendant
plus de sept heures sur ce sentier, avec au fond de mon
cœur le souvenir de mes aïeux pécheurs de morue en
Islande, et en particulier de mon arrière-grand-père
(François, Marie Le Mée, marin, mort en mer), de mon
arrière-grand-mère (Françoise, Marie Prigent,
couturière), ainsi que de mon grand-père Jean Le Mée,(21/08/1892
- 09/02/1927), de sa marraine de Guerre, Colette Repelin,
ma grand-mère et bien sûr de Maman, Nicole Le Mée.
Jean Le Mée, remarqué par le curé et l’instituteur de
Kérity avait été inscrit au Lycée Naval de Brest en 1902
et y avait reçu le prix d’excellence (un très beau
Littré) et le grand prix d’honneur des Sciences. Il
avait été admis à l’Ecole Navale (promotion 1910) en
même temps que Léon Moron qui devait devenir en 1921 le
parrain de Maman. La photo de la promotion, retrouvée
sur le site internet de l’Ecole Navale permet de les
identifier à coup sûr: Jean Le Mée, petit et costaud,
surnommé « le chinois » à cause de ses yeux légèrement
bridés, transmis d’ailleurs à sa descendance, Léon
Moron, petit et fluet, tel que je l’ai rencontré en 1957
(il avait 65 ans et moi 12 ans).Tous deux avaient été
embarqués (octobre 1912 à octobre 1913) sur la Jeanne
d’Arc (Navire école d’application des Aspirants) puis
sur les cuirassés Marseillaise et Desaix (octobre 1913 à
août 1916), pour des opérations en Manche, en Extrême
Orient et au Moyen Orient (protection du canal de Suez,
et sauvetage des Arméniens (Ras el Mina, Septembre
1915). Enseigne de Vaisseau de 2ème classe (5 octobre
1913) puis de 1ère classe (5 octobre 1915), ils sont
affectés en octobre 1916 aux escadrilles de sous-marins
basés à Brindisi au sud de l’Italie pour contrôler la
flotte de l’Empire Austro-Hongrois en mer Adriatique, et
le détroit d’Otrante qui permet l’accès à la
Méditerranée.
C’est là que se situe l’épisode bien connu de Maman,
mais que m’a détaillé Léon Moron (Capitaine de Vaisseau
en retraite) lorsque je l’ai rencontré en 1957: En
octobre 1916, Jean Le Mée est embarqué sur l’Archimède,
sous-marin d’escadre (équipage composé de 26 hommes et 3
Officiers, dont un Lieutenant de Vaisseau / LV et deux
Enseignes de Vaisseau / EV). En janvier 1917, lors d’une
patrouille en mer Adriatique, l’Archimède torpille un
bateau autrichien près du cap Planka. Au cours d’une
remontée en surface pour recharger les batteries et
renouveler l’air du sous-marin, par une nuit très noire
et une houle importante, le Commandant (LV Paty de Clam)
est emporté par une lame et disparaît. C’est dans ces
circonstances que Georges Aubin (EV1 et Second –
promotion 1907) et Jean Le Mée (EV1 – Promotion 1910 –
il avait 24 ans) ont réussi à finir la mission et à
ramener tout l’équipage au port de Brindisi. Jean Le Mée
y a retrouvé Léon Moron, lui aussi affecté aux
sous-marins de l’Adriatique. Georges Aubin prit ensuite
le commandement de l’Archimède avec le grade de
Lieutenant de Vaisseau. Jean Le Mée fut nommé Commandant
en Second du Coulomb, Sous-marin de Haute Mer. Il reçu
la distinction de « Chevalier de l’Ordre de la Couronne
d’Italie » (à 27 ans), avant d’obtenir en 1923 celle de
« Chevalier de la Légion d’Honneur » (à 30 ans). Jean Le
Mée et Léon Moron continueront les patrouilles
sous-marines dans l’Adriatique jusqu’en mars 1918
(citations à l’ordre de l’Armée de Mer).
Après ces années de Guerre, Jean Le Mée et Léon Moron
sont inscrits en 1918 -1919 aux formations dispensées
pour les futurs Officier Supérieurs dans les écoles
d’Application à Toulon et Brest, sur les cuirassés
Marceau et Patrie. Ils sont tous deux nommés Lieutenant
de Vaisseau en mars 1919. Ils rencontrent alors leurs «
Marraines de Guerre », Colette et Geneviève qu’ils vont
épouser. Ce brassage social totalement improbable avant
guerre est devenu possible. Il est illustré de façon
percutante sur la photo du mariage de Jean Le Mée en
mars 1920 où on voit un Officier de Marine en grand
uniforme, de petite taille, issu d’une famille de
simples pécheurs (dans une Bretagne où la langue
bretonne est encore majoritaire), et une jeune fille de
bonne famille (société bourgeoise de Lyon, cultivée,
sensible aux arts et aux lettres. Derrière Jean se tient
uniquement sa mère, Marie Le Mée (née Prigent), toute
petite, en coiffe bretonne: Le père de Jean (François Le
Mée), était un marin, mort en mer... Derrière Colette on
voit Charles Repelin et Jeanne, née Roustan (belle
prestance et excellente société Lyonnaise...).
Je me souviens avec une grande précision de ma rencontre
en 1957 avec Léon Moron et sa femme Geneviève à Siorac
en Périgord. Léon Moron, m’a raconté les souvenirs de ce
qu’il avait vécu avec Jean Le Mée entre 1910 et 1927. Il
a poursuivi après la Grande Guerre une carrière
brillante dans la marine Nationale. Capitaine de
Vaisseau il était en Syrie dans le cadre du Mandat
Français (conséquence des traités de la fin de la Grande
Guerre) au début de la seconde guerre mondiale. Il
manifestait un profond désaccord avec de Gaulle « qui
avait laissé les anglais détruire une partie de la
flotte française à Mers el-kébir » (juillet 1940) et
avec les anglais eux-mêmes...En 1945, il s’était retiré
de la Marine Nationale et s’était installé à Siorac.
Geneviève, excellente famille elle aussi et remarquable
pianiste m’a décrit la sensibilité de Jean Le Mée à la
musique de Bach, Mozart, Beethoven, qu’il entendait sans
doute pour la première fois, lors d’une visite du jeune
couple Le Mée à l’autre jeune couple Moron en
1920.Connaissant mes fortes affinités avec la musique
classique et le piano, elle m’a donné par la suite ses
propres recueils de partitions.
Maman, Nicole Le Mée, naît le 12 mai 1922, son parrain
fut bien sûr Léon Moron, le camarade de promotion et le
compagnon des années de guerre de mon grand-père. Mais
celui-ci fut victime, peu après la naissance Maman, de
la tuberculose, conséquence des conditions épouvantables
de vie dans les sous-marins de l’époque...Il fut soigné
par la « Société de Secours aux Blessés Militaires » du
Mont des Oiseaux à Hyères en 1923, puis en Algérie en
1924.
Il meurt en 1927 quand Maman n’avait que cinq ans...
Conformément aux décrets pris en 1915 par le
gouvernement français Maman a bénéficié immédiatement du
statut de « Pupille de la Nation », ma grand-mère
Colette (elle avait 29 ans) a reçu une pension de «
Veuve de Guerre » et la tombe de mon grand-père, située
dans le cimetière marin de Kérity porte l’inscription «
Lieutenant de Vaisseau, Mort pour la France ».
L’histoire de la famille Le Mée rejoint celle de la
famille Dessus quand ma grand-mère Colette (Mamilette)
s’est remariée avec Gabriel Dessus, puis celle des
familles Cordelle & Hausermann, quand Nicole Le Mée,
notre Maman épousa en 1944 François Cordelle, notre Papa
(ref. l’histoire Cordelle/Hausermann rédigée par Yves
Cordelle).
Laurent et moi sommes les deux petits-fils de Jean Le
Mée. Notre petite sœur, Marie-Félicité, née le 25
novembre 1952, est morte peu après sa naissance, le 10
décembre. Ce fut un drame très cruel pour Papa et Maman,
ainsi que pour Laurent et moi (nous avions 6 et 7
ans...). Maman conservait toujours sur sa table de nuit
une photo de Jean Le Mée et une de Marie-Fé, dans son
berceau de la maternité...Le souvenir de Jean Le Mée et
de Marie-Fé (puis de Maman maintenant) est toujours
resté très présent dans notre cœur.
Nous avons réunis ici les documents relatifs à Jean Le
Mée, que nous avons trouvés dans les archives
familiales, à la mairie de Paimpol et sur le site
internet de l’Ecole Navale, et nous avons rapporté aussi
les témoignages de contemporains de Jean Le Mée,
notamment celui de Léon Moron (qui a survécu à la Grande
Guerre et à ses conséquences) et de Geneviève Moron. |
Jean Le Mée, notre
Grand-père et Léon Moron, le parrain de Maman
Jean François Le Mée
Promotion 1910 Ecole Navale
La Jeanne d’Arc
Mon Grand-père maternel
Léon Hyppolyte Moron Promotion 1910 Ecole Navale
Parrain de Maman |
Jean François Le Mée
Né le 20 août 1892 à KERITY
(Côtes-d'Armor) - Décédé le 9 février 1927 à
Lyon
1910
Ecole Navale (camarade de promotion de Léon
Moron – parrain de Maman)
05/10/1912 Ecole d’application des Aspirants –
JEANNE D’ARC
05/10/1913
Enseigne de vaisseau de 2ème classe
- port BREST
01/01/1914 Croiseur cuirassé "MARSEILLAISE",
2ème escadre légère (Cdt Louis EXELMANS)
10/11/1914 Croiseur cuirassé DESAIX
05/10/1915
Enseigne de Vaisseau de 1ère classe
01/10/1916 Sous-marin d’Escadre ARCHIMEDE 2ème
escadre de sous-marins
26/04/1917 Sous-marin de Haute Mer COULOMB 1ère
escadre de sous-marins
Chevalier de l’Ordre de la Couronne d’Italie (Ordine
della Corona d’Italia)
01/01/1918 Port de Brest - Officier breveté
Canonnier et Torpilleur
18/03/1918 Croiseur cuirassé MARCEAU
14/03/1919
Lieutenant de Vaisseau
18/03/1920
Epouse Colette Repelin, sa Marraine de Guerre
01/01/1921 Port de BREST sur le cuirassé
"PATRIE", École des torpilleurs et électriciens
(Cdt Pierre YVON)
15/05/1922
Naissance de Nicole Le Mée, ma Maman
05/01/1923 Admission au Mont des Oiseaux
(Hyères) - Société de Secours aux Blessés
Militaires
29/06/1923
Chevalier de la Légion d'Honneur
09/02/1927 Mort pour la France
09/05/1927
Maman (5 ans) « adoptée par la Nation (Pupille
de la Nation)
|
Léon Hyppolyte Moron
Né le 27 novembre 1892 à BREST
(Finistère)
1910
Ecole Navale (comme Jean Le Mée, mon Grand-père)
05/10/1913
Enseigne de vaisseau de 2ème classe
le 5 octobre 1913; port BREST.
01/01/1914 Croiseur cuirassé "MARSEILLAISE",
2ème escadre légère (Cdt Louis EXELMANS).
05/10/1915
Enseigne de vaisseau de 1ère classe
01/01/1918 Port de BREST - Officier breveté
Torpilleur.
14/04/1919
Lieutenant de vaisseau
1920
Epouse Geneviève xx, sa Marraine de Guerre
01/01/1921 Cuirassé "PATRIE", École des
torpilleurs et électriciens (Cdt Pierre YVON)
1923
Chevalier de la Légion d'Honneur.
1925 Officier breveté de l'École
Supérieure de la Marine
22/09/1927
Capitaine de corvette
14/05/1932
Capitaine de Frégate
Officier de la Légion d’Honneur – Officier de
l’Instruction Publique |
|
Livret
d’Officier de Jean Le Mée, notre Grand-père
BÂTIMENT
ou Service |
DATES
de prise
et de cession
de fonction |
FONCTION A BORD
ou dans le service |
Jeanne d’Arc
Ecole d’application
des
Aspirants |
Du 5 octobre 1912
Au 5 octobre 1913 |
Elève |
Marseillaise
Du 5 octobre 1913
Au 10 novembre 1914 |
Détaché à l’Etat
Major de la 2ème
escadre légère -
Poste de combat:
Conduite de tir |
Desaix |
Du 10 novembre 1914
Au 23 août 1916 |
Adjoint à l’Officier
de tir
3ème de
la Cie de
débarquement |
2ème
escadrille
de
Du 1er
octobre
1916
Officier de Quart
sur l’Archimède
sous-marins
de
Au 25 avril 1917
L’Armée Navale |
1ère
escadrille
de
Du 26 avril
1917
Officier en second
du Coulomb
sous-marins
de
Au 18 mars 1918
L’Armée Navale |
Marceau
Du 18 mars
1918
En Submle (Ecole
d’Application de
Navigation
Au 5 juillet
1918
Submersible) sur le
Marceau |
Patrie
Du 1er
octobre
1919
Officier élève
Torpilleur
Au 1er
février 1920 |
Du 1er
février
1920
Station TSF de Basse
Lande (Nantes) Au 12
novembre 1920 |
Du 12 novembre
1920
Ecole Supérieure
Radio-télégraphe Au
26 mai 1921 |
|
GRADES
Aspirant de Marine au 1er
octobre 1912
Enseigne de Vaisseau de
2ème classe
au 5 octobre 1913
Enseigne de Vaisseau de
1ère classe
au 5 octobre 1915
Lieutenant de Vaisseau
au 14 mai 1919 |
Chevalier de l’Ordre
de la Couronne
d’Italie
(Ordine della
Corona d’Italia)
Chevalier de la
Légion d'Honneur 29
juin 1923
|
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École Navale - JEANNE D’ARC
1899: Lancement à Toulon
construit par Emile Bertin
11 300 tonnes, longueur de 145m
Vitesse 21 nœuds
48 chaudières, 3 machines, 29 000 chevaux
7 cheminées ! (dont une pour les cuisines)
1902: Lancement de la Jeanne d'Arc Appelée "l'étui à
cigarettes" car elle alignait à elle seule autant de
cheminées que deux navires réunis
Chantier :
Chantier du Mourillon, Toulon.
Commencé : 24.10.1896
Mis à flot : 08.09.1899
Terminé : 1901
En service : 1903
Retiré : 15.02.1933
Caractéristiques : 11 270 t ; 28 500 cv ; 145 x 19,4 x
8,1 m ; 48 chaudières ; 3 hélices ; 23 nds ; 630 h.
Armement : II de 194 + XIV de 138 + 16 divers + II TLT.
Equipage : 651 (officiers, officiers mariniers,
quartiers maîtres et matelots)
1912 : remplace le Duguay-Trouin comme navire-école
d’application
20/09/1910 – 05/09/1912: Jean Le Mée (1)(mon
Grand-père), et Léon Moron(2) (futur parrain
de Maman) - EN Promotion 1910 05/09/1912 –
05/10/1913: Ecole d’Application des
Aspirants sur la Jeanne d’Arc |
1914 : Manche, affecté à la 2ème escadre
légère
30.04.1915 : rattaché à la 3ème escadre de
croiseurs ; Port Saïd pour la défense du
canal de Suez
27.05.1915 : bombardement des côtes de Syrie
31.05.1915 : détruit le consulat allemand à
Kaiffa
01.09.1915 : occupation de Rouad en Syrie
avec le Jauréguiberry
09.1915 : sauve 3 000 Arméniens à
Antioche
28.12.1915 : la compagnie de débarquement
enlève Andephili en face de Castellorizo
1916-1917 : Syrie
1918 : escortes de convois de troupes
USA-France en Atlantique
04.1919 : en réserve normale à Brest
1919-1928 : division des écoles de l’océan,
école d’application, effectue 9 campagnes
1928-1929 : désarmé, prend le nom de
Jeanne d’Arc II |
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E. LITTRE 1897 - DICTIONNAIRE
DE LA LANGUE FRANCAISE
PRIX D’EXCELLENCE de JEAN LE MEE
LYCEE de BREST 1908-1909 |
DICTIONNAIRE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES
ARTS
GRAND PRIX D’HONNEUR de JEAN LE MEE
LYCEE NAVAL de BREST 1909-1910 |
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MARSEILLAISE
Croiseur cuirassé type Amiral Aube
(1903
–
1932)
Chantier
:
Brest.
Commencé : 12.1899
Mis à flot : 14.07.1900
Terminé : 1903
En service : 1903
Retiré : 13.02.1932
Caractéristiques : 10 400 t ; 21 000 cv ;
140 x 20,2 x 7,7 m ; plans Bertin ; 28
chaudières Niclausse ; 3 hélices ; 21 nds ;
610 h.
Armement : II de 194 + VIII de 164 + 20
divers + II TLT.
Histoire :
05/10/1913 – 10/11/1914 :
Jean Le Mée Enseigne de Vaisseau de 2ème
classe, détaché à l’Etat Major
de la 2ème escadre légère en Manche (Cdt Louis
Exelmans)
1916-1917 : Antilles
1918 : escortes de convois US en Atlantique
29.06.1920 : escorte le paquebot Georges
Washington lors du retour du Président
Wilson aux USA
1920 : escadre de l’Atlantique avec Gloire
et Condé
1922-1923 : en réserve
1925-1929 : école des canonniers
1929 : rayé
13.02.1932 : condamné
12.1933-04.1934 : démoli au chantier de
Brégaillon à Toulon
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DESAIX
Croiseur cuirassé type Dupleix (1902 – 1921)
Chantier :
Ateliers & Chantiers de la Loire, Saint Nazaire.
Commencé : 28.12.1897
Mis à flot : 21.03.1901
Terminé : 1902
En service : 06.08.1902
Retiré : 27.07.1921
Caractéristiques : 7 700 t ; 17 000 cv ; 130 x
17,87 x 7,4 m ; plans Bertin ; 4 cheminées ; 24
chaudières Belleville ; 3 machines ; 580 h.
Armement : VIII de 164 + IV de 100 + X
divers + 2 T
Histoire :
06.08.1902 : armé pour essais
1907 : transporte à Sfax 400 mutins du
17ème RI déportés à Gafsa
01.01.1908 : sauve l’équipage du
transport Nive
échoué dans le sud de Casablanca
08.1914 : Manche
10.11.1914 – 23.08.1916 :
Jean Le Mée Adjoint à l’Officier de tir,
3èmes Cie de Débarquement
12.1914 : départ pour l’Extrême-Orient
23.08.1915 : Syrie
Sauvetage des chefs (Pierre Dimlakian)
et réfugiés Arméniens: 5 au 13 / 09
Plage de Ras el Mina, Djebel Moussa
(pointe nord de la Baie d’Antioche)
05.10.1915:
Jean Le Mée (23 ans) Enseigne de
Vaisseau de 1ère classe
16.11.1915 : Division d’Egypte, défense
du canal de Suez
1916 : Dakar
1919 : Extrême-Orient
31.03.1921 : retour à Toulon
30.06.1921 : condamné |
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Vice-Amiral
Dartige du Fournet et Contre-Amiral Darrieus
Les Commandants de la 3ème escadre de
Méditerranée
Sauvetage des Arméniens du Moussa Dagh
9 au 13 septembre 1915
Vice Amiral Louis Dartige
du Fournet
Louis Dartige du Fournet entre en 1872 à l’Ecole
Navale, dont il sort major.
Le 13 juillet 1893, sous les ordres du capitaine
de frégate Bory, commandant l’Aviso
l’Inconstant, le Lieutenant de Vaisseau Louis
Dartige du Fournet, commandant la Canonnière
Comète, force la
passe de Ménam (fort Paknam) pour dégager le
port de Bangkok. Ce fait d'armes contribue à
l'attribution à la France de la rive gauche du
Mékong (le Laos) par le Siam (actuelle
Thaïlande).Louis Dartigedu Fournet devient
ensuite second sur le croiseur-cuirassé Pothuau,
puis il commande le croiseur Surcouf de
l'escadre du Nord.
En 1909, il est nommé contre-amiral.
Durant la guerre des Balkans (1912-1913), il est
à la tête de la flotte française de
Méditerranée, et il est nommé vice-amiral.
Lors de la Première Guerre Mondiale il est nommé
en février 1915 à la tête de la troisième
escadre française qui vient d'être créée. Basée
en Syrie, cette escadre est chargée de faire
appliquer le blocus des côtes turques décrété en
août 1915.
Le 5 septembre 1915, les Arméniens retranchés
sur le Musa Dagh (ou « Mont-Moïse ») pour
résister au génocide entrepris par les Turcs
réussissent à attirer l’attention du croiseur
Guichen, au nord de la baie d’ Antioche, avec un
drap blanc marqué d’une croix rouge. L’amiral
Dartige du Fournet sollicite des instructions
auprès de l’état-major. Sans réponse précise,
c’est finalement sous sa responsabilité et celle
du Contre-Amiral Gabriel Darrieus que, les 12 et
13 septembre, 4 080 Arméniens sont embarqués sur
la Foudre, le D’Estrée, le Guichen, L’Amiral
Charner et le Desaix. Les marins français de la
3e escadre donnent le meilleur d’eux mêmes pour
réussir cette évacuation sur Port Saïd en
Égypte, où les rescapés sont accueillis, gardant
toutefois le nom de Mussalertsi (enfants du mont
Mussa).
L’Amiral Dartige du Fournet prend par la suite
le commandement en chef des flottes alliées
d'Orient qui vont agir dans le Bosphore. |
Contre-Amiral Gabriel
Darrieus
Gabriel Darrieus entre à l’Ecole Navale en 1876,
19e sur 50 admis.
Il devient Enseigne de Vaisseau en 1881, puis
Lieutenant de Vaisseau en 1885.
Il est affecté à la Défense sous-marine de
Toulon et à l'École des torpilles. En 1889, il
est Commandant sur le sous-marin Gymnote.Il
est nommé Capitaine de Frégate en 1898,
Capitaine de Vaisseau en 1906, Contre-Amiral en
1912, Vice-Amiral en 1916.
Parallèlement à ses affectations sur
différents bâtiments, il enseigne la stratégie
et la tactique à l’École supérieure de la
Marine. Il est l’inventeur de plusieurs
innovations, dont une torpille et un nouveau
plan de moteur pour sous-marin3.
Au cours de ses activités pédagogiques et
administratives (il est en particulier chef du
cabinet militaire d’Edouard Locroy. Il défend la
modernisation, l’usage de nouveaux armements
(par exemple les sous-marins). Son cours sur la
guerre sur mer, à l’École de Guerre de la
Marine, est destiné à « remettre de l’ordre »
dans la Marine, alors divisée sur les méthodes à
promouvoir: il en publie un premier volume,
intitulé « La doctrine », qui est traduit en
plusieurs langues. Dans cet ouvrage, il
préconise en particulier le combat (et non le
blocus) pour assurer la maîtrise de la mer et
soutient l’usage du canon à grande distance.
Pendant la Première Guerre mondiale, il est
chargé du blocus de la Syrie, puis de celui des
Dardanelles. C’est lui que va commander
l’opération de sauvetage de plusieurs milliers
d’Arméniens qui fuient le génocide mis en œuvre
par la Turquie, à partir de la plage de Ras el
Mina située au pied du Musa Dagh.
En août 1918, il est nommé préfet maritime de
Bizerte en Tunisie, avant de prendre sa retraite
en 1921. Il est l’un des refondateurs de
l’Académie de Marine (dans la section militaire)
et son premier secrétaire général, lorsque
celle-ci renait après la première guerre
mondiale. |
Le Contre-Amiral
Darrieus, Commandant la 2e Division et p. i. la
3eEscadre de la Méditerranée, à M. Victor
Augagneur, Ministre de la Marine
Dépêche n° 293. Secret.
A bord du Jauréguiberry, en mer, le 22 septembre
1915.
(Reçu : Cab., 5 octobre; E.M.G., 3e section, 8
octobre).
Source :
http://www.imprescriptible.fr/documents/archives/francaises/99.htm
J'ai l'honneur de vous rendre
compte ci-après, des opérations effectuées, du 5
au 13 septembre, par les croiseurs de la 3e
escadre pour évacuer les populations arméniennes
du Djebel Moussa. Le massif montagneux du Djebel
Moussa est situé à proximité de la pointe du Ras
el-Mina (pointe nord de la baie d'Antioche), au
nord de l'embouchure du fleuve Oronte ; il est
presque exclusivement habité, comme le massif du
mont Cassius du Sud, par des populations
arméniennes qui formaient les dernières
ramifications du royaume de la Petite Arménie.
Les populations évacuées, comprenant un peu plus
de 4.000 personnes, appartiennent aux huit
villages suivants : Vakif, Razer, Youroun-
Oulouk [sic]1, Kabousi, Kabakli, Hadji Hababeh
[sic]2, Bithias, Eukus-Keupru, répartis sur une
surface d'environ 15 kilomètres carrés.
Le mouvement insurrectionnel des Arméniens a
pris naissance à la suite des vexations
nombreuses commises depuis quelque temps par les
autorités ottomanes. Si, au début de la guerre,
les Turcs laissèrent aux Arméniens une
tranquillité relative, il n'en fut pas de même
au cours des six derniers mois.
Des corvées importantes furent tout d'abord
demandées pour la construction de tranchées,
puis l'autorité militaire exigea, une première
fois, de tous les hommes valides une taxe de
deux livres turques par tête pour éviter le
service militaire. Cette taxe fut bientôt suivie
d'une seconde de 5 livres turques. La
population, à demi-ruinée par cette levée
d'impôts excessifs, le fut complètement par les
réquisitions successives de mulets, d'ânes, de
bétail qui, bien entendu, ne furent jamais
remboursées. Profitant de cette situation, les
Turcs, malgré leurs promesses, enrôlèrent de
force un certain nombre d'Arméniens.
Au commencement d'août, les habitants de Bithias,
à qui les Turcs avaient enlevé environ 60 femmes
et jeunes filles, s'enfuirent dans la montagne.
A la même époque, les populations du Djebel
Moussa reçurent l'ordre de vendre tous leurs
biens et leur bétail et de se rassembler pour
aller du côté de Damas. A la suite de leurs
réclamations auprès du kaïmakam d'Antioche,
celui-ci répondit que l'ordre était formel et
venait de Djemal pacha.
En fait, 900 familles turques, provenant de la
Thrace et de la Macédoine, étaient arrivées
depuis quelques semaines à Suédieh et les
autorités ottomanes projetaient de les installer
dans les villages et les propriétés des
Arméniens. Se méfiant des propositions turques
et craignant à juste titre d'être massacrés
avant d'avoir atteint Damas, tous les Arméniens
valides s'armèrent et s'enfuirent dans la
montagne, emmenant avec eux les vieillards, les
femmes, les enfants et leurs troupeaux.
Les Arméniens combattants comprenaient, à
l'origine, environ 700 hommes valides; ils
possédaient 140 fusils gras, 8 mauser enlevés
aux Turcs et environ 300 fusils de chasse dont
beaucoup en mauvais état. Ils fabriquaient
eux-mêmes leurs cartouches avec de la poudre
noire, patiemment amassée depuis le début de la
guerre.
Les dépositions recueillies par les officiers
interprètes au sujet de la force des troupes
turques régulières, envoyées contre les
Arméniens, sont très contradictoires. En faisant
la part des exagérations, on peut admettre que
le nombre des soldats turcs réguliers n'a jamais
dépassé cinq ou six cents. Ces soldats étaient
armés, pour la plupart, de fusils mauser,
quelques-uns avaient des fusils gras.
Aux troupes ottomanes se sont joints de nombreux
fanatiques musulmans, recrutés dans les régions
d'Alep et de Beïlan, attirés par l'appât du
pillage et à qui l'on avait fait croire que les
Arméniens n'offriraient aucune résistance. Ces
irréguliers n'étaient armés, en général, que de
bâtons.
Depuis le 7 août, les Arméniens eurent à
repousser de nombreuses attaques, au cours
desquelles des atrocités furent commises de part
et d'autre, comme en font foi les extraits d'un
journal recueilli par le commandant du D'Estrées
sur un pope arménien.
Les insurgés occupaient une partie des crêtes du
Djebel Moussa et avaient pu conserver, par une
vallée, la libre communication avec la mer. Mais
ils étaient entièrement cernés du côté de la
terre; leurs munitions et leurs vivres
s'épuisaient rapidement.
C'est dans cette situation que, le 5 septembre,
ils aperçurent le Guichen, en croisière sur la
côte nord de Syrie et qu'ils réussirent à
attirer l'attention du commandant de ce bâtiment
qui prit aussitôt contact avec eux.
Par lettre n° 261 du 11 septembre relative aux
opérations de la 3e escadre, Monsieur le
Vice-amiral Dartige du Fournet vous a lui-même
rendu compte des premiers pourparlers engagés ;
je ne fais que résumer ici la lettre en question
en vous demandant de vouloir bien vous y
reporter, le cas échéant.
Le 5 septembre, dans l'après-midi, le commandant
du Guichen entre en relations avec le jeune chef
Pierre Dimlakian, qui le met au courant de la
situation grave, sinon désespérée, dans laquelle
il se trouve avec ses compagnons. Au cours d'un
voyage, la baleinière est attaquée, elle riposte
vigoureusement, tandis que le Guichen disperse à
coups de canon plusieurs groupements ennemis.
Le 6 septembre, la Jeanne d'Arc, informée par
T.S.F., arrive sur les lieux avec le Desaix.
Dimlakian renouvelle à l'amiral Dartige du
Fournet les demandes déjà faites au commandant
du Guichen, savoir: évacuation des femmes,
enfants, vieillards, au nombre d'environ 3 000,
sur Chypre ; délivrance de 2 à 300 fusils et de
munitions ainsi que de 100 sacs de farine et de
50 sacs de sel pour les combattants qui
continueraient à tenir la montagne.
Le même jour, le vice-amiral rend compte au
Ministre de la situation par télégramme n° 1000,
clef n° 1 ; et prend ses instructions.
Par suite de l'erreur commise par un officier de
l'Amiral Chamer , ce télégramme n'a été transmis
que le 15 septembre par le Jauréguiberry.
Quelque regrettable que soit cette erreur,
j'estime que la situation des Arméniens en était
arrivée à un point tellement critique que leur
évacuation s'imposait, le temps nécessaire à
toute autre solution faisant défaut.
Le 7, la Jeanne d'Arc se rend à Famagouste où le
vice-amiral entre en relations avec le
Haut-commissaire de Chypre3 ; ses pourparlers
ayant abouti à une fin de non-recevoir, l'amiral
m'invite à faire, auprès des autorités
britanniques et du ministre de France au Caire,
les démarches les plus instantes pour que les
réfugiés arméniens soient acceptés en Egypte. La
Jeanne d'Arc rentre le 10 à Port-Saïd où
l'amiral se prépare à partir en mission
spéciale.
Voir
pages suivantes la suite du rapport de l'Amiral
Darrieus et les photos prises par Jean Le Mée
Enseigne de Vaisseu de la Compagnie de
Débaruement du Desaix qui illustrent le
sauvetage
Le
Contre-Amiral Darrieus, Commandant de la 2me
Division et p.i. la 3me Escadre de la
Méditérranée, à M. Victor Augagneur, Ministre de
la Marine
Dépêche n° 293. Secret.
Suite du rapport de l'Amiral Darrieus |
|
9
Septembre Embarquement du Desaix
se rendant à la plage des Arméniens |
Je vous ai rendu compte,
d'autre part, par ettre n° 286 du 17
septembre, des mesures provisoires adoptées,
pour le logement et l'alimentation des réfugiés,
je n'y reviendrai pas dans le présent rapport.
Le 10 septembre, Pierre Dimlakian fait auprès du
commandant du Desaix une démarche très
pressante, l'informe que les insurgés arméniens
n'ont de munitions que pour 48 heures et qu'une
attaque sérieuse des Turcs, les obligeant à se
replier des crêtes, causerait le massacre des
femmes, des enfants et des vieillards réfugiés
dans les vallées.
Le commandant Vergos informe le vice-amiral de
la situation, donne au Guichen,qui devait
rejoindre Port-Saïd pour ravitaillement, l'ordre
de rester sur les lieux et demande
l'autorisation de détruire la caserne et le
télégraphe de Suédieh, ainsi que les deux dépôts
de munitions de Kabousi et de Kabakli, dans le
but d'agir sur le moral des troupes ottomanes et
de s'opposer à leur mouvement en avant.
L'amiral Dartige du Fournet donne l'autorisation
d'opérer les destructions demandées et prescrit
au commandant du Desaix de prendre les mesures
nécessaires pour opérer l'évacuation des
Arméniens, si les circonstances l'imposent; il
met à sa disposition le D'Estrées et l'Amiral
Charner. En même temps il donne à la Foudre
l'ordre de quitter Port- Saïd et de rallier Ras
el-Mina.
Dans la soirée du vendredi, le Desaix bombarde
et détruit la caserne et le télégraphe de
Suédieh, tandis que le Guichen fait sauter les
dépôts de munitions. Par ailleurs, les deux
bâtiments prennent les dispositions nécessaires
pour l'embarquement des réfugiés en attendant,
si possible, les instructions du Ministre.
Le samedi 11, les chefs arméniens font savoir
qu'ils sont sur le point de manquer de munitions
et, après entente avec eux, le commandant Vergos
informe le commandant de la 3e escadre que
l'évacuation lui paraît devoir être faite
immédiatement, et que, sauf ordre contraire de
sa part, cette opération commencera le lendemain
au petit jour, en embarquant d'abord les femmes,
les enfants et les vieillards et en terminant
par les hommes en état de combattre.
Le vice-amiral commandant l'escadre donne
l'ordre d'évacuer les populations arméniennes et
de les diriger sur Port-Saïd.
Le dimanche 12 septembre, au petit jour, le
Desaix, le Guichen, l'Amiral Charner,la Foudre
et le D'Estrées sont réunis devant la plage où
se massent les Arméniens. Les bâtiments doivent
embarquer les réfugiés dans l'ordre suivant
:Foudre, D'Estrées, Guichen, Amiral Charner et
Desaix.
Le Desaix et l'Amiral Charner dans le nord, le
Guichen et le D'Estrées dans le sud, se tiennent
prêts à repousser toute attaque des troupes
turques.
Les radeaux préparés par les bâtiments sont mis
à l'eau ainsi que les embarcations à vapeur et à
rames. Monsieur le lieutenant de vaisseau Sagon,
officier de manœuvre du Desaix, est désigné
comme officier de plage et chargé de la
direction de l'embarquement, un enseigne de
vaisseau commande le peloton d'embarcations de
chacun des croiseurs (voir
photos prises par Jean Le Mée, Enseigne de
Vaisseau, affecté à la Compagnie de Débarquement
du cuirassé Desaix).
Des officiers interprètes
sont chargés de transmettre les ordres aux
réfugiés.
Un peloton de 15 hommes armés, sous le
commandement d'un maître fusilier, assure la
surveillance de la plage et plus
particulièrement de la vallée dont les Arméniens
ont conservé le débouché.
Le temps a mauvaise apparence, la mer est
houleuse et des volutes, atteignant deux mètres,
déferlent sur la plage qui est inaccessible aux
plus petites embarcations. On put craindre un
instant que l'opération devrait être remise.
Mais les marins des cinq bâtiments, parfaitement
dirigés par leurs officiers et gradés, montrent
un entrain remarquable et un zèle au-dessus de
tout éloge. Malgré les difficultés de
l'opération, ils réussissent à accoster les
radeaux à la plage et à établir le va-et-vient
avec les embarcations mouillées à petite
distance.
L'embarquement des non-combattants est très lent
au début à cause du ressac qui effraie les
femmes et les enfants et crée des difficultés
considérables.
Vers 9 heures la situation s'améliore, la mer se
calme et à midi la Foudre fait route sur
Port-Saïd avec 1 042 réfugiés, à 14 heures le
D'Estrées part à son tour avec 459 personnes.
Le Guichen embarque avant la nuit 1 320
réfugiés. Ce bâtiment reçoit l'ordre de rester
au mouillage pendant la nuit pour exercer la
surveillance de la vallée et de la plage, ainsi
que celle du matériel laissé à terre pour
éviter, le lendemain, toute perte de temps.
Le Desaix et l'Amiral Charner croisent au large,
à petite vitesse, pendant la nuit et rallient le
Guichen au point du jour.
Le 13, les trois bâtiments continuent
l'évacuation par très beau temps, faible ressac;
le Guichen est d'abord complété et fait route, à
16 nœuds, sur Port-Saïd avec 1 941 Arméniens.
Le temps restant beau, le commandant du Desaix
décide de procéder immédiatement à l'évacuation
des combattants qui, en principe, ne devait
avoir lieu que le lendemain.
Les chefs arméniens prévenus font replier leurs
petits postes de crête en crête; tout le
personnel réuni sur la plage, avant la fin de la
matinée, est embarqué en partie sur l'Amiral
Charner (347), en
partie sur le Desaix (303).
Pendant cette dernière partie de l'évacuation,
le Desaix au nord, et le Charner au sud,
surveillent les crêtes et la plage, prêts à
faire feu sur tout détachement ennemi qui
tenterait de gêner
l'embarquement.
L'Amiral Charner rallie Port-Saïd dès la fin de
l'opération, tandis que le Desaix continue sa
croisière devant Ras el-Mina où ces réfugiés et
les blessés qu'il a recueillis sont transbordés
le 14 sur le
porte-avions Anne mis à la disposition de la 3e
escadre par l'autorité britannique.
En résumé, l'opération de l'évacuation d'une
population arménienne de plus de 4 000
personnes, composée en grande majorité de
femmes, d'enfants et de vieillards, a pu être
effectuée malgré les difficultés dues au temps
et au personnel spécial à embarquer, dans la
journée du dimanche 12 et dans la matinée du
lundi 13. Ce succès est dû à l'efficacité des
tirs de bombardement exécutés par le Desaix et
le Guichen qui ont fortement agi sur le moral
des troupes turques, à l'entrain et au zèle
remarquable de tout le personnel, aux
dispositions judicieuses prises par le
commandant du Desaix qui a montré les plus
belles qualités de décision et de vigueur dans
l'accomplissement de la lourde tâche qui lui
incombait.
Je transmettrai ultérieurement, au vice-amiral
commandant en chef, les demandes de récompenses
que l'opération me paraît devoir comporter en
faveur du personnel de tout grade.
La portée de ce grave incident dépassera de
beaucoup celle de la simple évacuation des
populations du Djebel Moussa.
La solution imposée ainsi par les circonstances
est un expédient humanitaire et partiel ; le
problème politique reste tout entier à résoudre.
C'est, en effet, la question de Syrie qui est en
jeu ; elle déborde le cadre de ce rapport et
justifie une étude complète qui fait l'objet
d'une lettre spéciale
|
|
9 septembre
Embarcation du Desaix se rendant à la plage
des
Arméniens sous les ordres de Mr Michaud et
Mr. Le Mée |
9 septembre
Arméniens nous attendant sur la plage de Ras
el Mina
10 septembre
Le Chef Arménien Pierre Dilmakian sur le
Desaix
12 septembre
Embarquement des réfugiés |
12 septembre
Le radeau du Guilchen
La vallée des Arméniens
La Foudre fait route
pour Port Saïd avec 1000 réfugiés
13 septembre
On va prendre la dernière patrouille |
Sauvetage des Arméniens – Djebel Moussa /
Moussa Dagh, Plage de Ras el Mina –9 au 13
septembre 1915
Photos de Jean Le Mée, Enseigne de Vaisseau,
compagnie de débarquement du cuirassé Desaix |
13 septembre
Arrivée des réfugiés
Arméniens
Groupes et Chefs Arméniens à bord du Desaix |
14 septembre
Immersion d’un
Arménien mort de ses blessures |
11 novembre
Port Saïd – Le
camp des réfugiés Arméniens |
|
|
ARCHIMEDE
Sous-marin
d’escadre (1910 –
1919)
-Plan
Julien Hutter ( Concours de 1906): Sous-marin à double
coque
-Chantier Cherbourg
-Tonnage surface 598, Tonnage Plongée 810
-Longueur 60 m 54 Largeur 5 m 63, Tirant d'eau 4 m 17-
-Vitesse en surface 15,20 nœuds vitesse en plongée 10
nœuds
-Immersion maximum de sécurité 40 mètres
-Effectif Mlot-QM-OM + Officiers 26 + 3
-Armement
-1 tube étrave de 450 mm - 4 tubes de 450 mm sous
passerelle -
2 tubes Drzewiecki de 450 mm - 1 canon 47mm à l’arrière
(1915/1918)
-Motorisation
-2 chaudières à pétrole à triple expansion logées dans
des vases
clos Guyot Du Temple avec 2 machines à vapeur de 460 cv.
-2 moteurs électriques de 615 cv.
-Propulsion 2 hélices
-Date
de mise sur cale: 02.01.1908 - Date de lancement:
03.08.1909-Date de mise en service: 22.09.1910 - Date de
retrait: 12.11.1919 - Vendu 47000 francs à Toulon :
04.10.1921
-Premier sous-marin a être lancé en public.
-Lors des essais, détiendra jusqu'en 1911 le record du
monde de vitesse avec des pointes de 15 nœuds en surface
et de 11 en plongée. |
Journal L'OUEST-ÉCLAIR du 21.02.1940
(Signé: KERNEVEZ): Il y a 23 ans, en janvier 1917, le
commandant du PATY DU CLAM, du sous-marin français «
Archimède », était enlevé par une lame dans
l'Adriatique.
Le dimanche 14 Janvier 1917, le sous-marin l' «
'Archimède », commandé par un officier de très grande
valeur, le lieutenant de vaisseau DU PATY DU CLAM se
trouvait vers 8 h 30 du matin en plongée dans la zone de
surveillance à environ 1.000 mètres dans le sud du Cap
Planka, sur la côte de Dalmatie, lorsqu'un transport
autrichien, le « Zagreb » faisant route de Scbentco vers
Spalato, apparut dans le périscope du sous-marin qui
naviguait doucement en plongée. Augmentant de vitesse,
l'Archimède se mit en bonne position et lança sa
torpille atteignant en plein milieu le « Zagreb » qui
s'enfonça rapidement, tandis que notre sous-marin
plongeant plus profondément, s'éloignait, car des avions
autrichiens faisaient route vers le lieu où avait
disparu le « Zagreb ». L'un d'eux aperçut d'ailleurs
l'Archimède et lui lança des bombes sans résultat, un
peu avant midi.
Dans l'après-midi, le temps était devenu très mauvais et
la plongée à 12 mètres pour l'utilisation du périscope
était difficile à tenir. A la nuit, l'«Archimède»
remonta en surface. Le commandant DU PATY DE CLAM avait
pris le quart à 8 heures; la brisa forçait toujours, la
mer devenait très grosse, les lames atteignant 4 mètres
de hauteur. Vers 10 h. 40 une lame balayant la
passerelle où se tenait le commandant, le fit tomber sur
les ballasts. Une deuxième lame, presque immédiatement
le jetait a la mer. Des deux hommes de veille près de
lui, l'un essayait de rattraper le commandant mais
durement frappé par la deuxième lame, Il ne pouvait plus
s'accrocher aux rambardes de la passerelle où il restait
suspendu. L'autre n'avait même pas le temps
d'intervenir. DU PATY qui en raison du mauvais temps
avait ses bottes, un ciré complet, suroît, avait dû
couler de suite.
L'enseigne de vaisseau AUBIN, prévenu, montait aussitôt
sur la passerelle où le rejoignit l'autre enseigne LE
MÉE. Ils continuèrent la manœuvre de recherche commencée
par le second maître électricien de quart, mais par
cette nuit noire, avec cette grosse mer, ce fut en vain
et au bout d'une heure de recherches Infructueuses, on
continua la route sur Barletta, le port italien le plus
proche, d'où l'officier en second qui avait pris le
commandement, téléphona au commandant supérieur des
forces françaises détachées à Brindisi, le capitaine de
vaisseau FROCHOT. Le 15 au matin, l'«Archimède»,
pavillon en berne, défilait devant les bâtiments alliés.
Italiens, anglais et français, mouillés à Brindisi, en
deuil du brillant officier qu'était DU PATY DU CLAM qui
sans ce pénible accident y serait rentré en
triomphateur. |
.Cdt
en 1909: LV FROCHAUT Joseph Emmanuel Henri
- Officiers: EV1 DUPLAT Emile - EV MOREAU Jacques
24.1.1909 à 13H15, quittant son coffre dans l’avant-port
de Cherbourg, il heurte lors de sa manœuvre le croiseur
CASSARD. Aucun dégât sur le sous-marin. Une petite
brèche sur le bâtiment de surface. Pas de victime.
Cdt
du 01.10.1913 au 08.10.1916: LV DEVILLE Emile
-
Officiers: EV1 AUBIN G.O.M. - EV1 DENIS de RIVOYRE C.L.
-
Equipage: SM élec LAOT Alexis
- Détaché
à la 8ème flotte anglaise de Harwich, lors d’un raid
allemand contre Scarborough, il est en patrouille du 15
au 20.12.1914 dans le secteur de blocus de la baie d’Héligoland.
- En vue
de l’île, le 18.12.1914, suite à un violent coup de
vent, le choc d’une lame fausse la cheminée qu’il ne
peut plus rentrer (sous-marin à vapeur). Dans
l’impossibilité de plonger, il lui faut
regagner
la France pour une modification et réparation après
avoir rallier la côte anglaise.
-29.12.1915 ,en Adriatique, poursuivi par des
torpilleurs autrichiens après avoir coulé un transport
de matériel devant Zinona, a maintenu son bâtiment en
plongée profonde pendant 3
heures,
malgré la situation critique dans laquelle l’avait placé
une voie d’eau provoqué par l’explosion d’une bombe.
Les
marins suivants seront cités à l'ordre de l'Armée de Mer
en février 1916:
-"DEVILLE
E.F lieutenant de vaisseau commandant l' Archimède.
Officier de la plus haute valeur morale, a montré les
plus brillantes qualités de commandement dans les
missions qui lui ont été confiées. Le 29 décembre 1915,
a été poursuivi par des torpilleurs ennemis, après avoir
coulé un transport de matériel, a maintenu son bâtiment
en plongée profonde pendant trois heures, malgré la
situation critique dans laquelle l'avait placé une voie
d'eau provoquée par l'explosion d'une bombe"
-"AUBIN G.O.M. Enseigne de vaisseau
sur l' Archimède. A toujours fait preuve des plus
grandes qualités techniques et de la plus haute valeur
morale, en particulier lorsque l'ARCHIMEDE s'est trouvé
dans une position critique, pendant la poursuite et les
attaques qu'il a subies après avoir coulé un transport
de matériel, le 29 décembre 1915."
-"DENIS
de RIVOYRE C.L Enseigne de vaisseau
sur l'
Archimède. A toujours fait preuve des plus grandes
qualités techniques et de la plus haute valeur morale,
en particulier lorsque l'ARCHIMEDE s'est trouvé dans une
position critique, pendant la poursuite et les attaques
qu'il a subies après avoir coulé un transport de
matériel, le 29 décembre 1915."
-"LAOT
Alexis, Second-maître électricien
sur l'
Archimède. N'a cessé d'être un remarquable exemple de
valeur militaire ; s'est fait particulièrement remarquer
par son sang-froid et ses qualités techniques en
réparant les avaries qui se succédaient lorsque
l'ARCHIMEDE, en plongée profonde, a été soumis aux
attaques des torpilleurs ennemis qui le poursuivaient
après qu'il eût coulé un transport de matériel."
-26.02.1916, en avarie de pompe alimentaire aux Tremeti,
le coffre d’amarrage étant légèrement déplacé, talonne
et se déséchoue sans avaries sérieuses. -09.05.1916 :
torpille le vapeur Dubrovnik entre Gomina et Lesina
.Cdt
du 01.10.1916 au 14.01.1917: LV Mercier du Paty de Clam
(Elysée, Marie, Michel)
-Officiers:
EV1 Aubin GOM (promotion EN 1907), Jean Le Mée EV1,
Officier de Quart (promotion EN 1910), 2ème
escadrille de sous-marins de l’Armée Navale (du
01.10.1916 au 25.04.1917)
-Equipage:
26 Mlot-QM-OM
14.01.1917 :
L’Archimède
torpille le vapeur autrichien Zagreb devant Zinona à 300
m du cap Planka. Vers 22h30, par une nuit très noire et
une houle importante, au cours d’une remontée en surface
pour
recharger
les batteries, renouveler l’air du sous-marin, et
trouver l’abri du Gargano, le Commandant (LV Paty de
Clam) est emporté par une lame et disparaît.
D’après le
témoignage de Léon Moron (Capitaine de Vaisseau en
retraite) que j’ai rencontré personnellement avec mes
parents et Laurent en 1957 à Siorac en Périgord où il
s’était retiré à la
fin de la 2ème guerre mondiale, George Aubin
(EV1 et Second) et Jean Le Mée (EV1) ont réussi à finir
la mission et à ramener tout l’équipage au port de
Brindisi, où ils retrouvèrent Léon Moron,
lui aussi
affecté aux sous-marins de l’Adriatique. George Aubin
fut nommé ensuite Commandant de l’Archimède avec le
grade de LV. Il sera Chevalier de la Légion d’Honneur en
1920.
Jean Le Mée
fut promu Commandant en Second du Coulomb, Sous-marin de
Haute Mer. Il reçut la distinction de « Chevalier de
l’Ordre de la Couronne d’Italie » (à 26 ans), avant
d’obtenir en
1923 celle
de « Chevalier de la Légion d’Honneur » (à 29 ans).
Citations
à l'ordre de l'Armée de Mer:
-Janvier
1917: Citation de Mercier Pathy de Clam:
"Mercier du Paty de Clam (Elysée, Marie, Michel),
Lieutenant de Vaisseau, commandant l'Archimède, Officier
de la plus haute valeur ; s'est fait remarquer par son
audace et son initiative au cours d'opérations
périlleuses sur les deux sous-marins qu'il a commandés
depuis le début de la guerre. Enlevé par la mer sur le
pont de l'Archimède".
-Janvier 1917: Citation de l’Archimède:
pour les faits de guerre du 08 Octobre 1916 au 14
Janvier 1917
-Janvier 1919: Citation Collective: "La
Division des Flottilles de l'Adriatique: pendant plus de
trois ans, dans le voisinage de l'ennemi, toujours en
alerte, toujours prête, a conservé jusqu'au dernier jour
son ardeur et son esprit d'offensive, malgré des pertes
s'élevant au quart de son effectif de sous-marins. S'est
particulièrement distinguée dans les opérations qui ont
abouti au sauvetage de l'Armée serbe en 1916 |
Coulomb
Sous-marin de Haute Mer classe Brumaire
(16 sous-marins construits entre 1916 et 1913
–
Période de service 1912 à 1930 3 sous-marins
perdus)
Caractéristiques techniques |
|
Longueur
Maître-bau
Tirant d'eau
Coque
Déplacement
Propulsion
Vitesse |
52,15 m
5,41 m
3,10 m (en surface)
type Pluviôse
398 tonnes en surface
551 tonnes en plongée
2 moteurs diesel 725 ch
2 moteurs électriques 330 ch
13 nœuds en surface
8,80 nœuds en plongée |
Caractéristiques militaires
Armement étrave: 1 tube à torpilles
de 450 mm arrière: 6 tubes à torpilles de 450 mm
Équipage 25 (1 LV, 1 EV, 23 QM...)
Histoire
Constructeurs Chantiers de Cherbourg
Commande 1909
28/10/1912 Armé
1912-1914 Affecté aux sous-marins de
Toulon
14/02/1915 Remorqué par Le Laborieux de
Malte pour les Dardanelles
13/03/1915 A l’entrée du détroit,
accroche une mine qui rague la coque sans
exploser - belle frayeur
26/04/1917
– 18/03/1918
Jean Le Mée Commandant en Second du Coulomb
1ère
escadrille de sous-marins à Brindisi
Patrouilles en Adriatique
Croix de Chevalier de l’Ordre de la Couronne
d’Italie
08/02/1919 Désarmé |
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Guerre
Sous-marine en 1914/1918
Martin
Motte est maître de conférences en histoire
contemporaine à l’université de Paris-Sorbonne, détaché
à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan et
professeur à l’Ecole de guerre et au Centre d’études
stratégiques de la marine (CESM).
Quelles sont les principales formes que
revêt la guerre navale au cours de la première guerre
mondiale ?
Pour la
marine britannique, alors la plus puissante du monde, la
mission principale est le blocus des côtes adverses. Il
s’agit d’affaiblir la puissance continentale ennemie en
la privant d’approvisionnements extérieurs pour miner
tout à la fois son effort de guerre, son économie et le
moral de la population civile. Ce sera d’ailleurs le
résultat obtenu en 1918.
La
flotte britannique bloque la mer du Nord entre l’Ecosse
et la Norvège, la flotte française, le canal d’Otrante
et l’accès de l’Autriche-Hongrie à la Méditerranée. Mais
pour la marine française, la priorité est de protéger
les lignes maritimes, qui acheminent ressources et
troupes depuis l’Afrique du Nord et les colonies. La
supériorité maritime des Alliés leur permet aussi de
mener des opérations amphibies sur toutes les côtes du
globe, une option de plus en plus privilégiée à mesure
que le front se fige sur les principaux théâtres
d’opérations terrestres. Les Anglais débarquent dès 1914
à Bassorah pour s’assurer du contrôle des puits de
pétrole de Mésopotamie, indispensables aux chaudières de
leurs navires.
Ce sont
également des débarquements qui permettent de s’emparer
des colonies allemandes en Afrique et dans le Pacifique.
Le débarquement aux Dardanelles en avril 1915, mais
surtout celui à Salonique à partir d’octobre 1915,
permettent d’ouvrir un nouveau front dans les Balkans,
sur lequel les victoires décisives de 1918 feront
capituler la Bulgarie, puis l’Empire ottoman, puis
l’Autriche-Hongrie. L’Allemagne, isolée, ne pouvait dès
lors que capituler à son tour.
Quelle est la riposte navale allemande
face à cette supériorité alliée ?
La
flotte de haute mer allemande a été construite pour
dissuader l’Angleterre d’entrer en guerre. Dans la
mesure où cet objectif n’est pas atteint, elle ne sert
plus à grand-chose! L’amirauté décide alors de grignoter
la flotte britannique en utilisant les sous-marins et en
provoquant des combats partiels, et de ne lancer son
escadre cuirassée pour briser le blocus que si
l’équilibre est ainsi rétabli. D’où, par exemple, le
bombardement des côtes anglaises, destiné à attirer les
navires britanniques à portée des torpilleurs et des
champs de mines proches des côtes allemandes. Ce type de
provocations conduira aux seuls grands affrontements
entre escadres, à Héligoland, au Dogger Bank et au
Jutland, mais sans résultat décisif.
Les
Allemands ont également préparé la guerre de course
contre les navires de commerce des mois à l’avance : ils
ont dispersé des navires ravitailleurs dans les ports
neutres et dans leurs colonies, prévoyant un planning de
rendez--vous avec les navires corsaires. Dans le
Pacifique, l’océan Indien, l’Atlantique Sud, ceux-ci
sèment la terreur sur les routes maritimes, jusqu’à ce
que les Britanniques parviennent à les rattraper et à
les couler. Fin 1914, c’est chose faite. Cette guerre de
course est alors remplacée par la guerre sous-marine aux
abords des côtes françaises et anglaises, y compris
contre les neutres. La mission première des sous-marins
était, on l’a dit, de torpiller les navires de guerre
adverses, les navires de commerce n’étant ciblés que «
par défaut ». L’honneur interdit même de s’y attaquer.
Mais de
fait, les sous-marins sont trop lents, sauf exceptions,
pour s’attaquer à la flotte de guerre. Très vite, les
sous-marins allemands s’en prennent donc aux navires de
commerce. Au début, ils les arraisonnent en surface et
les coulent au canon, laissant le temps aux équipages
d’évacuer le navire. Mais cette méthode s’avère
dangereuse: les navires ciblés signalent par radio la
position du sous-marin à la marine de guerre, qui envoie
à la rescousse un bateau ou un hydravion. A cette
époque, les sous-marins sont motorisés au diesel ; faute
de pouvoir évacuer les gaz, ils naviguent la plupart du
temps en surface; en plongée, ils passent sur batteries
électriques, mais il faut régulièrement faire surface
pour les recharger au moyen du moteur diesel ! De plus,
les Anglais multiplient les Q-ships, ou bateaux-pièges,
des navires de guerre camouflés en navires de commerce
qui coulent les sous-marins dès que ceux-ci font surface
pour les arraisonner.
Dès la
fin de 1914, les U-Boots changent de tactique: le
torpillage en plongée évite toute riposte, mais ne
laisse aucune chance aux équipages. Cette guerre « sale
», qui attire les foudres de l’opinion alliée, mais
aussi un certain malaise dans la flotte allemande
(avant-guerre, des officiers qui la préconisaient ont
été sanctionnés par leur hiérarchie...), est d’abord
menée à basse intensité. Le torpillage du Lusitania, en
mai 1915, suspend même ces opérations dans l’Atlantique
Nord pour ménager l’opinion américaine; elle se poursuit
cependant là où les navires américains sont moins
présents. Mais la radicalisation du conflit sur terre et
l’échec de la guerre d’escadres, après le résultat
indécis au Jutland (31 mai-1er juin), poussent
l’amirauté allemande à faire de la guerre sous-marine un
choix stratégique : elle lance officiellement la «
guerre sous-marine illimitée » le 1er janvier 1917, avec
des sous-marins plus gros, capables d’atteindre les
côtes américaines... Le pic de tonnage coulé est atteint
en avril 1917 : la France n’a, à cette date, que quinze
jours de consommation de charbon en stock!
Mais n’est-ce pas pousser les Etats-Unis
dans le camp allié ?
En
effet. En 1914, les Etats-Unis protestent plus contre le
blocus britannique, qui entrave « la liberté des mers »,
que contre les attaques de sous-marins allemands. Mais
les torpillages font basculer l’opinion. L’annonce de la
guerre sous-marine illimitée donne à Washington le
prétexte pour entrer dans le conflit. En réalité, le
blocus ayant interrompu tout commerce avec l’Allemagne,
les exportations américaines, et les crédits associés,
vont aux Alliés : il n’est dès lors plus question de
laisser les Allemands gagner si l’on veut voir ces
crédits remboursés...
L’état-major allemand, de son côté, calcule qu’il faudra
un an à l’ armée américaine pour être prête au combat en
Europe. Il suffit donc de battre les Alliés avant, ce
qui est possible après l’effondrement russe. Mais la
marine américaine fournit aussitôt aux convois les
escortes contre les sous-marins; les chantiers navals
construisent plus de navires que les U-Boots n’en
coulent les pays neutres, qui hésitaient jusque-là à
ravitailler les Alliés en raison de la menace
sous-marine, y sont contraints sous la pression de
Washington.
Enfin,
les Alliés ont amélioré la lutte anti-sous-marine:
l’hydrophone (détection acoustique) en 1915, les
grenades anti-sous-marines en 1916, l’hydravion de
détection en 1916 et surtout l’organisation en convois.
Jusqu’en 1916, les Alliés disposent des patrouilles de
navires légers le long des routes maritimes, mais les
U-Boots attaquent là où ils ne sont pas présents. De
plus, les armateurs refusent de circuler en convois,
parce qu’ils veulent livrer plus vite que leurs
concurrents et qu’ils craignent les collisions, non
couvertes par les assureurs! Enfin, les officiers de
marine estiment indigne le travail de « chien de garde »
des navires de commerce.
Mais en
janvier 1917, les Français imposent l’escorte permanente
et le regroupement en convois des charbonniers qui vont
d’Angleterre en France (les Allemands occupent
l’essentiel des mines de charbon françaises du
nord-est). Le succès est tel que l’amirauté britannique
se résout enfin, à l’été 1917, à imposer cette formule à
tout le trafic commercial. En 1918, les 145 U-Boots en
service sont pourchassés par 4 000 navires et 3 500
avions: le tonnage coulé est inférieur de 80 % à celui
de 1917. Les Allemands ont perdu aussi la guerre
sous-marine.
Quel est l’impact de ces évolutions sur
la stratégie navale ?
Les
stratèges maritimes, avant 1914, sont très influencés
par la doctrine de l’amiral américain Alfred Thayer
Mahan, auteur de Influence de la puissance maritime dans
l’histoire (1890), qui prône la recherche de la «
bataille décisive » entre escadres de cuirassés, le
gagnant obtenant la maîtrise des mers. Equipages et
officiers sont formés dans cette optique, qui a légitimé
les immenses programmes d’armement naval exigés par les
amirautés de toutes les grandes puissances. Pourtant,
c’est bien la paralysie du commerce maritime par le
blocus côté allié, par la guerre de course puis les
sous-marins côté allemand, qui est l’objectif
stratégique. La « bataille décisive » n’aura jamais lieu
; même lorsque les escadres s’affrontent enfin, comme au
Jutland, le résultat reste indécis.
Autre
enseignement, le débarquement allié aux Dardanelles,
mené comme une expédition coloniale, échoue face à une
armée turque qui dispose d’armes modernes acheminées par
le train depuis l’Allemagne. La mobilité continentale,
grâce au chemin de fer qui permet de concentrer
rapidement des moyens sur un point menacé, l’emporte sur
la mobilité maritime. Du moins jusqu’à ce que l’aviation
et les porte-avions, durant la seconde guerre mondiale,
permettent de détruire les réseaux de communication et
les renforts adverses.
Mais la
grande innovation doctrinale et technique de la première
guerre mondiale reste la guerre sous-marine contre le
commerce adverse, et la riposte que permettent
l’amélioration de la détection et la coordination entre
aviation et navires d’escorte. Ce jeu du chat et de la
souris ne fera par la suite que se perfectionner, chacun
obtenant tour à tour et pour un moment un avantage à la
faveur d’une percée technologique.
Les leçons sont donc tirées ?
Oui et
non. Entre les tenants de la bataille décisive et ceux
de la guerre au commerce, la synthèse a été faite par
Julian Corbett (1854-1922), un avocat et historien
britannique devenu conseiller de l’amirauté dès avant la
guerre : il faut pouvoir faire les deux. Les
Britanniques restent cependant accrochés à la doctrine
de Mahan puisqu’ils tentent, sans succès, de faire
déclarer la guerre sous-marine hors-la-loi aux traités
de Versailles (1919) et de Washington (1922). Ce dernier
fixe un nombre maximal de cuirassés autorisés pour
chaque puissance navale, ce qui pousse à la construction
d’unités plus légères.
Mais dès
l’annonce par les Allemands, en 1929 (donc avant
l’arrivée d’Hitler au pouvoir), d’un programme de «
cuirassés de poche », la course aux navires d’escadre
est relancée, et la doctrine mahanienne avec elle.
Personne n’a encore compris les possibilités offertes
par les porte-avions, alors considérés comme un simple
moyen de détection sur les grands espaces maritimes.
Pourtant, le premier raid aéronaval de l’histoire a été
mené en septembre 1914 contre la colonie allemande de
Tsingtao, en Chine, par... les Japonais.
Référence
http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/07/30/14-18-la-grande-innovation-c-est-la-guerre-sous-marine_4455797_3246.html#PBtmIwuVY5hcGwEw.99
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MARCEAU
Cuirassé à barbette et tourelle
Chantier :
Forges & Chantiers de la Méditerranée, La Seyne
sur Mer
Commencé : 28.11.1882
Mis à flot : 24.05.1887
Terminé : 1891
En service : 18.04.1891
Retiré : 01.10.1920
Caractéristiques : 10 850 t ; 12 000 cv ; 101,6
x 20,2 x 8,3 m ; plans Huin ; en fer ; 8
chaudières ; 2 hélices ;
16 nds ; 643 h.
Armement : IV de 340 + XVII de 138 + VII de 65 +
XVIII de 47 + VI de 37.
Histoire :
27.12.1880 : date du marché
28.02.1888-21.11.1889 : montage de la machine à
bord
18.04.1891 : armé pour essais
22.07.1891 : voyage officiel à Cronstadt,
division du CA Gervais
01.1898 : escadre de la Méditerranée
10.1898 : division d’instruction
30.08.1900 : début de transformation à La Seyne
30.05.1902 : début d’essais après refonte
02.1905 : en réserve à Toulon. CV Dutheil de la
Rochère, commandant
1906 : école des apprentis torpilleurs aux
Salins
1914 : navire-atelier des torpilleurs et
sous-marins, Malte, Corfou
01.1918 : bâtiment de commandement de la 1ère
escadrille de sous-marins à Brindisi
18/03/1918 – 05/07/1918
Jean Le Mée: Ecole d’Application de Navigation
Submersible sur le Marceau
12.1918 : Bizerte
30.09.1921 : condamné et vendu à la démolition
17.01.1922 : appareille de Bizerte pour Toulon
où il doit être démoli, en remorque du
Marius Chambon
18.01.1922 : la remorque lâche dans une tempête
et la coque s’échoue le lendemain dans l’est de
Bizerte. Il
est démoli sur place
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PATRIE
Cuirassé à tourelles, type République
(1906-1936)
Chantier :
Forges & Chantiers de la
Méditerranée, La Seyne sur Mer
Commencé : 01.04.1902
Mis à flot : 17.12.1903
Terminé : 1907
En service : 02.1907
Retiré : 07.11.1936
Caractéristiques : 14 900 t ; 18 000 cv ; 133,8
x 24,3 x 8,4 m ; 3 machines ; 24 chaudières
Niclausse ; 3
hélices ; 19 nds ; 800 h.
Armement : IV de 305 + XVII de 164 + 4 TLT.
Histoire :
01.08.1911 : affecté à la
1ère division de la 2ème escadre
01.1912 : modifications des soutes à munitions
16.08.1914 : participe à la destruction du
croiseur autrichien Zenta
18.05.1915 : 1ère division de la 4ème escadre
1916 : affaire de Grèce
16.05.1916 : 2ème division de la 3ème escadre
07.08.1917 : affecté à la division d’Orient
17.05.1918 : détaché de la division d’Orient à
Moudros
15.09.1919 : affecté aux écoles à Toulon
14.05.1919
Jean Le Mée Lieutenant de Vaisseau
01/10/1919:
Jean Le Mée Officier Elève Torpilleur sur Patrie
(avec Léon Moron)
1920-1927 : école des mécaniciens et torpilleurs
1928 : rayé
07.11.1936 : condamné, vendu pour démolition à
Toulon.
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JEAN LE MÉE
ACTES ET CERTIFICATS ADMINISTRATIFS
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